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pour le voir, lui s'étant presse pour les joindre, commença par faire de grands amitiez à M. de With, en m'en allant je le re-gardai fixément, les autres ne pouvant me voir, il me dit après qu'il avoit bien apperçu ce que j'avois voulu lui faire entendre. Nous convinmes qu'il falloit qu'il en ufât ainfi, jufqu'à ce qu'il vînt un temps qui lui don nât lieu d'en ufer autrement je lui dis en riant qu'il en fça voit beaucoup pour fon âge. Voulant continuer mon che min pour Paris, je m'en allai à Bruxelles, où je reçus beau coup d'amitié & d'honnêteté de M. de Caftel Rodrigues, qui fe fouvenant. de n'avoir pas voulu me croire, quand je lui avois dit, qu'on auroit bien-tôt la guerre, ce que d'autres gens lui avoient auffi confirmé, commença par wouloir fe juftifier là-deffus, en

me difant que lorsque j'étois parti de Bruxelles, il ne doutoit point de la guerre, quoiqu'il fit femblant du contraire, parce que n'ayant point d'argentà don -ner à ceux qui lui en demandoient fous ce prétexte, les uns pour réparer leurs places, qui en effet étoient dans un grand défordre, les autres pour acheter des munitions, dont prefque tous Jes Gouverneurs manquoient. Que n'ayant ni munition ni ar gent & ne voulant pas faire voir fon impuiflance, il avoit pris le parti de leur dire qu'ils demeu raflent en repos & qu'il n'y auroit point de guerre, je convins qu'en ce cas il ne pouvoit mieux faire, qu'en foutenant, qu'il ne la croyoit point..

: Tous mes, amis de Bruxelles. me témoignoient beaucoup de joye de me revoir, mais comme je n'y voulois pas féjourner,,

leur dis, que j'allois faire un tour à Cambrai, où j'avois donné rendez-vous à quelques-uns de mes amis, qu'après cela je reviendrois les voir, afin qu'on ne pût mander à Paris, que j'é tois parti pour y aller. J'étois af fez embarraffe de la maniere dont je devois y arriver, chacun pour lors craignant fort de fairequelque chofe dont il pût être repris. Enfin étant arrivé à Cambrai, je priai M. de Chauveau de s'en aller devant à Chantilly, & de prier M. le Prince de me faire trouver un homme de fes livrées le mardy à la brune fur le Pont de Creil, pour me mener au lieu qu'il auroit deftiné pour me loger fecretement, ayant jugé d'en ufer ainfi, de crainte que fi j'avois demandé permiffion, cela n'eût davanta ge embarraffé M. le Prince. Je trouvai l'homme de livrée

fur le Pont de Creil, comme je l'avois defiré, il me mena avec mon feul Valet - de - Chambre mettre pied à terre chez le freur de la Rue Capitaine des Chasses de Chantilly, ayant laiffé mon Carroffe & mes autres Domeftiques à Cambrai. Le fieur de la Rüe étant allé dire à M. le Prince, que je venois d'arriver, il me témoigna que S. A. avoit une grande envie de m'entretenir & qu'il avoit ordre de me mener chez elle après minuit afin que perfonne ne pût s'en appercevoir, en attendant il me fit grande chere & auffi-tôt que minuit fut forné, il me condui fit par les Jardins à l'appartement de M. le Prince, qui me retint auprès de lui pendant deux heures & demi, m'ayant témoigné la joye qu'il avoit de me voir & l'envie de me fervir. Nous entrames en matiere, &

après avoir réfolu qu'il irot trouver Monfieur Colbert pour tâcher d'obtenir, que du moins il voulût m'entendre, il me fit une infinité de queftions fur les remarques que j'avois fait dans mes voyages, mais entr'autres quelle opinion j'avois de M. le Prince d'Orange, qui n'avoit que dix-huit ans, je lui en dis tout le bien que j'en avois connû, & lui contai le trait de politique que je lui avois vû faire dans fa galerie, au fujet de la vifite de M. de With. Monfieur le Prince ayant obtenu avec af fez de peine de M. Colbert qu'il me verroit, à condition de m'en retourner auffi-tôt, fi je ne voulois pas faire ce qu'il fouhaitoit, eut la bonté de me le faire fçavoir & je me rendis auprès de S. A. pour fçavoir comment la chofe s'étoit paffée. J'appris que Monfieur Colbert ne s'étoit ren

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