페이지 이미지
PDF
ePub

du qu'aux très-inftantes prieres de S. A. & qu'elle étoit obligée de me dire, qu'il lui avoit parû que ce Ministre n'avoit aucune bonne-volonté pour moi, ni envie de me faire plaifir.

Le lendemain je me rendis à l'heure qui m'étoit indiquée dans une maifon rue Vivienne, appartenante à M. Colbert, laquelle répondoit à la galerie, je le vis venir avec une mine grave & férieufe, qui auroit peutêtre déconcerté un autre, je lui fis ma révérence avec un vifage affez ouvert, auffi-tôt il me dit que j'avois obligation à M. le Prince d'avoir obtenû la permiffion de venir à Paris, & que j'euffes à voir ce que j'avois à luí propofer. Je commençai par le faire fouvenir, qu'en partant de la Cour, je lui avois donné cent mille livres, dont il m'avoit affigné le payement fur la Recet

Tom. II.

E

te Générale des Finances de Guyenne, mais qu'auffi-tôt j'a vois eu les mains fermées par la fuppreffion des Commiffaires des Tailles. Que j'avois donné cent mille livres à M. Coquille, qui avoit fait le Traité général pour les Généralitez de Bordeaux & Montauban, & voulant lui dire d'autres pertes que j'avois faites, il m'interrompit pour me dire qu'il falloit par deffus tout cela queje donnasse huit cent mille liv. au Roy, je lui répondis que fi je les avois je pourrois l'af furer que cela étoit venu des profits que j'avois fait au jeu, & s'étant fort accoûtumé à décider, il me déclara, que fi je ne donnois pas fix cent mille livres je n'avois qu'à m'en retourner d'où je venois, & qu'il ne me donnoit que trois jours pour lui fai re fçavoir ma réponse. Il s'en alla & j'en fis de même, peu fa

tisfait de mon entrevûe, à peine fuivant fon difcours pouvois - je trouver le tems de voir un moment chacun de mes amis. M. le Duc, aujourd'hui M. le Prin ce, voulant donner à fouper dans fa petite maison de la rue S.Thomas du Louvre à M. le Comte de S. Paul, que j'avois eu l'honneur de loger chez moi, paffant à Bruxelles, à M. le Commandeur de Souvré, M. de Lionne, & encore quelques autres Meffieurs, m'ordonna d'être de cette partie. Il y fit trouver une mu fique admirable,entr'autres Mademoiselle Hilaire & Mademoi felle Raymond. Je fus fi charmé de cet honneur & du plaifir que je fentois, que j'avouai à cette bonne compagnie,qu'il n'y avoit que l'impoffibilité qui m'empê chât de donner à M. Colbert ce qu'il me demandoit, par l'efperance que j'aurois de goûter en

core un fi grand plaifir. M.Hot. man pour lors Intendantdes Finances me fitdire, que M.Colbert lui avoit ordonné de fçavoir ma derniere réfolution, l'ayant été voir il me fit beaucoup d'amitié. Je l'avois connu fort particulieremenent dans le temps qu'il avoit été Intendant des Généralitez de Bordeaux & de Montauban, je n'avois rien oublié pour lui faire connoître par de bons effets, combien fon amitié m'étoit chere; il ne manqua pas de vouloir me donner des preuves de fa reconnoiffan

ce, en m'exhortant de contenter M. Colbert, & toutes les remontrances aboutiffoient à donner fix cent mille livres dont ceMiniftre vouloit bien fe contenter, parcequ'il avoit ordre de m'ajouter en cas de refus, qu'il falloit que je fortiffe du Royaume. Il me témoigna le chagrin qu'il

en avoit; je le priai de dire à M. Colbert que j'obéirois & que dans trois jours je ne ferois plus à Paris. En effet après avoir eu l'honneur de prendre congé de M: le Prince, qui me dit, qu'il s'en alloit à Chantilly, puifqu'il n'y avoit plus d'efperance de pouvoir rien faire pour moi. Je

les

remerciai M. le Duc de toutes marques de bonté qu'il m'avoit fait la grace de me donner, & après avoir fait mes adieux à mês amis les plus particuliers, je partis le feptieme jour, com me je l'avois promis, & m'en allai coucher à Liancourt, où M. & Madame de Liancourt s'efforcerent de me temoigner la joye qu'ils avoient de me revoir, & en même tems combien ils étoient fâchez de me voir fi preffe de partir pour quitter le Royaume. Mais comme ils m'avoient obligé de refter au

« 이전계속 »