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près d'eux pendant quelques jours, j'y reçus des nouvelles de Paris, par lefquelles j'appris que M. le Duc d'Hanovre devoit bien-tôt arriver à la Cour, pour faire la révérence au Roy & y affurer fon mariage. J'écrivis à M. le Prince à Chantilly pour fçavoir ce qui en étoit, & pour le prier de trouver bon que j'euffe l'honneur de lui communiquer une pensée qui m'étoit venue, au cas que la nouvelle fût vraye, il fe donna la peine de me la confirmer & me manda qu'il feroit bien aise de fçavoir ce que j'aurois imaginé. Je me rendis donc auprès de S. A. & lui communiquai le deffein que j'avois de faire une nouvelle tentative avec le fecours de fa protection, pour obtenir encore quelque tems, il l'approuva fort & dans le moment il écrivit à M. le Duc fon fils de

reprefenter à M. Colbert, que M. d'Hanovre devant bien-tôt arriver & que moi ayant eu l'honneur de conclure fon mariage par ordre du Roy, il estimoit qu'il feroit neceffaire que je fuffe à Paris à fon arrivée, parcequ'il pourroit y avoir encore quelques petites choses à regler,que perfonne ne pouvoit auffi-bien faire que moi, lui ajoûtant, qu'il feroit en cela un grand plaifir à M. le Prince & à lui, qui fouhaittoient entierement de voir ce mariage accompli, enfin qu'il le prioit de trouver bon qu'il en parlât au Roy dans ces termes, que ce ne feroit qu'une prolongation de mon féjour à Paris d'environ trois semaines ou un mois, M. Colbert ne voulut point refufer ce petit delai & dit à M. le Duc, qu'il étoit le maître d'en parler au Roy & même

que de fa part il y contribueroir volontiers, fe chargeant d'en parler le premier à Sa Majesté ; M. le Duc manda en reponse à M. le Prince, que je pouvois demeurer à Chantilly le tems qu'il jugeroit à propos, meme revenir à Paris en toute fûreté. Ce que je fis aprés l'arrivée de M. le Duc d'Hanovre, & ayant été faire la reverence à ce Prince, il chargea fon Miniftre de regler avec moi pour quelque argent qu'il falloit donner & des pierreries; Il s'en retourna bientôt & laiffa une procuration à M. Groot pour époufer en fon nom la Princeffe Benedicte, quelques jours après M. le Prince & M. le Duc nous firent mettre M. Groot & moi dans leurs caroffes pour aller à Anieres, où étoit Madame la Princeffe Palatine, y faire la ceremonie du mariage; pen

dant tout ceci M. le Prince & M.le Duc qui avoient aflez pris de goût pour moi& qui voyoient bien que j'avois auffi peu envie de fortir du Royaume que de donner fix cent mille livres, fouhaiterent fort de pouvoir m'attacher àleur fervice, leur maifon étant dans une extrême defor

dre, il penserent que fi j'allois en Efpagne, ayant fait des connoiffances à Bruxelles avec des perfonnes de confideration, qui étoient pour-lors à Madrid, je pourrois obtenir quelque chofe à compte des grandes prétentions de M. le Prince fur le Roy d'Espagne, M. de Lionne à qui j'avois communiqué cette penfée s'offrit volon tiers d'en faire l'ouverture au Roy, quand il feroit dans fon Confeil, ce qu'il fit, en disant, que non feulement je pourrois agir pour les affaires de M. le

Prince; mais que je pourrois auffi être utile au fervice duRoy, qui n'avoit alors perfonne à Madrid, & que Dom Juan qui étoit pour lors à Sarragoffe avoit bien envie de faire quelque remuement; M. de Turenne qui étoit alors dans le Confeil appuya ce que M.de Lionne avoit propofé, M. Colbert dit feulement en peu de paroles, que ce voyage coûteroit cinq ou fix cent mille livres au Roy, ainfi il ne fut rien refolu par le

Confeil.

Au mois de Mars mil fix cent foixante-neuf, M. le Prince & M. le Duc me firent l'honneur de me parler de l'état de leurs affaires, trouvant qu'ils auroient de la peine à foûtenir leurs dépenfes, la penfion de cette année étoit mangée par une vieille introduction faite du tems de M. le préfident

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