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Perrault, à qui on étoit convēnu de donner vingt - cinq mille livres fur les cinquante mille écus de penfion, pour faire l'avance du refte, celuici ayant remis la direction de la Maifon de M. le Prince à M. de Chanlot, qui avoit trèsbien & fidelement fervi fon Alteffe en qualité de Secretaire, mais qui étoit un fort mauvais Intendant, il convenoit ne fçavoir plus comment s'y prendre, pour foûtenir la dépenfe de cette Maison, M. le Prince M. le Duc & Madame la Princeffe Palatine refolurent enfin de faire tous leurs efforts pour obtenir que j'euffe la liberté d'entrer à leurs fervices, plufieurs amis de M. de Colbert qui fçurent ce deffein lui remontrerent fi bien qu'il ne devoit pas se charger de l'averfion de ces Princes, pour une

affaire qui ne le regardoit pas directement, qu'il fe rendit traitable à leurs Alteffes, qui lui firent entendre, qu'elles vouloient feulement me charger du foin de leurs affaires, fans lui rien demander fur ce qui me regardoit avec le Roy, ces Princes fe propoferent donc de me faire partir pour l'Espagne le plutôt qu'il leur feroit poffible, mais auparavant il étoit queftion de chercher des fonds pour faire fubfifter leur Maifon pendant mon abfence, je trouvai moyen d'emprunter avec M. le Prince quarante mille écus de Meffieurs de la Sabliere & Goifnel, ce dernier ayant déja quelques fermes de M. le Duc, je priay pour-lors M. le Prince d'avoir égard qu'en faifant très-mal les affaires de fon Alteffe, il n'avoit gueres mieux conduit les fiennes &

& n'avoit prefque point de bien, parrapport à fes dettes, qu'ainfi je la fuppliois très. humblement de vouloir bien lui donner une penfion de deux mille écus fa vie durant, j'eus beaucoup de plaifir de ce qu'el le eut la bonté de l'accorder. Je m'attachai pour-lors à faire des memoires, pour connoître la dépenfe de la Maison pour une année, ayant trouvé que les quarante mille écus empruntez, joints à pareille fomme que M. le Duc donnoit tous les ans pour fa dépenfe,celle de Madame la Ducheffe & tout leur train, avec ce qui proviendroit des autres revenus qui n'avoient pû être faifis, pourroient à peu près fuffire jufqu'à mon retour je donnai que tous tous les quinze jours on m'envoya la recette & la dépense qui fe feroit, afin que

ordre

fi je m'apercevois qu'on eût befoin d'argent je puffe en fournir fur mon credit.

M. de Lyonne, m'ayant témoigné beaucoup de joye de la maniere dont les chofes s'étoient paffées, me dit, qu'il vouloit me donner une inftruction & qu'on n'étoit point informé de l'état des affaires d'Efpagne après la Paix qui venoit de fe faire avec le Portugal, qu'il falloit tâcher à pénétrer autant que je pourrois les révenus de cette Monarchie & l'informer par un Courrier exprès de tout ce qui auroit pû venir à ma connoiffance. Je me fouviens qu'étant à Suréne, où il avoit une maifon, me promenant avec lui dans une allée fur le bord de la riviere, il me fit une infinité de questions, entr'autre fur ce qui regardoit la Hollande, & m'ayant de

mandé pourquoi les Hollandois étoient fi riches, je luis dis, que cela venoit de leur commerce & encore plus de leur économie, je lui contai que dans les bonnes maisons on n'y man, geoit prefques point de viande, ou tout au plus du bœuf seché à la cheminée ,. que l'on rapoit affez legerement pour mettre fur du beurre étendu fur du pain, que l'on appeloit tartine, & tous ne buvoient ordinairement que de la bierre, enfuite il me demanda, qu'imaginezVous qu'on pourroit faire pour ôter le commerce aux Hollandois, je luis répondis, il n'y a point d'autre moyen pour cela que de prendre la Hollande, & M. le Prince que j'ay entretenu la-deffus ne le croit pas impoffible; fi on exa mine quelles Troupes ils ont & de quelle maniere, ils les

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