quatorziéme fiécle, les actions de nos Evêques l'appelle Beatus Haymarus Martyr: & ceux qui ont eu foin de faire peindre les Images des S. Evêques d'Auxerre dans une Chapelle de la Cathedrale vers l'an 1540. n'ont pas manqué de mettre la fienne de ce nombre. Il y fut répresenté alors en chafuble rouge à l'antique, avec le titre S. Haymarus. Nous ne fçavons point le jour de fa mort ni même l'année. On ignore auffi combien il y avoit de temps que Theodran étoit fon Coadjuteur, lors qu'elle arriva. On n'a aucune preuve que fon corps ait été rapporté à Auxerre ni même quil en ait été parlé à Lifol ou dans le voisinage. Il y a cependant quelque apparence qu'on a reconnu fa Sainteté & fon Martyre dans le Diocèfe de Toul, & que c'est ce qui l'a fait prendre pour un Evêque de cette Ville, percé de lances l'an 760. Voyez ce qu'en a dit Camerarius rapporté dans Bollandus.

600 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 THEODRAN, XXXI. EV. D'AUXERRE.

T

Depuis l'an 748. jufqu'en 763.

T. 1. Maii paga

437.

Heodran qui avoit été ordonné Evêque du confen- Depuisl'an 763. tement de Hainmar, n'eft recommendable dans no- jufqu'en 771.

tre Hiftoire, que pour avoir inspiré à ce même Evêque le confeil de donner à fon Eglife & aux deux Hofpices Ecclefiaftiques de la Ville, les biens que j'ai nommés ci-dessus. Les tables Ecclefiaftiques n'ajoutent autre chofe à ce fait, finon que cet Evêque mourut le fecond jour de Decembre, & qu'il fut inhumé à S. Eufebe. Mais il y a bien des fiécles qu'on y a perdu de vûë fa fépulture.

LE VEN. MAURIN, XXXII. EV. D'AUXERRE.

Depuis l'an 772.

'Evêque Maurin qui fuccéda à Theodran, vivoit vers jufqu'en 779. ou les commencemens du regne de Charlemagne felon 800. nos Ecrivains du neuviéme fiécle. C'étoit un homme ferme, courageux, agreable, infinuant dans fes manieres & dans fa converfation, & dans lequel en même temps on remarqua beaucoup de traits de fainteté. Nos Auteurs ajoutent que par un efprit prophétique il prédit certaines chofes qui

Tome 1.

Y

Jufqu'en 779. ou

shildis.

arriverent en effet. Quoiqu'il ne fût pas des plus puiffans ou Depuis l'an 772. des plus diftingués du fiécle, cependant du côté de fa dignité Epifcopale, il fe rendit comparable aux Seigneurs les plus remarquables. Ce fut lui, qui par un effet de fon addreffe & de fa prudence finguliere obtint de Charlemagne alors Roi & depuis fait Empereur, les biens qui avoient été enlevés à fon Eglife par Charles Martel. Ayant pris In turre Brune une quantité de medailles d'or qu'on difoit avoir été trouvées à Auxerre dans la tour de Brunehauld, & les ayant attachées par pacquers à l'érole qu'il portoir au cou, il fe préfenta en cette maniere devant le Roi, & lui repréfenta la pauvreté de l'Eglife, lui déclara naïvement que d'abord la pensée lui étoit venue d'offrir chaque pacquet à l'un des grands Seigneurs de fa Cour, mais qu'enfin il avoit cru qu'il étoit plus convenable de lui offrir le tout. Le Roi lui accorda ce qu'il demandoit, & lui fit expedier une charte dans laquelle il déclaroit qu'il pouvoit rentrer dans les biens de fon Eglife, après la mort de chacun de ceux qui qui les poffédoient : & Dieu donna un fuccès fi avantageux à fon entreprise, qu'au bout de deux ans il ne reftoit plus fur terre prefqu'aucun de ceux qui avoient joui des biens Ecclefiaftiques. En ce temps là l'Abbaye des faints Martyrs Gervais & Protais, celle de S. Martin, & celle de S. Eufebe rentrerent dans leur ancienne dépendance de S. Etienne, auffi-bien qu'une trèsgrande partie des villages qui jufques-là avoient été en des mains étrangeres. Sous l'Epifcopat de cet Evêque, le premier des Comtes du pays Auxerrois nommé Ermenold bâtit dans une de fes Terres, un Monaftere sous le titre de S. Sauveur. Cet Evêque en fit la Dédicace folemnelle, & lui donna en augmentation de biens une des terres de C'eft Saints en l'Eglife de S. Etienne nominée Coucy. Mais depuis ce temps-là le même Comte Ermenold donna ce Monaftere à l'Eglife de S. Etienne, à la priere que lui en fit le même Evêque. Ce Prélat offrit auffi fur l'Autel de la grande Eglife d'Auxerre une pièce d'étoffe très-riche, ornée d'or & de pierres prérieufes. Il fit encore faire une croix d'or enrichie de diamans, fur laquelle il fit marquer fon nom. Voulant imiter fes prédéceffeurs, il donna à la même EgliLe de S. Etienne, des Terres de fon patrimoine, afin que

Puifaie.

,

jufqu'en 779. ou

800.

leur revenu servît au foulagement des pauvres. Ces biens étoient fituez au pays Tonnerrois dans un village appel-Depuis l'an 772. lé Fontenet. (a) Songeant de plus à la nourriture des so Chanoines, il deftina pour cela une petite Terre appellée Villiers proche Varzy qu'il avoit achetée d'une Dame nommée Rocle. Il mourut le fixiéme jour d'Août après vingt-huit ans d'Epifcopat, & il fut inhumé dans l'Eglife de S. Gervais, qu'il avoit rebâtie à neuf. Cette mort arriva vers l'an 799. ou 800.

Il eft un peu furprenant qu'il ne reffe aucune mémoire de ce S. Evêque dans l'Eglife où il avoit reçu la fépulture. On peut en attribuer la caufe aux differentes révolutions qui y font arrivées. Elle a été rebâtie plusieurs fois depuis ce temps-là, & le gouvernement de cette maifon a fort varié. Perfonne même n'a jamais pu fçavoir en quel endroit de l'Eglife eft fon tombeau, & l'on ne trouve aucun veftige qu'il y ait été honoré d'un culte particulier. Seroit-il probable que nos Auteurs du neuviéme fiécle peu éloignez de fon temps, lui euffent attribué la reftauration de l'Eglife de S. Gervais, en prenant le nom de S. Marin qui l'avoit bâtie fous Didier, pour le fien? L'Epitome manufcrit fur nos Evêques, qui eft de l'an 1375, l'appelle Saint après la table du livre des Evêques d'Auxerre qui exif toit alors. Le Jefuite Bonnefons lui a donné la même qualité dans fa table des Saints de France. Je ne parlerai point des autres modernes tels que du Sauffay, & l'Auteur des Litanies imprimées en 1643. Il fut peint en qualité de Saint vers l'an 1540. fur le mur de la Chapelle de la Cathedrale qu'on appelle de S. Sebaftien. Quoique fon nom foit au 6. d'Août dans le Necrologe de la Cathédrale écrit vers le commencement du onzième fiécle, il ne paroit pas que les Chanoines fiffent en ce jour-là un repas en commun, comme au jour anniverfaire de plufieurs autres Evêques. Ce Necrologe marque feulement dans les mêmes termes que nos Hiftoriens du neuviéme fiécle, la donation qu'il avoit fait pour la fubfiftance des Chanoines.

(4) Apparemment Fontenet qui eft à C'est aujourd'hui une Terre de Come une lieue de Chablies au Nord-Eft.mandeur.

ou 1647

*****

Depuis l'an 800. jufqu'en 813.

Sansovino.

Voyez ce que j'ai dit ci-deffus

pag. 11.12.

Depuis l'an 8132 jufqu'en 828.

LE B. AARON, XXXIII. EV. D'AUXERRE.

M

Aurin eut pour fucceffeur un nommé Aaron, duquel on fçait très-peu de chose. Ce Prélat fe fervit de l'occafion d'un voyage que Charlemagne fit à Rome fous Leon III. pour y aller avec lui; & ce fut dans cette conjoncture, qu'ayant réprésenté au Prince qu'il reftoit encore quelques Eglifes à reftituer à l'Evêché d'Auxerre, il obtint la reftitution de l'Abbaye de S. Marien. Quelques Italiens fe font imaginé que dans ce voyage qui fut l'an 800, l'Evêque d'Auxerre donna au Pape Leon des Reliques de S. Pelerin premier Evêque de fon fiége, & même tout le corps. Mais il n'y a gueres d'apparence que notre Evêque à la fuite de Charlemagne eut porté des Reliques à Rome, qui eft le pays dont tous les autres en ont rappor-té: & l'on fçait d'ailleurs d'où eft venuë la méprise de ces Italiens. Ce qui reste à dire fur l'article d'Aaron eft qu'il fit dresser fur l'autel de la Cathedrale un magnifi, que ciboire (a) où l'or & l'argent ne furent pas épargnés. Il mourut le treize de Février, après treize ans de Pontificat : ce qui conduit jufqu'à l'an 812. ou environ. Il fut inhumé dans l'Eglife de S. Gervais, comme fon prédéceffeur, mais on ne voit plus de marque de l'un ni de l'au tre. On croit qu'ils ont pu y être honorés comme Saints pendant que cette Eglife refta Abbatiale & même dans les temps qu'elle fut réduite en Prieuré, & que ce culte n'a ceffé que depuis qu'il n'y a plus eu de Religieux.. Aaron a le nom de Saint fous fa figure, dans la Chapelle, de la Cathedrale, où font représentés les autres Saints Evêques d'Auxerre.

LE B. ANGELELME, XXXIV. EV.D'AUXERRE.

Ngelelme qui fut fubftitué à Aaron étoit un Bavarois, A dont le pere s'appelloit Obtelme & la mere Theogarde. Il avoit été Prêtre dans le Clergé d'Auxerre, & Abbé de

(a) C'est ce qu'on appelle en quel-4, ou 6. colonnes. ques endroits un baldaquin, compofé de

la Bafilique de S. Gervais. Les circonftances de fon élection font plus détailléés que celles de fes prédéceffeurs, & peut-être fut-elle la premiere qui fut faite à Auxerre depuis le rétablissement des anciens Canons.

Après la mort d'Aaron, l'Archevêque de Sens (b) fe tranfporta à Auxerre par ordre de l'Empereur: il y affembla le Clergé & le peuple dans l'Eglife de S. Germain, & là d'un confentement unanime, Angelelme fut élu & ordonné. C'étoit un homme d'une grande candeur, & d'une charité fans exemple. Se voyant chargé du miniftere Epifcopal, il fe donna tout entier au culte du Seigneur. Il étoit affidu à la priere,pendant laquelle il verfoit fort fouvent des larmes : il pratiquoit particulierement l'aumône, & d'une maniere qui lui étoit prefque finguliere de fon temps. Il faifoit quelque fois femblant d'être malade, afin de pouvoir faire diftribuer aux pauvres ce qu'il poffédoit, fans être contredit de perfonne. Il n'épargna rien pour enrichir l'Eglife de S. Etienne. Il fit entourrer de feuilles d'argent l'autel de l'ancienne ou principale Eglife, & embellir l'autel de Notre-Dame auffi bien que celui de S. JeanBaptifte, d'une table de pareille matiere. Comme l'autel de S. Etienne étoit proprement celui de la Cathedrale, il fit fufpendre devant cet autel trois couronnes d'argent d'un poids confiderable, fit mettre autour du même autel, dix grands chandeliers de même métal, donna un très-beau calice garni de fa patene, & auquel il fit mettre fon nom. Il fit auffi placer au même lieu une très-grande croix où l'on voyoit le vifage du Sauveur représenté en or & en argent, & fit placer devant cette croix un autel orné d'une table d'argent. Il donna outre cela à la même Eglife quatre groffes cloches fort fonores. Il fit faire de plus, une châffe fort confiderable, garnie d'or & d'argent & travaillée fort délicatement, dans laquelle il renferma la chapde S. Amatre, avec plufieurs Reliques de Saints. Enfin il fit préfent de plufieurs tapifferies très-belles, pour orner le lieu où le Clergé chantoit.

pe

De fon temps l'Empereur Louis le Débonnaire fit te

(b) Je ne nomme point cet Archevêque, quoique nos Auteurs du IX. Sécle difent que ce fut Jeremie, parce

que ce Jeremie ne commença à fiéger
à Sens que l'an 818,

Depuis l'an 813. jufqu'en 828,