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raifons pour lesquelles on s'eft déterminé à donner la fépulture aux morts, adopte le fentiment de Séneque (Annaus Seneca) qui prétend que le motif de la fépulture eft de garantir les vivans d'une infection capable de Les empoisonner. J. Faës a commenté ce paffage de Séneque, & il fait connoître d'une manière démonstrative, tous les dangers que la putréfaction des fujets peut occafionner.

On lit ailleurs dans le même Ouvrage que les Anciens enterroient les morts dans leurs maifons, & que c'étoit cet ufage qui avoit donné lieu au culte des Dieux Lares & Pénates que chaque famille adoroit comme les Génies protecteurs & confervateurs de la maison. Mais les loix profcrivirent bientôt cet ufage dans la crainte que l'infection des cadavres ne donnât la mort aux vivans *.

* Ne fatore ipfa viventium corpora contacta inficerentur. Ifidor.

La Loi des douze Tables condamna

cette coutume, (ut fada ac tetra, dit Gyraldus.) Certe loi en défendant qu'on enfevelît ou qu'on brûlât aucun cadavre dans l'enceinte de Rome, ne permettoit pas que le bucher fut à moins de diftance des maifons que de foixante pieds. Cette défense étoit moins faite pour prévenir les incendies, comme on pourroit le penfer, que pour empêcher que perfonne fût incommodée de l'odeur défagréable qui venoit du bucher. On n'enterroit point dans Athènes, l'on choififfoit même pour les fépultures hors de la Ville un lieu aride & qui n'étoit pas fufceptible de culture. *

Il y a des exemples fans nombre, des foins & de l'attention particuliçre avec lefquels les anciens fur

* Ut terra, mortuorum corpora, fine detrimento vivorum, recipiat. Ex platone. V. Cicer. Lib. II, de Legib. n. 67.

veilloient à ce que les morts ne puffent porter le moindre préjudice aux vivans. Le Docteur Zuinglerus, fçavant Jurifconfulte, dans fes remarques fur le Traité de GROTIUS de jure belli & pacis, affure que la fépulture n'a pas été imaginée en faveur des morts. Que leur importe en effet d'être enterré ou de ne le pas être On les met en terre afin de n'être point incommodé de la puanteur que leurs corps exhaleroient: c'est apparemment, continue Zuinglerus, ce que Diogène le Cynique fous-entendoit, quand après avoir dit qu'il n'avoit point de Domestique, on lui demanda qui auroit foin de le porter en terre lorfqu'il feroit mort. Car ce Philofophe répondit fagement que ce feroit celui qui auroit besoin de sa maison *.

*V. Exercit Acad. de Antiq. funerum ritu A Cafp. Henr. Sellen. 1682.

Le témoignage des Philofophes & des Jurifconfultes ne peut être récufé fur un point auffi à la portée de tous les hommes fenfés, que l'eft celui que nous difcutons ici. On déférera au moins au fentiment des Médecins qui ont eu la réputation la mieux méritée je citerai d'abord le célébre Ramazzini, qui étoit Profeffeur en Médecine à Padoue. Il n'a pas oublié de parler des Foffoyeurs dans le Traité qu'il a fait fur les maladies aufquelles les Artifans font fujets par la nature de leurs profeffions. La reconnoiffance exige de nous, dit affez plaifamment ce Docteur, que la Médecine s'intérefle en leur faveur, pour la peine qu'ils prennent d'enterrer en même-tems les corps, & les fautes des Médecins. Equumque eft, ut quando mortuorum corpora, unà cum medicorum erroribus humi recondunt, Ars Medica eifdem beneficium ali

quod pro dignitate fervatá rependat. Selon notre Auteur, la vie des Foffoyeurs n'eft pas ordinairement de longue durée. Ils font fujets aux fiévres malignes, à la mort fubite, à l'hydropifie, au cathare fuffoquant,& à plufieurs autres maladies très-dangereufes. Leur visage eft habituellement blême, ils ont la paleur des morts. Ramazzini attribue cette difpofition aux vapeurs déliées qu'ils respirent en portant les corps, & en creufant les foffes; il pense que les mauvaises impres fions de ces vapeurs font portées jufques fur les efprits animaux. Il eft bien certain que le principé vital eft altéré par les vapeurs corrompues qui s'éle-. vent des cadavres : j'ai fait plufieurs fois cette obfervation fur moi-même. A la tête de la Chirurgie dans divers Hôpitaux, j'avois toujours le foin de choisir pour mon usage particulier les fujets les plus fains, & les moins

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