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difpofés à être prochainement attaqués de putréfaction. Il ne m'eft jamais arrivé de travailler trois heures confécutives fur un mort de cette nature, fans en avoir, pour ainsi dire, emprunté la phifionomie. J'ai remarqué de plus que tous ceux qui par curiofité, ou pour leur inftruction, m'avoient aidés dans mes recherches, ou avoient affifté à mes démonftrations, paliffoient de même. Quel effet ne produiroient donc point des corpufcules qui fortiroient d'un corps dont la putréfaction fe feroit emparé M. Haguenot, Docteur & Profeffeur en Médecine à Montpellier, & membre de la Société Royale des Sciences de cette Ville, dans un Mémoire lû à l'assemblée publique de cette Compagnie en 1746. prouve par des faits très notoires combien les émanations putrides font pernicieuses. » Un feul cadavre peut,

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dit-il, caufer dans les Eglifes une infection très-dangereuse: l'on fçait les perfonnes mortes d'une ma

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» ladie maligne deviennent bientôt

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après livides, qu'elles répandent » une puanteur horrible dans les maifons, que malgré la coutume de les » y expofer pendant vingt-quatre heures, l'on eft fouvent forcé d'accélérer l'inhumation, & que ceux

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qui portent les cercueils ou les » biéres lors des funérailles, ont be » foin de fentir à tout moment des » odeurs fortes, pour être en état de » foutenir la puanteur prefque infup portable des cadavres.... Je fçai qu'une Catacombe où l'on n'avoit » enfeveli perfonne depuis près de » deux ans, & qui ne fentoit pas » mauvais, fut infectée par un feul » enfant mort de la petite vérole; puifque l'ayant ouverte cinq jours après l'inhumation de cet enfant,

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» il s'en exhala une odeur très puante

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qui épouvanta l'Enterreur & infecta"les Affiftans. On a fouvent inter

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rompu le Service Divin, par rap"port à l'infection qu'un feul cada»vre avoit causée dans l'Eglife. J'ai » appris, continue M. Haguenot, de » M. Euftache, Prêtre Hebdomadier » du Chapitre d'Agde, qu'ayant in» humé une fille dans un caveau de l'Eglife Paroiffiale de Meze, quatre » ou cinq jours après l'inhumation, » l'Eglife fut tellement infectée, qu'el» le resta déserte, & qu'on fut obligé » de transférer le Service de cette Paroiffe dans l'Eglife des Pénitens. » Des exemples auffi frappans font voir à quels dangers les furvivans feroient expofés fi l'on confervoit les morts dans les maifons jufqu'à la putréfaction. Les vrais Citoyens, toutes les perfonnes qui comme vous, Monfieur, s'occu

pent du bien public, fentiront la conféquence des vérités que j'ai l'honneur de vous expofer; c'eft cet amour de l'humanité qui a dicté l'épitaphe que le Docteur VERHEYEN Anatomiste célébre, & Profeffeur en Chirurgie à Louvain, avoit compofée pour lui-même. Telles ont été les derniéres volontés, & les feules difpofitions qu'il fe foit cru obligé de faire par teftament.

Philippus Ver- Philippe Verheyen, Medici- heyen, Docna Doctor teur & ProfefProfeffor,partem feur en Médefui materialem, cine,a choifi ce hic in cemeterio cimetière pour condi voluit, ne le lieu de fa fétemplum dehone-pulture, dans la ftaret, aut noci-crainte de provis halitibus in-phaner l'Eglife, ficeret. Requief & de l'infecter cat in pace.

par des vapeurs mal-faifantes.

Il falloit que Verheyen fut bien perfuadé de la mauvaife qualité des vapeurs qui s'exhalent des corps qui fe putréfient: & peut-on n'en être pas convaincu pour peu qu'on fe foit appliqué à la lecture des Ouvrages des grands Maîtres? Ambroife Paré * fait mention d'une maladie peftilentielle, qui au mois de Novembre 1562. ravagea tout le pays d'Agenois & les lieux circonvoifins jufqu'à dix lieuës à la ronde. Deux mois auparavant on avoit jetté des corps morts dans le puits du Château de Pene; ce puits avoit environ cent braffes de profondeur; il s'en étoit élevé une vapeur puante & cadavéreuse qui caufa les défordres les plus affreux. Il y a plufieurs exemples de peftes qui font furvenues pendant la

* XXII. Livre de la Pefte, Chap. III. pag. 529. édition de Lyon, 1664.

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