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guerre pour avoir négligé après une bataille d'enfevelir les cadavres, qui s'étant pourris avoient infecté l'air. Combien n'a-t-on pas vu de maladies contagieufes occafionnées par quantité de végétaux corrompus, par des eaux croupiffantes, des amas de boue, de fumier, & autres substances fœtides. Les maladies mortelles que caufa le remûment des terres pour la conftruction du Canal de Maintenon, fit abandonner le projet qu'avoit conçu le feu Roi, de faire paffer la Riviére d'Eure à Verfailles: on fe fouvient encore en Languedoc, dit M. Haguenot, des maladies qui regnérent dans tous les endroits où l'on fit paffer le Canal Royal, de même que des fiévres malignes qui ravagérent plufieurs Villages du Diocèfe de Montpellier pendant que l'on confruifoit le Canal des Etangs. On

attribua avec raison ces maladies aux explosions minérales qui fe firent par le foffoyement des terres. Les exhalaifons animales ont bien plus d'affinité avec nos corps, c'eft ce qui les rend fi nuifibles lorfqu'infectées par la putréfaction, elles font devepues contagieuses. Le Docteur Mead dans fon Traité des Venins, assure que les corpufcules qui émanent des cadavres des peftiférés, font la principale caufe des progrès de la maladie... Ratio eft magni funerum incrementi fæviente pefte, quòd unius mors mortem alterius promovet. Ces vapeurs font pernicieufes lors même que les corps font détruits & confumés: les maladies des Foffoyeurs - Enterreurs de morts en font une preuve incontestable: il n'y a perfonne qui ne fe foit apperçu de la mauvaise odeur qu'on fent dans les Eglifes, furtout dans celles qui font petites, ou dans

celles où les enterremens font fréquens. Ramazzini avoit déja fair cette remarque, * mais M. Haguenot l'a mife dans un plus grand jour dans le Mémoire dont nous avons parlé. Ce fçavant Médecin démontre les dangers des inhumations dans les Eglifes; & il ne doute point que les vapeurs qui fortent des caves où l'on enterre, venant à fe répandre en dehors, ne foient la cause qui occafionne, qui entretient, & qui irrite les maladies épidémiques. Il n'y a qu'une voix contre cet abus: un Auteur Anglois dans un Livre intitulé Recherches libres adreffées aux puiffances chargées du gouvernement de l'Eglife & de l'Etat, s'exprime ainfi.... Que viennent faire les cadavres dans les Eglifes: empoisonner l'air que les vivans y refpirent, & porter par ce

*De morbis artificum. Artic. de Vefpillo num mork.

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moyen dans leur fang le levain de diverfes maladies. Il n'y a point d'Eglife, furtout dans les grandes Villes comme Londres, où l'on ne fente une odeur infectée dans des jours pefans où l'air ne circule pas. Pour peu qu'on foit verfé dans la Phyfique, on fçait que les corps qui Je pourriffent exhalent une prodigieufe quantité de fluide élastique qui confifte en des particules putrides, lefquelles fe mêlant dans l'air le corrompent. Pourquoi les guerres fanglantes ont-elles été fi fouvent fuivies de la pefte? par la même raison; parce que l'air corrompu, par la multitude des cadavres, donnoit la mort aux vivans. Tout le monde fçait combien la falubrité d'un air pur contribue à la fanté, à la force, à la vigueur, à la gayeté. Pourquoi ne tâchons-nous pas à purifier le nôtre en purgeant avec foin nos Villes de

toutes

toutes les immondices, de toute l'ordure, de toute la pourriture qui s'y accumule, & par conféquent en délogeant les cadavres dont le voifinage nous eft fi pernicieux? Rien de plus facile que d'établir par exemple autour de Londres à trois ou quatre milles de diftance, de grands Cimetiéres où les Miniftres des Paroiffes iroient enterrer leurs morts, chacun dans fon district, fans rien perdre de teurs droits, & où les vivans pourroient également fatisfaire leur vanité, fous prétexte d'honorer là mémoire des défunts par de magnifiques maufolées *.

Le motif de la fûreté publique eft folidement exprimé dans le paffage que nous venons de rapporter. S'il excitoit le zéle des Magiftrats, & s'il les portoit à faire abolir la coutume

* Voyez la Bibliothéque raisonnée des Ouvrages des Sçavans de l'Europe pour les mois de Juillet, Août & Septembre 1749, pag. 143.

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