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pernicieuse d'enterrer les morts dans les Eglifes, il eft probable que les réglemens qu'ils feroient ne trouveroient aucune contradiction de la part des Eccléfiaftiques: ce ne feroit point une innovation dans l'Eglise; ce feroit au contraire en faire revivre l'ancienne difcipline fi refpectable à tous égards. En 845. le Concile de Meaux, après avoir défendu d'enterrer dans les Eglifes comme par droit héréditaire, excepté ceux que l'Evêque ou le Curé jugeroit avoir mérité par la fainteté de leur vie une place après leur mort dans le lieu faint, fait cette pieuse remarque après le Pape S. Grégoire le Grand, que d'enterrer qui que ce foit dans les Eglifes, précisément parce qu'il leur donneroit des biens, ce feroit vouloir vendre un peu de terre accordée à la pourriture, & trouver fon gain & fa joye dans ce qui eft aux

autres une fource de deuil, de larmes & d'affliction.

M. Haguenot dit que l'Eglife du Puy, la plus ancienne du Languedoc, fournit une exemple bien digne d'être imité. Elle obferve fcrupuleufement l'ancien usage de l'Eglife, puifqu'on n'y enterre perfonne, pas même les Evêques, mais encore qu'il n'eft pas permis d'y porter les cadavres pour l'abfoute que l'on fait ailleurs à la porte de l'Eglife. Ces ufages font dictés par la prévoyance; il y a tant d'exemples des effets pernicieux des exhalaifons putrides, qu'on ne peut prendre trop de précautions à ce fujet. La coutume oppofée a des inconvéniens trop fâcheux au mois de Septembre 1744. on enterra un mort dans une foffe du cloître de la Cathédrale d'Agde; il se répandit une odeur fi affreufe, qu'on ne pouvoit approcher du cloître. L'on reconnut

que cette puanteur venoit de ce que la foffe n'étoit pas affez profonde, l'on fut obligé de faire cimenter les joints des pierres qui la couvroient.

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L'inhumation des morts dans les Eglifes, eft donc une coutume trèsdangereuse, vous n'en pouvez douMonfieur, après tous les faits que je viens de vous mettre fous les yeux; mais cette coutume n'eft dangereufe que par rapport à la putréfaction; il y a donc du danger à conferver les morts jufqu'à ce que la putréfaction s'en foit emparé. J'aurai occafion d'en donner de nou velles preuves dans l'examen que je ferai du reglement que M. Bruhier a projetté, & qui a eu l'avantage d'être préfenté au Roi. Permettezmoi de vous dire encore un mot fur l'inhumation dans les Eglifes. Quand cet ufage ne feroit point

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auffi dangereux qu'il l'eft, il ne feroit pas moins néceffaire de le profcrire; car il eft d'une indécence intolérable; & pour peu qu'on ait de respect pour les lieux faints, il n'eft pas poffible de n'être pas indigné de cette coutume, qui n'eft rien moins qu'une profanation de la maifon du Seigneur. M. de Voltaire le fait fentic affez vivement dans un petit Ouvrage allégorique auquel il a donné le nom de Babouc. On fait voir à Babouc, étranger dans Perfépolis, les chofes les plus remarquables de cette Ville.. Entré dans un Temple, & peu flatté de la Mufique, il fe bouchoit les oreilles,» mais il fur prêt de se boucher encore les yeux » & le nez quand il vit entrer dans »ce Temple des Ouvriers avec des pinces & des pelles. Ils remuerent » une large pierre, & jetterent à » droit & à gauche une terre dant

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s'exhaloit une odeur empeftée; err» fuite on vint pofer un mort dans » cette ouverture, & on remit la

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pierre par-deffus. Quof, s'écria Ba

bouc, ces Peuples enterrent leurs » morts dans les mêmes lieux où ils » adorent la Divinité? Quoi, les Temples font pavés de cadavres ? Je ne m'étonne plus de ces maladies peftilentielles qui défolent fi fouvent Perfépolis. La pourriture » des morts, & celle de tant de vi» vans raffemblés & preffés dans le » même lieu, eft capable d'empoi» fonner le globe terreftre. »

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Voilà, Monfieur, les raisons dont je crois pouvoir faire ufage contre le confeil de conserver les morts jufqu'à la putréfaction. Pour en prouver le danger, j'ai examiné quelles ont été les craintes de toutes les nations au fujet des exhalaifons putrides; j'ai développé le motif de

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