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leur conduite concernant la fépulture des morts; j'ai rapporté la façon dont plufieurs Médecins habiles penfoient à ce fujet; j'ai rapproché de ces raisons & de ces ufages le fentiment de quelques perfonnes dont les lumiéres méritent l'eftime la plus diftinguée : le jugement qui en réfulte, renferme fans doute un caractére de vérité refpectable, à laquelle je ne crois pas qu'on puiffe rien oppofer. Vous connoiffez, Monfieur, les fentimens avec lefquels, &c.

SIXIEME LETTRE.

A plupart des hommes, ne fe

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conduifent

:

que par habitude. Vous fçavez, Monfieur, que l'usage eft un torrent auquel ils fe laiffent entraîner l'on fe détermine affez communément par l'exemple reçu, & les coutumes les moins raifonnables exercent un tel pouvoir, qu'elles assujettissent ceux mêmes qui fentent le plus l'abfurdité du fondement fur lequel elles fe font établies. Il peut y avoir une forte de vertu, eftimable dans la fociété, à pratiquer certaines chofes fans examen, pour se conformer à la conduite générale: mais eft-il poffible qu'on ne pratique pas ce dont on eft intimement perfuadé? M. Bruhier prétend avoir convaincu tout le monde de l'incertitude

des

des lignes de la Mort: Et cependant malgré les craintes qu'il a infpirées, les raifons qu'il a données, les faits qu'il a rapportés, malgré le vif intérêt que les hommes prennent à tout ce qui tend à leur confervation, les confeils de M. Bruhier, qui n'ont d'autre but que cette même confervation, ont été négligés. D'où peut venir cette indifférence à fuivre les moyens qu'il propose: l'irrégularité & l'inconféquence font-elles inféparablement attachées à la nature humaine? L'on convient que la précipitation des enterremens expofe les hommes à des dangers terribles; & les exemples multipliés qu'on en rapporte, ne produisent aucun fruit. Est-ce aveuglement de la part des hommes M. Bruhier ne peut, ce semble, leur faire un tel reproche : tous font convaincus des vérités que fon zéle a mifes au jour; mais il

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loin de la conviction à la pratique, Et fi des vérités fi importantes, & qui font tant d'impreffion, n'ont pas captivé tous les hommes fous leur autorité; c'eft fans doute parce que les hommes, tout perfuadés qu'ils font, ont trouvé plus d'inconvéniens dans le reméde qu'on leur propose, que dans le mal qu'on leur a fait connoître. Le reglement que M. Bruhier a projetté n'en eft pas moins utile à beaucoup d'égards; il eft furtout très-estimable par l'importance de l'objet que l'Auteur a eu en le faifant. M. Bruhier me permettra de joindre ici ma foible voix à celle de tous les Approbateurs de fon Ouvrage.

Mais ce reglement a été fait fur un principe ruineux : l'Auteur veut que l'on conferve les fujets jufqu'à la putréfaction, parce qu'il a cru qu'elle étoit le feul figne infaillible

de la mort: Voilà le vice radical de tout l'Ouvrage, & je crois en avoir fuffisamment combattu les principes. M. Bruhier croit qu'il n'y a qu'un reglement émané de l'autorité fouveraine qui puiffe ordonner & faire exécuter les précautions néceffaires pour garantir les hommes du malheur d'être enterrés vivans. C'est un fujet d'étonnement pour lui, qué plufieurs perfonnes qui ont lû fon Ouvrage, ayent néanmoins laissé enfevelir & enterrer leurs amis & leurs proches fuivant l'ufage communé→ ment reçu. Tant qu'une loi n'aura point reglé quelques précautions indépendamment des mesures que peu vent prescrire la tendreffe & l'attachement des parens & des amis des défunts, on ne fera pas à l'abri des inconvéniens fâcheux que l'intérêt de la fociété fait envifager dans la conduite que l'on tient à l'égard des

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