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ce vifcére fut dans une difpofition différente de celle où il auroit été, si j'eufle fait l'ouverture de ces animaux fans les noyer. On ne peut cependant pas dire que les perfonnes qui se noyent, ne boivent point d'eau ; mais l'eau qu'elles pourroient avoir buë ne peut être la cause de leur mort; d'ailleurs la quantité qu'on en pourroit avaler feroit, comme quelqu'un l'a déja remarqué, moindre que celle qu'on boit naturellement fe défaltérer dans l'état de

pour fanté.

En examinant les poumons des animaux que j'avois noyés, je crus appercevoir très-diftinctement la cause de la dilatation des bronches; il me parut que l'eau les avoit pénétrées, & qu'elles en étoient toutes remplies.

M. Littre avoit remarqué une eau écumeufe dans les poumons des

Nayés *; mais il ne crut pas devoir en faire grand compte, fur ce que les Pulmoniques, les Afthmatiques & Hydropiques avoient le poumon bien plus embarraffé qu'il ne croyoit pouvoir l'être dans les Noyés par cette petite quantité de liqueur. M. Littre perfifta donc dans l'opinion que les Noyés mouroient faute d'air; c'est-à-dire fuffoqués, comme on le feroit entre deux matelats, ou fous un tas de foin, &c. L'obfervation de M. Littre eft en faveur de

poumons;

l'entrée de l'eau dans les & elle eft d'autant moins fufpecte, que le jugement de l'Obfervateur y est contraire. L'exemple des Afthmatiques, des Hydropiques & des Pulmoniques ne paroît cependant pas autorifer ce jugement, puifque les embarras que ces maladies caufent

*Hiftoire de l'Académie Royale des Scien ccs, année 1719. pag. 26.

re, dès

au poumon font hors des bronches. L'hydropifie de poitrine eft un épanchement de limphe & de férofités dans cette cavité. L'afthme eft produit par des tubercules dont le fiége eft dans la fubftance fpongieufe des poumons; & l'on fçait que dans la pulmonie ou fuppuration de ce vifcéles matiéres purulentes que ont accès dans les bronches, il furvient une toux qui tourmente le Malade jufqu'à ce que ces matiéres foient rejettées par l'expectoration. Je répétai plufieurs fois l'expérience pour voir fi je trouverois conftaminent de l'eau dans les bronches. Bien convaincu de la vérité de ce fait, je communiquai ma decouverte à quelques amis. Je noyai en leur préfence quelques chiens & quelques chats. A l'ouverture de ces animaux, on vit que les poumons étoient gonflés; je fis une incifion

longitudinale à la trachée artére, & comprimant enfuite légèrement la circonférence du poumon, je fis couler une partie de l'eau qui y étoit contenue. Je dis une partie, car celle qui a pénétré jufqu'aux extrêmités des bronches, fe mêle intimement à l'air qui y eft renfermé, & forme une écume qu'une plus forte. action de la main fait paffer fous la membrane extérieure du poumon.

Ces expériences, quelque claires qu'elles fuffent, ne donnerent pas d'abord une conviction parfaite de l'entrée de l'eau dans le poumon des Noyés. Cette eau écumeufe ne viendroit-elle point, me difoiton, d'une abondante fécrétion de l'humeur des glandes bronchiques; ou bien d'une tranfpiration confidérable caufée l'effort du fang retenu dans les vaiffeaux: un fait vint à propos pour détruire' ces rai

par

&

fonnemens qui d'ailleurs n'étoient pas trop plaufibles. On nous apporta un chien que j'avois envoyé noyer dans une eau fort bourbeufe nous lui trouvâmes de la boue dans la trachée artére; ce qui établit fans replique la réalité de l'entrée de l'eau dans les poumons.

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Si les perfonnes que j'avois préve nues paroi foient douter du fait contre le témoignage de leurs yeux, je devois m'attendre à de plus fortes objections de la part de celles qui préoccupées de l'opinion commune n'auroient ni fait ni vû les mêmes épreuves. Je pensai dès-lors à faire des expériences qui fuffent pleinement démonstratives, j'imaginai qu'il feroit utile de noyer des animaux dans des liqueurs colorées. Je verfai fur le champ environ deux pintes d'encre que j'avois fous la main, dans une fuffifante quantité d'eau pour

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