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pour fubmerger un chat. A l'ouverture de la poitrine de cet animal je trouyai les poumons gonflés & noirs comme s'ils euffent été gangrénés. La cavité des bronches & la trachée artére étoit pleine de cette eau noircie par l'encre que j'y avois versée. J'ai répété cette expérience dans différentes eaux colorées, & la furface des pou

mons en a toujours été tachée.

Les explications qu'on a données pour prouver que l'eau n'entre point par la trachée artére n'auroient pas befoin d'autre réfutation: mais n'y entreroit-elle pas après la mort de l'animal? C'est une objection qu'il eft important de prévenir. J'ai tenu dans l'eau pendant plufieurs heures des animaux que j'avois fait étouffer auparavant, il n'eft jamais entré une feule goutte d'eau dans leurs poumons. Dès que la poitrine ne fait pas le mouvement néceffaire pour l'infpi

ration, il ne paroît pas qu'il puiffe rien entrer dans les poumons. L'eau de l'amnios entre-t-elle dans le poumon du fœtus, quoiqu'il foit vivant?

A ce raifonnement joignons une expérience décifive. J'ai noyé des chiens que l'on fufpendoit par les pattes de derriére, & dont la tête feule avoit été tenue dans l'eau. Leurs poumons en étoient remplis : elle n'a pu y être attirée que dans le mouvement d'infpiration, par la même méchanique qui fait que l'eau monte contre fon poids dans une feringue dont on tire le piston.

Pour decouvrir précisément comment on fe noye, je fis attacher un chien par les deux pattes de derrière avec le bout d'une ficelle de dix à douze pieds de long, & affez forte pour porter l'animal & un poids double du fien qui y étoir

pareillement attaché. On jetta le chien ainfi préparé dans un réfervoir bien nettoyé que j'avois fait remplir d'une eau très claire. En tenant à la main l'extrémité de la corde, je foutenois le poids de fa→ çon que l'animal fitué perpendicu-' lairement, avoit la tête deux ou trois pouces au deffous de la furface de l'eau, afin que je pulse obferver facilement tout ce qui fe pafferoit. L'animal fe débartit beaucoup, il remuoit les partes de devant, & faifoit des efforts pour nager. Après deux ou trois minutes de mouvemens inutiles, il fortit de fa poitrine beaucoup d'air, qui forma d'affez groffes bulles à la furface de feau: un inftant après, l'animal s'agitant toujours, il fortit de l'air en moindre quantité, mais un peu plus longuement, le chien fit enfuite la culbute, & parut mort.

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Cette expérience que j'ai répétée plufieurs fois ne me laiffe aucun lieu de douter qu'à l'instant que l'animal eft fubmergé, fa poitrine ne refte dans l'état où elle étoit avant que de tomber dans l'eau. Mais la né ceffité dont eft la respiration l'oblige enfin à ceffer de fufpendre le mouvement de la poitrine. Par le mouvement d'inspiration, l'eau entre dans les poumons, & en chafLe l'air qui y étoit renfermé. C'est la fortie de cet air qui forme les bulles qu'on apperçoit à la furface. de l'eau.

Les précautions que prennent les Plongeurs avant de fe jetter à l'eau; & ce qui fe paffe en eux lorfqu'ils font dans cet élément, prouvent ce que je viens d'avancer fur la façon dont on fe noye,

A l'inftant qu'un homme veut plonger, il fait une grande infpira

f

tion, ferme fa bouche, & fe pince le nez pour retenir l'air que l'ouverture des narines, toujours béanre par le reffort des cartilages, laifferoit échapper. La néceffité de refpirer oblige le Plongeur, lorsqu'il eft dans l'eau, à lâcher peut à peu l'air dont les poumons étoient gonAlés. Enfin lorfqu'il a autant expiré qu'il lui a été poffible, il eft con-traint de revenir à la furface de l'eau pour y infpirer de nouveau: il fent qu'il fe noyeróit fi quelque obftacle l'empêchoit de venir infpirer un nouvel air. La grande infplration que fait un Plongeur avant que de fe précipiter dans l'eau, rétient le fang à l'entrée de l'artére pulmonaire; à mesure qu'il laiffe - échapper l'air qui gonfloit les bronches, le fang pénétre par les ramifications de cette artére dans toute la fubftance du poumon: il faut enfar

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