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une nouvelle infpiration pour faire passer ce fang dans la veine pulmonaire qui le conduit au cœur. Je ne crois pas qu'on puiffe contefter, qu'en infpirant pendant l'immersion pour faire circuler le fang dans les poumons, on ne doive infpirer de l'eau; puifqu'il n'y a aucun organe dans l'homme pour féparer l'air d'avec ce liquide: c'est précisément ce qui arrive dans ceux qui noyent.

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Ceux qui ont comparé les Noyés aux pendus & aux apoplectiques, ont été trompés par la reffemblance de quelques fymptômes; ou plutôt ils n'ont pas fait plus d'attention à ce qui pouvoir déterminer la mort dans les apoplectiques & dans les pendus, qu'ils n'en ont donnée à la caufe qui fait périr les Noyés. Il eft certain que ces Auteurs ont méconnu le caractére distinctif de

ces différens genres de mort. Pour le prouver, il fuffiroit de leur faire voir que la vie de tous les pendus ne ceffe pas de la même maniére. En effet les uns meurent vraiment apoplectiques: la compreffion que la corde fait fur les veines jugulaires interrompt le cours de la circulation du fang, & caufe l'engor gement des vaiffeaux du cerveau Cet embarras forme une apopléxie violente, laquelle eft d'autant plus prompte, que les artéres plus profondément fituées que les veines, font moins foumifes qu'elles à l'action de la corde; enforte que le retour du fang eft empêché fans que les artéres ceffent de le tranf mettre au cerveau. Perfonne n'ignore qu'une violente apopléxie ne foir une caufe de mort fubite. Il fuffit la produire que les vaiffeaux d'où partent les nerfs dont l'action

pour

eft nécelfaire aux fonctions vitales, foient engorgés.

Parmi les pendus il y en a d'autres qui périffent, dit on, par la compreffion de la trachée artére, faute d'air & de refpiration. J'ai eu occafion de diffequer quelques corps de ces jufticiés, je leur ai trouvé le larinx rompu & comme fracaffé; la ftructure de cette partie ne permet pas de croire qu'elle foit fufceptible d'être comprimée au point d'interrompre le paffage de l'air : enfin on trouve quelquefois une luxation des vertébres du cof: ces différentes caufes contribuent fouvent enfemble à rendre la mort de ces malheureux & plus prompte & plus fûre. Mais l'on n'y voit rien qui reffemble à la caufe de la mort des Noyés.

Ces recherches ont été lues à l'Académie Royale des Scien

ces *. MM. Morand & Bourdelin que l'Académie avoit nommés pour examiner mon Méntoire, ayant exigé que je fiffe des expériences en leur préfence; ils m'ont fait l'honneur de m'en témoigner leur fatisfaction, & en ont rendu un compte avantageux à l'Académie.

Je ne crois pas devoir m'étendre ici fur l'utilité des connoiffances qui réfultent de mes recherches. Elles ferviront à apprétier les différens fecours qu'on a propofés ou mis en ufage en faveur des Noyés; & elles fourniffent des regles pour déterminer avec plus de certitude qu'on ne l'a fait jufqu'à préfent dans les rapports en juftice, fi les perfonnes qu'on a tirées mortes de l'eau y ont été jettées de leur vi

vant.

Nous examinerons avec foin ces * Le Mercredi 18 Janvier 1748.

différens objets, fi utiles à la So ciété, après avoir mis fous les yeux l'Ouvrage fuivant, qui a été lû, publié & affiché par ordre du Roi en 1740. dans tous les lieux de fon obéiffance. M. Bruhier nous apprend dans fa Diflertation fur les fignes de la Mort que cet Ouvrage a été rédigé par M. de Réaumur : c'eft en faire fuffifamment l'éloge.

A VIS

Pour donner du fecours à ceux que l'on croit Noyés.

D

ANS les Villes, & même dans

les lieux moins considérables, fitués foit fur les bords des riviéres, foit fur ceux des lacs, foir fur ceux de la mer, il n'y a guéres d'année où on n'ait à regretter des hommes qui ont été noyés, c'est ce qui n'eft

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