ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

EXAMEN RAISONNÉ

des différens fecours qu'on a propofes ou mis en ufage en faveur des Noyés.

L

E choix des moyens capables

de rétablir les fonctions du corps humain lorfqu'elles font dérangées, doit fe tirer de la connoiffance même des défordres aufquels on prétend remédier. L'expérience, ou plutôt le hazard, a prouvé qu'il étoit poffible de rappeller d'une mort apparente à la vie des perfonnes qui avoient été submergées pendant plufeurs heures; on ne peut donc employer trop de zéle pour tâcher de fecourir les infortunés qui font dans <ce cas mais les fecours qui leur conviennent doivent être détermi-nés par la connoiffance pofitive de l'état des Nayés. C'eft faute d'avoir

[ocr errors]

connu cet état, qu'on a donné pour utiles des moyens dangereux; qu'on a donné l'exclufion à d'autres qui pourroient être utiles, qu'on a propofé indistinctement des procédés indifférens avec ceux fur lefquels on devroit le plus compter, & qu'on n'a pas diftingué, parmi les fecours utiles, ceux qui font capitaux, de ceux qui ne font qu'auxiliaires; c'està-dire, de ceux qui fans être capables d'opérer le rétablissement des fonctions lézées, font néanmoins néceffaires, parce qu'ils favorifent ce rétablissement en procurant l'effica cité des fecours effentiels.

fit

La simple vûe d'un Noyé ne fuf

pas pour faire juger des défordres que caufe ce genre de mort. L'élévation du fternum & des côtes, le gonflement du ventre, l'eau écumeufe qu'on remarque autour de la bouche & des narines, & la couleur

livide de la face ne préfentent que des fymptômes équivoques pour juger de l'état des Noyés. Ces marques extérieures ont fait illufion à ceux qui n'ont pas cherché à appro fondir par des recherches particuliéres quelle étoit la caufe de ces fimptômes. Les rapports qui fe font journellement en Juftice, à l'occafion des Noyés, ne font pas diffé-rens de ceux qui fe faifoient à ce sujet il y a deux cens ans. Si le Chirurgien » eft appellé, dit Ambroife Paré* "pour faire rapport d'un corps » mort tiré hors de l'eau, pour fça» voir s'il a été noyé vif ou jetté » dans l'eau mort. Les fignes qu'il » aura été jetté vif, font qu'on trou» vera l'eftomach & le ventre rem

plis d'eau, & fort du nez quel» que excrément mouffeux, & par » la bouche écumeux & baveux, &

[ocr errors]

*Traité des Rapports, Livie XXVIII.

[ocr errors]
[ocr errors]

le plus fouvent faignera du nez. -» D'abondant il aura l'extrémité des - doigts & front écorchés, à raison qu'en mourant il gratte le fable au fond de l'eau, penfant prendre quelque chofe pour se fauver, & qu'il meurt comme en furie & »rage. Au contraire s'il a été jetré

en l'eau mort, il n'aura aucune » tumeur en l'eftomach ni au ventre, parce que tous les conduits font affaiffés & étouppés, & qu'il »n'infpire plus, & auffi n'aura mouffe au nez, ni bave en la bouche, ni veftige aux doigts ni au front; » par quoi, felon ces fignes, le Chi

rurgien pourra faire rapport rapport fidéle

ment des corps morts trouvés en » l'eau, s'ils ont été jettés morts ou » vivans. »

On voit affez que ces marques extérieures ne fourniffent pas les Lumiéres néceffaires pour déterminer

fi la fubmerfion a été la caufe de la mort; on s'eft cependant tenu fervilement attaché à ces idées ; elles font la base des jugemens que l'on porte encore fur les Noyés. Feu M. Devaux, Chirurgien de Paris, dans fon Traité des Rapports, donne la formule fuivante au fujet d'un corps trouvé noyé... » Nous Médecin & Chirurgien du Roi en fon Châte»let, &c. de l'Ordonnance de M. »le Lieutenant Criminel, &c. nous » avons trouvé le ventre tendu &

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

رو

rempli d'eau, le bout de la plupart des doigts écorchés, la face » livide, le front escorié, la bouche écumante, & le nez rendant une » morve fanglante & fpumeuse. Ce qui nous fait juger qué ledit corps "eft tombé ou a été jetté dans l'eau encore vivant, où il s'eft

[ocr errors]

» enfuite noyé.

Ces marques ne font pas décifives,

« ÀÌÀü°è¼Ó »