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les pendus & ceux qu'on a étouffés, ont de même que les Noyés la face bourfoufflée & violette, la langue épaiffe, & on leur trouve un excrément écumeux & rougeâtre qui vient de la bouche & du nez. L'excoriation des doigts & du front ne font pas des accidens néceffaires; ainfi fi l'on jugeoit des Noyés par les connoiffances que nos prédéceffeurs nous ont tranfmifes, nous aurions des idées bien défectueufes de leur état. Il ne préfente que deux objets; les poumons gonflés & remplis de l'eau qui a été infpirée, & les vaiffeaux du cerveau fort engorgés par l'obstacle que la dilatation des bronches apporte à la circulation du fang. Ce font ces deux points qui doivent fixer l'attention de ceux que la charité engagera à donner des fecours aux Noyés.

Depuis qu'on a reconnu que la

plupart des Noyés n'avaloient point d'eau, l'on a jugé qu'il n'étoit point néceffaire de les pendre par les pieds. Quand même il entreroit beaucoup d'eau dans leur eftomach, la fufpenfion feroit inutile pour la leur faire rendre; ce prétendu secours n'a jamais été dicté par la raison: pour s'en convaincre, il ne faut que faire attention à la ftructure de l'œfophage, & à la méchanique de fon ufage.

Les matiéres fluides ou folides que la déglutition fait entrer dans l'afophage, ne continuent leur rou. te jusqu'à l'estomach, que par l'action de ce conduit mufculeux. On sçait que sa structure eft telle, qu'il s'élargit à mesure qu'il approche du ventricule, & que fa partie fupérieure eft fermée naturellement par le muscle œsophagien qui lui sert de fphincter. Le poids des matiéres

alimentaires ne contribue en rien à leur defcente, puifqu'elles paffent également de la bouche dans l'eftomach lorfqu'on eft couché. On voit de plus des perfonnes qui boivent & qui mangent, quoique leur corps foit dans une pofition perpendiculaire la tête en bas. Les matiéres une fois entrées dans l'eftomach n'en peuvent fortir que par le vomiffement, & on sçait que cette action dépend principalement de la contraction des muscles du basventre, & furtout de celle du mufcle tranfverfe. Il faut que cette contraction foit affez puiffante pour furmonter la réfiftance qu'apportent la ftructure de l'afophage, l'action naturelle de ce conduit, la conftriction de fon orifice fupérieur, l'action des piliers du diaphragme entre. lefquels il paffe, & la contraction des fibres de fon orifice inférieur ou

de l'entrée de l'eftomach. La fufpenfion ne peut donc pas produire la fortie de l'eau qu'un Noyé auroit avallée, puifqu'en fufpendant le corps on n'excite pas le mouvement des parties dont l'action eft néceffaire pour le vomiffement.

La fufpenfion des Noyés n'eft pas un fecours qui leur foit indifférent ; quoique je l'aie trouvé inutile dans les premieres épreuves que j'ai faites. pour juger de fa valeur. L'eau que Pinspiration a attirée dans les bronches fe mêle intimement à l'air qui refte dans les poumons après chaque expiration: Il en résulte un fluide écumeux qui ne paroît formé que de bulles d'air enveloppées d'une furface très-mince de liqueur. Ce fluide a par conféquent peu de péfanteur refpective. J'ai mis plufieurs fois des portions du poumon des Noyés dans un vale plein d'eau, &

elles y furnagent, comme fi les cellules bronchiques n'étoient gonflées que par l'air. Ainfi le peu de poids de la liqueur joint à son adhérence aux parois des bronches, la rend incapable de furmonter dans la fuf penfion la réfiftance de l'air extérieur.

La premiére attention qu'on doit donner aux Noyés, eft de leur fouffler de l'air chaud dans les poumons; je n'ai rien vû de fi efficace pour en procurer l'affaissement. J'ai effayé ce moyen fur plufieurs animaux que j'avois noyés. L'action de fouffler dans les bronches les gonfleroit fi elles étoient diftendues par l'air que l'on a fuppofé remplir leur cavité. Au contraire l'air chaud

que l'on y introduit les affaiffe; parce qu'il détruit les cellules aqueufes, & qu'il dégage l'air qui étoit emprifonné dans les interftices de

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