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sévère dans ses commentaires et ses règles pratiques. C'était un rude observateur de la lettre. Le traité talmudique Sukka (II, 8) prétend que, sa belle-fille ayant donné le jour à un enfant au moment de la fête des Tabernacles 1, Schammaï fit enlever le toit de la chambre et étendre du feuillage au-dessus du lit de l'accouchée, pour que le nouveau-né fût en règle avec la Loi dès les premières heures de sa vie.

Il y avait donc à cette époque une double tendance parmi les Scribes, l'une plus indulgente, l'autre plus rigide. Les Pirke Aboth attribuent à Hillel comme sentence favorite ces paroles : « Sois un disciple d'Aaron, ami de la paix et « la procurant, aime les hommes et attire-les à la Loi.» On lui fait honneur aussi d'avoir ainsi formulé le sommaire. de la Loi : « Ce que tu n'aimerais pas qu'on te fit, ne le fais « pas à autrui. »

On peut tirer de ce rapide aperçu la conclusion que dans. les écoles des scribes on cherchait volontiers à résumer dans une expression concise la substance des préceptes de la Loi commentés par ces infatigables juristes. Mais il est très difficile de voir un rapport quelconque entre leurs maximes générales et les applications déterminées qu'ils faisaient des préceptes légaux. Les sommaires répondaient sans doute à un besoin né lui-même de leur genre d'enseignement. La casuistique, alors comme toujours, multipliait tellement les questions, les distinctions, les analogies, les licita et les illicita, qu'on se perdait dans un monceau de décisions, qui, de plus, n'étaient pas toujours identiques. On pouvait discuter longuement la question de savoir jusqu'à quel point il était permis de manger un œuf pondu le jour du sabbat; ou bien si, ce même jour, celui qui était monté sur une échelle pour inspecter son

1. On vivait à cette occasion pendant une semaine en plein air sous des toits de verdure.

colombier, pouvait la déplacer pour regarder par une autre ouverture; ou bien si le filet d'eau tombant d'un vase pur dans un vase impur ne communiquait pas la souillure au premier1, et ainsi de suite à l'infini.

C'étaient surtout les obligations sabbatiques, les dîmes, les cas matrimoniaux, les prescriptions relatives à la souillure, qui donnaient lieu à discussion et à décision 2. Nous parlerons au chap. XII-XIII d'objets plus importants, des

1. Schürer, Gesch. der Jud. Volkes im Zeitalter J. Christi, citations talmudiques, II, p. 298.

2. La pureté legale, qu'il faut distinguer de la pureté morale, bien que parfois elles se confondent, est le trait dominant de la religion juive pendant les siècles qui précédèrent l'ère chrétienne. L'idée centrale des innombrables observances qui s'y rattachent, c'est que l'état d'impureté sépare de Dieu, de Jahvé, qui par essence est pur (lumineux, igné) et antipathique à tout ce qui ne l'est pas. Or, sous la rubrique générale de « souillures à éviter », on fit rentrer quantité d'interdictions dont beaucoup n'ont aucune valeur morale et proviennent de très vieilles coutumes ou croyances ataviques, de répulsions ou de préjugés tenant à la race, probablement aussi de débris d'anciens rituels jahvistes ou non, tombés en désuétude; quelquefois pas toujours de précautions motivées par les exigences bien ou mal entendues de la santé publique.

Par exemple, les lépreux, ceux qui émettent volontairement ou non certaines sécrétions, les femmes au moment des menstrues ou pendant un nombre déterminé de jours après leurs couches, sont impurs. Il y a des aliments dont l'usage rend impur, tels que la chair du porc, celle du lièvre, du chameau, de l'àne, des reptiles, des poissons sans écailles (anguilles, lamproies), de bon nombre d'oiseaux, celle aussi des animaux considérés cemme purs, mais qui n'ont pas été mis à mort conformément aux règles. Car il est défendu de se nourrir de sang, le sang étant la vie, et la vie étant à Dieu. Tout cadavre animal grand ou petit, le cadavre de l'homme en premier lieu, souille quiconque le touche. Les murs et les vêtements présentant certains phénomènes de concrétion ou de suintement sont tenus pour « lépreux » et souillent. Il suffit d'indiquer ces principales dispositions de la Loi attribuée à Moïse pour ce qui concerne la pureté légale, c'est-à-dire conforme aux prescriptions de cette loi. Disons seulement qu'elles allèrent toujours en se raffinant dans leurs applications et qu'elles étaient déjà très raffinées au temps de l'histoire évangélique. Les scribes et leurs disciples pharisiens poussaient jusqu'à la dernière minutie les exigences en matière de pureté légale, et la tendance ne fit que s'accentuer

doctrines nouvelles qui, sous le couvert du traditionalisme rabbinique, s'introduisirent dans le judaïsme et y acquirent droit de cité.

En pareille matière il ne faut pas identifier les théories alambiquées et les subtilités de l'école avec la pratique populaire. Celle-ci ne saurait toujours se conformer, à supposer qu'elles soient connues, à toutes les minuties d'une casuistique savante. Mais quand la multitude partage au fond le principe au nom duquel ses conducteurs religieux subtilisent, elle subit l'empreinte de leur raffinement, elle raffine elle-même de son mieux pour se rapprocher de la correction idéale. Les scribes avaient, pour façonner le peuple juif à leur guise, une institution incomparable, la synagogue, dont nous devons maintenant nous occuper.

pendant la période talmudique où elle donna lieu à toute une casuistique des plus pointilleuses.

Le plus grave était que l'impureté légale était contagieuse. Elle se gagnait au simple contact du sujet impur. Tout incirconcis, tout payen était impur, et son seul attouchement souillait le Juif. Les viandes sacrifiées aux faux dieux, les denrées non-dimées qu'on risquait d'acheter au marché transmettaient leur souillure, ainsi que tout ce qui avait touché la personne ou la chose impure, lits, meubles, sièges, vases, vaisselle, vêtements. Sans doute il y avait des recettes de purification qu'il fallait s'appliquer pour sortir de l'état d'impureté, le plus souvent des ablutions ou des immersions. Les zélés y recouraient même préventivement, Mais on comprend combien la piété ainsi comprise pesait lourdement sur la vie quotidienne.

CHAPITRE IX

LA SYNAGOGUE · LES LIVRES SAINTS

La Synagogue est sans contredit la plus féconde et la plus caractéristique des institutions propres au judaïsme. Il serait difficile d'en exagérer l'importance historique. La synagogue a fondé le culte public sans sacerdoce et sans sacrifice, ce qui fut une innovation absolue, l'antiquité n'ayant jamais rien conçu de pareil, et les Gréco-Romains qui virent se multiplier les synagogues juives n'eurent pas la moindre idée de l'avenir impliqué dans cette institution. Les Juifs contemporains eux-mêmes le pressentirent à peine, et surtout ne s'imaginèrent jamais que la synagogue dût un jour remplacer le Temple et même le suppléer avantageusement. C'est la synagogue pourtant qui a démontré la possibilité de nourrir le sentiment religieux collectif uniquement par des prières, des lectures pieuses, des instructions, des chants religieux. Elle a, par cela même, purifié l'hommage rendu à Dieu de ces tueries sanglantes qui impriment leur cachet répugnant sur les plus belles cérémonies religieuses du monde ancien. synagogue a été une institution foncièrement démocratique, une école de démocratie, personne n'exerçant dans son sein l'autorité absolue, la communauté s'administrant elle-même par le ministère de ses représentants, « ciens », Zékénim, qui ne tiraient leurs pouvoirs que d'elle seule. Elle a propagé l'école primaire comme son annexe indispensable, destinée à donner à ses membres les con

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naissances nécessaires à l'accomplissement intelligent de leurs exercices religieux. Elle a donné naissance à la prédication régulière, en tant qu'élément normal du culte public. Une liturgie très simple lui suffit. Enfin la synagogue peut dire sans aucune exagération qu'elle est la mère de l'église chrétienne, et celle aussi de la mosquée musulmane. Elle fut pour Jésus et ses apôtres un de leurs principaux moyens d'évangélisation, et les premières communautés chrétiennes furent des décalques de ces communautés juives dont la synagogue était le centre visible et

vivant.

II, 231-238.

Livres à consulter: Vitringa, De Synagoga vetere, libr. III. Franeker, 1696. - J.-C. Carpzov, Apparatus historico-criticus, Leipzig, 1748, pp. 307-326. Zunz, Die gottesdienstlichen Vortræge der Juden, 1832, pp. 1-12; 329-360. · Herzfeld, Geschichte des Volkes Israël, III, pp. 129-137, 183-226.— Jost, Geschichte des Judenthums, I, 168 suiv. Kuenen, De Godsdienst van Israèl, De Wette, Lehrbuch des Hebr.-Jüd. Archæologie, 1858. Winer, Bibl. Realwærterbuch, art. Synagogen. Plumptre, Smith's Dictionary of the Bible, art. Synagogue. Leyrer, même art., dans l'Encyclopédie théologique (all.) de Herzog, 2e édit. M. A. Vabnitz, même art., dans l'Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberg. — Reuss, La Bible, v. la table des matières, au mot synagogues. Schürer, Gesch. der Jud. Volkes im Zeitalter J.-C., II, 356-382. E. Stapfer, La Palestine au temps de J.-C.

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Comme notre mot église, la synagogue désignait en même temps le bâtiment servant aux réunions et la communauté qui s'y réunissait. En hébreu keniseth, « assemblée », aram., kenishata, grec ovvzywyn, la synagogue fut simplement à l'origine la réduction à l'usage du peuple de la « maison d'enseignement », beth_hamidrash, où l'on allait s'instruire aux pieds des scribes en renom (Act., XXII, 3). Il s'agissait également dans les deux genres de

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