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1601.

رو

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"A Garnier fuccéda Alexandre Hardy, Parifien, l'Auteur le plus Oeuvres de,, fécond qui ait jamais travaillé en nelle,édition » France pour le Théatre........ Dès de 1743. To- qu'on lit Hardy, fa fécondité ceffe

M. de Fonte

me II. pa

ges 72, 73 & 75.

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» par l'ignorance des
» Poëtes, qui tiroient
» vanité de faire beau-
» coup de Piéces, & qui
» peut-être en avoient
» befoin. Hardy fur celui
» qui fournit le plus a-
» bondamment à nosCo-
»médiens de quoi diver-

tir le peuple, & ce fut
» lui, fans doute, qui
» tout d'un coup arrêta

le progrès du Théatre, » donnant le mauvais exemple des defordres » que nous y avons vûs » regner en notre tems. » Car il me fouvient d'a

voir remarqué des » Poëmes fi déréglés, » qu'au premier Acte,

une Princeffe étoit ma-
»riée: Au fecond naif-
» foit le Héros fon fils.
» Au troifiéme, ce jeune
» Prince paroiffoit dans
» un âge fort avancé. Au
» quatrième, il faifoir
» l'amour, & des con-
» quêtes. Au Cinquié
>> me il époufoit une
» Princeffe, qui vrai-
» femblablement n'étoit

née que depuis l'ou-
verture de la Piéce, &

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» fans qu'on n'en cût oüi » parler. Ces Ouvrages monftrueux ne pou» voient pas être qua,,lifiés du nom de nos » Tragédies, puifqu'ils » traitoient un fujer di» gne du Poëme Epique, » felon le nombre des » incidens, & pour leur » étendue. On ne pou» voit pas auffi les non» mer Poëmes Epiques, >>puifque lePoëte n'y par»loit point: de forte que » n'étant dans aucune

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régle, ils ne pouvoient » pas en avoir le nom.»

Les Analyfes que nous avons donné des Piéces qui parurent avant celles de Hardy, démontrent la faufferé de cette fuite de raifonnemens de l'Abbé d'Aubignac, qui attri bue à ce Poëte la caufe du déréglement du Théatre, introduite lui & laquelle on ne peut lui reprocher, que de s'y être conformé. On voit par-là combien ce Critique étoit peu inftruit de la matiere qu'il a voulu traiter.

avant

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» d'être merveilleufe. Les vers ne lui "ont pas beaucoup coûté, ni la difpofition de fes Piéces non plus. Tous fujets lui font bons; la mort d'Achille, » & celle d'une Bourgeoife que fon » mari furprend en flagrant délit, tout » cela eft également Tragédie chez Hardy. Nul fcrupule fur les mœurs, "ni fur les bienséances. Tantôt on » trouve une Courtifane au lit, qui par »fes difcours foutient affez bien fon » caractere; tantôt l'Héroïne eft violée; tantôt une femme mariée donne » des rendez-vous à fon galant. Les premieres caresses fe font fur le Théa"tre, & ce qui fe pafle entre deux Amans, on n'en fait perdre aux Spec>> tateurs que le moins qu'il fe peut..... » Les perfonnages de Hardy fe baifent » volontiers fur le Théatre; & pourvû » que deux Amans ne foient point » brouillés, vous les voyez fauter au » col l'un de l'autre. "

دو

رو

Après un jugement auffi précis, & auffi sévere, il femble qu'il n'eft plus permis de vouloir entreprendre d'entrer dans un détail qui peut tendre à la juftification de Hardy. Cependant comme ce Poëte s'eft acquis de la réputation dans fon tems, qu'il a eu fes

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1601. partifans, qui l'ont auffi reconnu pour leur Maître, & qu'effectivement le Théatre François lui a une finguliere obligation, la nôtre nous engage à approfondir un peu plus la chofe, & à. joindre ici ce qu'en ont dit différens Auteurs, ce qu'il a avancé lui-même, & enfin ce qui peut fervir à l'excufer, s'il n'eft pas poffible de le juftifier.

Guerre

Auteurs, P.

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Un des plus grands défauts qu'on remarque dans fes Ouvrages, & dans lequel il eft tombé fi groffierement, qu'il paroît ne s'en être fait aucun fcrupule, eft l'inobservation des trois unités. « Il étoit venu dans un fiècle, dit Guerret » Guerret, où l'on ne fe piquoit pas des, beaucoup d'entendre la Poëtique d'Ariftote. On ne trouvoit point à » dire qu'un même perfonnage vieillit de quarante ans en vingt-quatre heu» res, que fa barbe, & fes cheveux » blanchiffent dans l'intervale de deux » Actes. Il pouvoit entre deux foleils paffer de Rome à Paris, & c'étoit » faire une Comédie, que de mettre » une vie de Plutarque en vers. » (a)

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Sarrazin,

دو

دو

رو

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Difcours fur (a) Sarrazin, partisan deHardy, en lui rendant

P'Amour ty

rannique de juftice, ne peut le fauver Scudery,

de ce défaut monftrueux.

«Hardy, qui véritable»ment a tiré la Tragé» die du milieu des rues, » & des échaffauts des

Hardy n'a donc en ceci que fuivi l'exemple des fes prédéceffeurs, & de ses contemporains. Il n'avoit pas un génie affez fort pour réformer ce mauvais

» Carrefours, parmi ce grand nombre de dé» fauts que l'ignorance » du fiécle rendoit fup» portable, n'aimoit rien » tant que celui-ci, 11 » ne pouvoit tenir la » fcene en un même lieu. » Il changeoit de ré

gion, & paffoit les »mers fans fcrupule : & » l'on demeuroit fou

vent furpris de voir » qu'un personnage » qui venoit de parler dans Naples, fe tranf»portât à Cracovie

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pendant que les autres » Acteurs avoient récité » quelques vers, ou que » les violons avoient »joué quelque chofe. » Mais quoique prefque

tous fes poëmes foient » fujets à ce manque»ment, il n'y en a pas

un où il foit fi remar» quable que dans celui » qu'il intitule, La Bi»gamie. Il ne s'est ja» mais vu une fi longue pérégrination que cel» le que cet Ouvrage »contient. L'Auteur s'y eft fervi auffi hardi»ment du Pégafe, que l'Ariofte de l'Hippo

» griphe. Et le Comte » de Gleichen du Poëte » François, ne fait pas >> moins de chemin que » l'Aftolphe du Poëte » Italien.

» Ce défaut de Hardy » ne mourut pas avec

» lui, non plus que la » réputation de fes Ou>>rages. Ceux qui lui » fuccéderent, conferve»rent longtems cette >> fcene ambulatoire. » Leurs Lyres, auffi bien » que celles d'Orphée & » d'Amphion, eurent le » privilege de bâtir des » Villes, & de faire fui»vre des rochers & des » forêts, & leur Théa» tre fut comme ces car»tes de Géographie » qui dans leur petitef»fe, repréfentent néannmoins toute l'étendue » de la terre. Mainte»nant, quoique cette » licence ne foit plus fupportable, & que » cette héréfie n'ait plus » de fauteurs, il en eft » pourtant demeuré » quelques reftes > nos Poëtes n'ont pas » été affez diligens à prendre garde

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» s'en

&

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1601.

ufage, qui d'ailleurs lui étoit fort com mode, puifqu'il lui évitoit les frais de la difpofition de ces Piéces, qui lui auroient plus coûté que la verfifica

tion.

Au furplus, la gloire que cet Au teur pouvoit légitimement s'attribuer, tant par fes talens, que par les fervices qu'il a rendus au Théatre, ne l'a pas aveuglé au point de s'imaginer que fes Piéces n'euffent pas des défauts effentiels. Ses Préfaces font foi du contraire. Il est vrai que, partie par ufage, partie par des raifons particulieres, renfermé feulement dans certaines régles aisées, il n'a pas envifagé ces défauts du même œil qu'on peut les appercevoir aujourd'hui; mais cependant, à travers fon amour propre, on voit qu'il tâche, autant qu'il lui est poffible, de les excufer, & de les rejetter fur fa malheureuse fituation, qui, fi l'on a égard à la quantité, & au peu de tems qu'il y employoit, ne devoit

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» exactement. Leur fce-
>> ne eft bien en une feu-
» le Ville, mais non pas
» en un feul lieu. On ne

» fçait fi les Acteurs par-
» lent dans les maisons,
» ou dans les rues; & le

» Théatre eft comme » une falle du commun, » qui n'eft affectée à per>>fonne, & où chacun » pourtant peut faire ce » que bon lui femble,»

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