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dont la premiere extrêmement longue & ennuyeuse à l'exès, est intitulée : LES 1608. PORTUGAIS INFORTUNÉS. Elle est tirée

du feiziéme Livre de l'Hiftoire des Indes du R. P. Maffée, Jésuite. On peut voir un abrégé de cette pitoyable avanture dans les Méditations Hiftoriques de Camérarius, Tome II. Livre III. Chap. 17. & le Trésor d'Histoires admirables de Simon Goulard, au mot Naufrage.

La derniere Piéce du Recueil de Chrétien a pour titre le RAVISSEMENT DE CEFALE, représentée à Florence aux noces Royales. Elle eft remplie de mufique, & de changemens de décorations, & n'a, par ces raifons, aucun à notre Hiftoire. Elle fut faite pour le mariage d'Henri IV. & de Marie de Médicis, l'Auteur la dédia à Louis XIII. alors Dauphin. Nous parlerons de fa GRANDE PASTORALE, qui n'a paru qu'en 1613.

rapport

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Ette Tragédie eft précédée d'une Préface, où l'Auteur blâme la fureur de certains Poëtes qui veulent entreprendre des Ouvrages au-deffus de leurs forces,principalement des Tragédies, fureur qu'il compare à la folie des Abdéritains, qui depuis qu'ils avoient vû représenter l'Andromaque d'Euripide, ne ceffoient d'en répéter des lambeaux. «Les uns, continue le Sieur Guerin de la Dorouviere, parlant toujours des Poëtes Tragiques de fon tems, « d'un ftyle fec & languissant, bâtissent sans » art, & fans liaison : les autres affec

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»vages.

emporter

» comme des torrens parmi les ruines :
» les autres enfin, pour n'avoir facri-
fié aux Graces, n'ont produit qu'une
» herbe ftérile, ou que des fruits fau-
» Voilà fans doute un homme
qui fent les défauts des Ouvrages de
fon fiécle, mais c'eft le Philofophe qui
vit mal avec fes principes: l'enflûre,
le faux brillant, les épithétes inutiles,
les raisonnemens à perte de vûe, les
détails les plus bas, & les moins en
place, tout eft du reffort de fa piéce.
Deux ou trois endroits en feront ju-
ger, car nous croyons fuperflu de
donner un extrait de cette Tragédie,
dont le fujet eft connu de tout le
monde.

Un Meffager vient apprendre à Panthée la mort d'Abradate fon mari, & finit fon récit par ces vers.

Abradate s'avance..

Et fon large eftomac s'en enfloit le courage.
Il va fendant les uns, les autres renverfant,
Il détranche, il déchire, il va tuant, blef-
fant.

.....

Enfin luy & les fiens furent verfez par terre.
Lors jouant de fon reste avec son cimeterre,
Debout, puis à genoux, déchiré, détranché,
De piques,& de dards, tombe en piéces haché;

1608.

1608.

Voilà sa fin, Madame, autant pour luy hen reuse,

Et pleine de lauriers, que pour vous malheureuse.

PANTHÉE.

O Ténare! ô Erebe! exécrable Alecton!
O Styx abominable! ô rage de Pluton !
O filles de la Nuit ! ô bords Achérontides!
O Larves ! ô Damnez! ô Parques homicides!
O tout ce que jamais l'Enfer a eu d'horreur ?
De foüets, de pleurs, de coups, de fleaux,
de fureur!

Que ne fuis-je abimée au centre de la terre?
O Ciel! écrafe moy de ton bruyant tonnerre.
O mer! pour appaiser & finir mon efmoy,
Noye moy dans mes pleurs, & mes pleurs

avec moy.

Panthée se lamente beaucoup fur le corps d'Abradate qu'on a eu foin de lui apporter. Arrive Cyrus qui tâche à confoler cette malheureuse Princesse & entr'autres raifons, lui dit,

Puifqu'est déja le cours de fes ans révolu, Il faut louer les Dieux qui l'ont ainfi voulu.

Enfuite il égaye fon compliment par l'image des jeux funébres dont il veut honorer fon tombeau.

Nuds,

Nuds, nous irons autour mefurant la

cadance,

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Et priant fon efprit d'affister à la danse. Cyrus fort, & Panthée n'eft pas plûtôt feule avec fa Nourrice, qu'elle communique à cette derniere le def fein qu'elle a de fe tuer. Elle dit adieu à toutes les Créatures, à chacune en particulier, & finit ainfi.

O! poignard, mon remede, & mon plus
grand fouhait !

O mort! ô douce mort! ô agréable pointe
Par toy à mon mary, je vais être rejointe.

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Elle a perdu fes lys, & fa couleur de rose, D'un vif furgeon de fang fon corps froid elle arrofe.....

Cyrus revient, & déplore le fort d'Abradate & de Panthée ; enfuite pour appaiser & charmer leurs manes, il fe propofe de faire élever un tombeau magnifique; il en fait la defcription le marbre noir le jafpe verd, l'Hyacinthe, l'Acanthe, & tout ce qu'il y a de plus précieux n'y eft pas Tome IV.

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1608.

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