1601. Hardy, Pré de fes Tragé pas certainement lui permettre de relire une feule fois fes Ouvrages, « Con» damner un livre à fon ouverture, face du pre"(c'eft Hardy qui parle,) eft monftrer mier Volume plus de paffion que de jugement........ dies. "non pas Lecteur,que je te vueille nier » ici.... beaucoup de deffectuofités par» donnables à une jeuneffe impétueu» fe, qui ne tâchoit en ce tems-là, qu'à » fe fauver à la nage des griffes de celle qui le plus fouvent dévore les meil» leurs efprits... ... Nos Champi- Hardy, Aver» gnons rimeurs, trouvent étrange, Tome 11. qu'en des Poëmes fi laborieux, & de fi longue étendue,il fe trouve quelques » rimes licentieufes ou forcées: mais lorfque ces vénérables Cenfeurs au»ront pû mettre au jour cinq cens » Poëmes de ce genre, je crois qu'on y » trouvera bien autrement à repren " » dre; non que la qualité ne foit icy > tiffement du 1601. وو دو que les premiers fruits n'atteignent » pas cette perfection de bonté que » leur apporte le tems...... fupplée à » ce que d'ailleurs étoit défectueux : " ainfi cette inimitable Hiftoire d'Hé» liodore, à laquelle j'ay fait prendre » le cothurne François, éclofe pendant » les bouillons d'une jeuneffe, s'ofe » jetter en l'afile de votre protection » comme feul, qui dans la France, » avez reçû ma Mufe à bras ouverts en » son affection, vû de bon œil ce peu » de fleur qu'elle a pû produire..... "Or, ne doutai-je point qu'affez de » Momes, plus louches d'envie, que fubtils de jugement, ne donnent icy » force coups de dents; mais en cela me fuffit la confolation d'avoir pour ❞ compagnons les meilleurs Poëtes de » notre France, à qui les rimeurs d'au»jourd'hui font encore la guerre dans » le tombeau. Mon ambition ne fut » & ne fera jamais fi lâche, que de » leur vouloir complaire, ni mon cou30 rage fi bas que de les craindre. Et » quant au Théatre François, chacun » fçait s'il m'eft redevable ou non. Une présomptueufe vanité ne m'emporte » pas auffi à dire, qu'entre cinq cens » Poëmes Dramatiques, tout marche " ” "d'un pas égal: le cours de la vie 1501 دو blème, 110. » humaine y contredit; joint que ma » fortune se peut apparier l'emblême »d'Alciat, où les fers de la pauvreté Alciat, emempêchent l'efprit de vôler dans les » Cieux. Il me fuffit affez que parmi » ce nombre incroyable, le bien em» porte le mal, & que cette telle quel» le vigueur de génie, après trente >>ans ne reçoive aucune diminution, prêt, plufque jamais de prêter le » collet à ceux qui en douteront. » Quoique ces difcours de Hardy foient parfemés de rodomontades, on pourroit cependant les lui paffer: c'eft un Auteur qui s'excufe, & qui, enflé de fes fuccès, & de fa réputation, cherche à faire valoir fon propre Ouvrage; mais il devoit s'en tenir-là, & ne pas ajouter « Ceux de ma profeffion qui » commencent à faire fortir leur nom >> en public par quelque foible ouvrage, » femblent donner eux-mêmes le coup » mortel à leur réputation....... Confi» dere au furplus, que ce ne font pas »icy Stances, Sonnets, ou Elégies. qui defirent des antithèses, des poin»tes, & des mots affectés à la Courtifanne, mais des Tragédies, peinture » laborieuse, pleine de racourciffemens, " دو »& capables d'épuifer les efprits 1601. les plus féconds. J'ofe au demeu»rant, avec une rodomontade Fran"çoife, & pleine d'effets, te dire » que deux cens Poëmes Dramatiques » font écoulés de ma plume depuis » ceux-cy, de meilleure trempe, con»tre l'injure des tems (a). (a) Nous venons de voir de quelle façon Hardy a juftifié fes Ouvrages, dont il s'eft cru enfuite en droit de faire l'éloge: Voici comme il attaque les nouveaux Auteurs qui s'éleverent de Hardy, Avis fon tems. « Ceux » ditdu 11. Tomeil « qui ne virent feulede fes Tragé- »ment la couverture des dies. » bons livres, qui fous » ombres de quelques » lieux communs pris » ou appris en Cour, fe » préfument avoir la » pierre Philofophale de » la Poëfie, & que quel»ques rimes plattes entrelaffées de pointes affinées dans l'alembic » de leurs froides concep»tions, feront autant de miracles que de »Vers, en chauffant le >> Cothurne : d'autres " auffi que l'on pourroit » nommer excrement du »Barreau, s'imaginent de mauvais Avocats pouvoir devenir de » bons Poëtes en moins » de tems que les cham» pignons ne croiffent » & fe laiffent tellement »emporter à la vanité » de leur fens, & des »louanges que leur don» ne la langue charlata»ne de quelque écervelé » d'Hiftrion, que de-là » ces miférables corbeaux >> profanent l'honneur » du Théatre de leur vi» lain croaffement.....& » pour montrer combien » ces mauvais archers ti»rent loin du but, je » dirai que le fujet de tel » Poëne faifant comme >> l'ame de ce corps, dois >> fuir des extravagances » fabuleufes, qui ne di» fent rien, & détrui» fent plutôt qu'elles » n'édifient les bonnes "mœurs; Que le vrai "ftyle tragique ne s'ac» corde nullement avec "un langage trivial, » avec ces délicateffes ef» féminées, qui pour Tout ce que nous venons de rapporter ne tend point à excufer les dé- 1601. fauts de Hardy, mais à montrer que fon génie, & fes talens étoient infiniment fupérieurs à fes Ouvrages. Quoique courant la même carriére, Scudery s'avoue fon difciple, & ajoute à fa mémoire, « il faut avouer, à la gloire » de cet Auteur, qu'il avoit un puissant >> génie & une veine prodigieusement abondante, (comme huit cens Poëmes de fa façon en font foy ) & cerà lui feul appartient la gloire d'a» voir le premier relevé le Théatre François tombé depuis tant d'années. » Il est plein de facilité, & de doctrine; »tes, رو r » chatouiller quelques oreilles courtisanes mécontentent tous les » Experts de ce métier.... la grace des interlocu» tions, l'infenfible douceur des digressions, »le naïf des comparai» fons, avec une égale » bienféance obfervée & » adoptée aux difcours » des perfonnages, un » grave meflange de bel» les Sentences, qui fon» nent en la bouche de » PA&teur, & raisonnent »jufqu'en l'ame duSpec tateur : Voilà, felon ce que mon foible juge » ment a reconnu depuis |