LES TROMPERIES, 1611. NEUVIEME ET DERNIERE COMEDIE En cinq Actes, & en Profe, DE PIERRE DE LA RIVEY. Es Guerres Civiles de France ex Lcitées par les Calviniftes, ayant caufé beaucoup de défordres, Fortu- devient éperduement amoureufe. L'a1611. mitié fraternelle l'engage cependant à profiter de la paffion de cette derniere, pour faire trouver l'amoureux Fortunat à fa place, à un rendez-vous nocturne; la pauvre Sufanne n'en fort pas fans porter des marques évidentes de fa foibleffe. Voilà l'état des chofes à l'ouverture de la Scene. Conftant, congédié rigoureusement par Gillette,Mere de Dorothée, cherche vingt écus pour appaifer cette vieille avare, & ordonne à Robert de lui rendre ce fervice. Cette commiffion eft d'autant plus défagréable, que la triste Geniévre travestie fous le nom de Valet, n'ofe déclarer fes fentimens pour Conftant, & fe trou ve dans la dure néceffité de le racommoder avec fa rivale. Mais elle eft faire pour les emplois mortifians & elle s'en acquitte de bonne foy. D'un autre côté, Dorothée emprunte des hardes d'un Médecin qui lui fait l'amour, & charge Fortunat de les mettre en gage, & de trouver les vingt écus que Gillette exige de Conftant, afin de faciliter le retour de ce favori. La Courtilanne tire auffi ce qu'elle peut en argent & en nipes d'un Capitan le plus lâche qui foit sous le Ciel qui lui rend de fréquentes vifites. Tout ceci ne fe fait pas fans les avis de la bonne Gillette, femme expérimentée. L'accouchement de Suzanne change la face des chofes, & conduit à la cataftrophe. Severin en paroît au défefpoir, fa fille trompée par les apparences, confeffe ingénuement que Robert eft le Pere de l'Enfant; Robert nie le fait, & avouant fon fexe, trouve une excufe infurmontable, mais comme, il n'ofe accufer le véritable Auteur, Severin demeure dans la même incertitude. Les pleurs & les plaintes que fait Geniévre à cette occafion, découvrent fon amour pour Conftant. Il en eft attendri, promet d'y répondre, & de renoncer pour toujours à Dorothée. L'arrivée d'Anfelme acheve de mettre ces Amans au comble de leur joye: Severin à qui on ne fait plus myftere des tromperies précédentes, & qu'on inftruit de la naiffance & du bien des enfans d'Anfelme, confent à leur union avec Sufanne & Conftant. Ce dernier perdu fans retour pour la Courtilanne, elle redouble fes careffes au vieux Médecin: mais un accident rompt leurs mefures. Adrien,Valet de ce Docteur, 1611. 1611. voulant reconnoître les faveurs fecretes de fa Maîtreffe, lui fait confidence des intrigues de fon mary avec Dorothée, & lui donne le moyen d'entendre leur conversation, & le mépris qu'ils ont pour elle. La femme perdant alors toute patience, sort de l'endroit où elle étoit cachée, & non contente de maltraiter de paroles la Courtifane, elle chaffe précipitamment le Médecin, fe promettant d'imiter fa conduite irréguliere. Dorothée privée de ces deux Amans, prend la réfolution de renouer avec le Capitan. Cette Piece eft la plus paffable des trois dernieres de la Rivey. TRAGEDIE DE JEANNE D'ARQUES, Dite la Pucelle d'Orléans, native d'Épernay près Vaucouleurs en Lorraine. Par un Auteur Anonyme. Ans pouvoir affûrer précisément fi cette Tragédie appartient à notre Histoire, nous la croyons beaucoup plus ancienne, que l'année de fon impreffion, fous laquelle nous l'avons placée. Il y a apparence qu'elle a été représentée fur un Théatre public, on peut le conjecturer par les paffages cideffous; le premier termine le Prologue. Or chaffez de vos cœurs tout ennuyeux foucy : Imitez Harpocrate, & fous une préfence Ornez noftre eschaffaut d'un Pharien filence. 1611. |