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fa Province, d'où il n'étoit jamais forti. 1612. Colletet avoit fes raifons pour parler ainfi, & fe fentoit intéreffé à faire valoir un Poëte à peu près de fa force. Le Lecteur va juger par l'Extrait suivant, fi le défaut d'ufage de la Cour, eft le feul qu'on puiffe reprocher à la Brouffe.

Quoique cette Tragédie n'ait été imprimée qu'en 1618. nous la plaçons cependant vers 1612. attendu que l'Auteur dans fon Epître dit que : «Cette Piéce a été retenue par plufieurs » années, & rendue comme inconnuë » aux hommes. » Le fujet du Poëme eft la naiffance de Romulus & de Rémus: leurs premiers exploits, & le rétabliffement de leur Grand-Pere fur le trône dont il avoit été expulsé par Amulius.

Voici comment Amulius parle à fa niece la Vestale Silvia Rhéa, qui a donné la naiffance aux jumeaux Romulus & Rémus.

AMULI U S.

... Venez louve eshontée. Voyez-vous la meschante? ô quelle eft effrontée !

Comme elle hauffe les yeux, & marche ar

rogament.

SILVIE.

Je chemine en Princeffe, & toy trop

chament

Tu veux fouler ma gloire, eftimant qu'im- 1612.

pudique

J'ay du preffant amour exercé la pratique.

Groffe ay-je efté vrayement, mais d'un fœt

qui n'a pû

Altérer mon honneur, ou les Dieux m'ont *; déçû

N'es-tu point fatisfait du meurtre de ta race?

AMULI U S.

Ne crains-tu point la mort

menace?

SILVIE.

› pour

ufer de

J'en fuis toute affurée, & j'en bénis le jour.
AMULIUS.

Mais premier, conte moy de ton gentil

amour.

Qui fut ce beau mignon, qui violant ta

couche,

Au fang du grand Procas donna telle escarmouche ?

1613.

BRINON.

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LA CALOMNIE,

TRAGEDIE

Taduite du Latin de Buchanan,
PAR PIERRE BRINON.

N

Ous n'entrerons point dans le détail de cette Piéce, qui ne paroît pas avoir été jouée, & qui au furplus n'eft qu'une traduction litterale, & en pareil nombre de vers, de celle de Buchanan. En voici deux qui nous ont paru plus remarquables. Saint Jean répond aux Pharifiens qu'il n'a jamais parlé contre la Religion, & le respect dû aux Souverains, il ajoûte:

Par moy le peuple obéïroit aux Rois, Les Rois à Dieu, fi je faifois des Loix. PIERRE BRINON, Confeiller au Parment de Normandie, & fils d'un Confeiller au même Parlement, étoit de de Rouen. Né avec de l'efprit, & de

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l'inclination pour la Poëfie, il cultiva dans fa jeuneffe.les Poëtes de fon tems, & fur tout Antoine de Monchrétien fon compatriote, qui avoit quelque réputation. Sans vouloir faire l'éloge de fes productions, on peut dire qu'il s'eft acquitté affez raifonnablement de fa traduction, & de celle d'un autre Tragédie du même Buchanan, intitulée JEPHTE, ou le Vau (a), qu'il fit paroître l'année fuivante. L'EPHESIENNE, Tragi-Comédie, qu'il donna en mê me-tems, fait encore mieux connoître le mérite de Brinon, & regretter qu'il n'ait pas continué: car voilà tout ce qu'on connoît de cet Auteur, qui vraisemblablement forcé de fuivre des Occupations plus férieuses, a négligé un talent, pour lequel il avoit d'heureufes difpofitions.

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1613.

1613. LES AMANTES

La Paftorale eft en vers de

medes en A

OU

LA GRANDE

PASTORELLE,

Enrichie de plufieurs belles & rares
Inventions, & relevée d'Intermedes
Héroïques, à l'honneur des François,

Par NICOLAS CHRÉTIEN,
Sieur des Croix.

L

A Piéce eft en cinq Actes, chacun dix fyllabes, termimé par un Interméde, le tout & les inter- précédé d'un Prologue, où l'Amour léxandrins, annonce les principaux événemens de la Paftorale, que l'Auteur a voulu traiter dans un goût bizarre, en joignant aux perfonnages de Bergers & de Satyres, un Magicien, un Capitan, & un Valet gourmand & balourd : ce qui fait un affemblage de Paftoral & de Comique, qui n'eft ni l'un ni l'autre.

Eurialle, amoureux de Floris, ne peut rien gagner fur le cœur de cette

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