Bergere, prévenue pour l'ingrat Arifton, qui ne penfe qu'à Cloride, amante fans efpérance de ce même Eurialle. Le Berger Delfis, rival de ce dernier n'eft pas plus heureux. Il préfere cependant les rigueurs de Floris, aux carreffes de Filine, & de la jeune Elicie, qui lui facrifie fans peine l'hommage de l'enchanteur Ifmen. Le Capitan Briarée, & un Satyre dont nous parlerons plus bas, groffiffent encore le nombre de ces Amans, & briguent les faveurs de Cloride : chacun d'eux,agiffant fuivant l'intérêt de fon cœur, tente des moyens pour parvenir à fon but. Le Magicien met fon art en ufage, & évoque les puiffances infernalles. IS MEN. Sus Bélial, Sathan, & Mildéfaut, Torchebinet, Saucierain & Grihaut, Francipoulain, Noridor, & Craincelle Afmodéus, & toute la fequelle. Venez ici troupe, je vous conjure .. Par le noin trine en fes propriétez, : Par fon effence, & par fes dignitez, ↓ I 1613. 1613. Par fon bras fort, qui de fon haut Empire Les Démons arrivent à fon commandement; & lui promettent leurs fervices. DÉMONS. Nous le ferons, n'en fois plus en foucy, Retournez donc au Royaume noircy. Sur ces entrefaites, Eurialle rencontre le Satyre amoureux de Cloride, qui lui fait présent d'une herbe qui a la vertu de lui faire prendre aux yeux de Floris, la figure d'Arifton qu'elle aime. Eurialle par reconnoiffance enfeigne au Satyre le lieu où Cloride eft endormie. Prête à être violentée, cette belle s'éveille, & appelle du fecours. CLORID E. A l'aide, ô Dieux ! ce Satyre effronté, Satyre. Il dit enfuite à Frontolin fon Valet, d'aller faluer fa Maîtreffe de fa part. BRIARE E. Sus, marche donc devant. Et fais pour moy quelque difcours fçavant. Ne faut-il pas faire la révérence ? Ouy, d'une brave & fuperbe affurance. BRIARÉE. Après celà ? Après ?... Dire bon jour. 16130 FRONTOLIN. Cà, je vais donc bien commencer l'amour, Madame hau? BRIARÉ E. Hau! Frontolin, retourne. FOONTOLIN. Que Diable à vous? voftre fureur détourne Retiens à faire une majefté belle. Ce Capitain, Briarée nommé, Pour bien jouer; batteur, fendeur d'oreilles, 1613. De vostre amour il est fort en efmoy; Et vous voudroit faire un enfant, je croy," Cloride écoute avec la même indifférence les complimens ridicules du Valet, & les fanfaronades du Maître. Briarée piqué de ce procédé, va trouver Ifmen, qui lui apprend certains mots, qui ont la force de contraindre la plus rebelle, à fuivre la perfonne qui les prononce. Eurialle trouvant une occafion favorable, fe fert avec fuccès de l'herbe indiquée par le Satyre; Floris trompée par le charme, lui jure un amour éternel; la préfence d'Arifton défille les yeux de la Bergere, elle rougit de fon erreur, & fort toute interdite. Pendant ce tems-là, le brave, Briarée enleve Filine & Elice, & les conduit au Magicien. Le Berger Delfis qui furvient très-à-propos les garantit de ce péril; Ifmen, & le Capitan s'ef quivent en diligence, chacun de fon côté. Eurialle vient enfuite faire retentir la Scené de fes regrets & de fon défefpoir, ne cherchant qu'à terminer une ennuyeuse vie. Enfin, ne fçachant plus que faire, il fe couvre de la peau d'un Ours fraîchement écorché, & en cet paro équipage, fe retire triftement dans un FLORIS, pleurant. -Ochaftes vers, chaftement prononcez! Elle va trouver Ifmen, pour rendre la fanté à Eurialle, qu'elle époufe. Le Satyre dont nous avons déja parlé, nẹ pouvant plus fonger à Cloride, tourne 1613. |