1615. Les Paillards disent qu'ils ne man queront pas de s'y trouver. « Le Trompette joue une fanfare, » & puis frappé à la porte. » TROMPETTE. .. Tenez, fotte canaille, Cette jeune beauté, que je vous livre & Dans peu de teins d'icy, vous verrez un Qui viendra pour jouir de fon corps fi gail Entrez, Mignonne, entrez, dans ce lieu de délices. SAINTE AGNE'S. Helas! pluftoft, hélas ! au cloaque des vices. Nous vous allons mener dedans un cabinet Lequel eft fort gentil, bien agréable & net : Il est fort bien meublé de lit, & de couchette. Sainte Agnès fe met en priere, & demande à Dieu la grace de conserver fa pudicité: un Ange vient, & lui promet que perfonne n'y pourra attenter. En effet, les deux Paillards font aveuglés: Martian tombe mort; Symphronie, qui apprend le malheur de fon fils, vient tout furieux en faire des reproches à Sainte Agnès, cette der- 1615. niere invoque la puiffance Divine & reffufcite Martian, qui confeffe la Foy Chrétienne. Sainte Agnès eft livrée au Prevôt Alpar, & ce Tyran après l'avoir beaucoup fait fouffrir, lui fait trancher la tête. LUCRECE, O U L'ADULTERE PUNI. TRAGEDIE D'ALEXANDRE HARDY. C Omme on pourroit être trompé par le titre de cette Tragédie, il eft néceffaire de faire connoître, qu'elle eft la Lucrece, qui en fait le fujet, bien différente de la Romaine, dont tout le monde fçait l'histoire. Servons-nous de l'argument de l'Auteur. «Télémaque, jeune Seigneur Espa» gnol, renommé tant par l'extraction, "que par le courage, époufe Lucrece دو l'une des plus belles, & accomplies 1616. " رو رو » Damoiselle de ce tems, que le bon 1616. traitement du mary n'empêche de » courir au change, s'amourachant d'un » Gentilhomme voifin, nommé Myr»rhene, ce que la jaloufie de certaine Eriphile,Courtifane qu'il entretenoit, découvre à Télémaque, auffi défi»reux de la nouveauté, que fa femme » impudique. De forte que luy, fous » ombre de faire un voyage aux champs, furprend ce couple adultere enfemble, & le tue. Mais ne penfant » à rien moins, eft après tué de l'un des » intimes de Myrrhene, qui l'accompagnoit d'ordinaire en ce voyage رو » amoureux. » Voici l'endroit où Télémaque furprend les deux coupables, & les punit d'un feul coup. TE'LE'MAQUE à part. O cieux ! ô cieux ! la louve à fon col se pen- Et de lafcifs appas provoque l'impudent, che, D'un clin de teste au lit l'appelle à l'escar mouche. fortant fur eux. Ma patience échape, exécrable P...... Tu mourras à ce coup, tu mourras de má main. *** 《 དུ《 ** ***** LA COMEDIE DES PROVERBES, PIÉCE COMIQUE D'ADRIEN DE MONTLUC, En Profe, trois Actes, & un Prologue. A DRIEN DE MONTLUC, Prince de Chabanois, Comte de Carmain, ou de CRAMAIL, un des beaux efprits de la Cour de Louis XIII. étoit né l'an 1568. de Fabien de Montluc, fils du fameux Maréchal Blaife de Montluc. Il paffe conftamment pour l'Auteur de la Comédie dont nous parlons. On lui attribue auffi les Jeux de l'Inconnu Ouvrage dont le Cardinal de Richelieu s'étoit fort moqué, & avec raison, car c'eft un tiffu perpétuel de quolibets, & de turlupinades, & vraisemblablement, le furplus de ceux qui n'avoient pû entrer dans fa Comédie, dont on pourroit porter un pareil jugement, quoi 1616. 1616. qu'elle ne foit pas fans mérite. Mais c'étoit le goût, & le génie du Comte de Cramail, un peu trop porté vers la Farce, & le bas comique. Les bornes que nous nous fommes prefcrites, empêchent d'entrer plus avant dans les détails de fa vie, qui n'appartiennent point à notre Théatre. Il mourut.le 22 Janvier 1646. âgé de 78 ans, & ne laiffa qu'une fille unique, Jeanne de Montluc, qui fut mariée à Charles d'Efcoubleau Sourdis, Marquis d'Alluye, & deux fils naturels, l'un de Françoise de Riouperous, nommé Marc-Antoine, & l'autre d'Anne Guette, appellé Jean-Jacques, qui furent légitimés en May 1632. La Piece qui fait le fujet de cet Article, eft fans contredit la plus comique & la plus facétieufe du tems, & a dû avoir un fuccès prodigieux. L'intrigue en eft très-fimple, l'Auteur n'en demandoit pas davantage, les Scenes plaifantes, & le plan foutenu jufqu'à la fin puifqu'en effet l'ouvrage d'un bout à l'autre n'eft qu'une fuite, & un enchaînement de quolibets, de façons de parler proverbiales, & de prétendus bons mots, ufités encore aujourd'huy parmi le bas peuple, Cette idée eft heureuse |