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heureuse pour compofer une Farce:
car on ne peut lui donner un autre
titre : mais c'est le badinage d'un hom-
me d'efprit, qui, emporté par un goût
fingulier, a voulu entrer dans des dé-
tails au-deffous de lui, & employer à
cet amusement quelques heures d'une
oifive jeuneffe. Malgré fa réuffite, &
le nombre d'impreffions, cette Comé-
die eft affez ignorée; ce qui refte d'an-
ciens Exemplaires, eft entre les mains
de certains curieux, & les nouvelles
Editions, ne femblent destinées que
pour la Populace, trop accoutumée à
ce genre de difcours, pour y goûter
un certain plaifir, & en même tems
à portée d'en difcerner l'art, &
l'arrangement. L'Extrait que nous en
donnons la fera mieux connoître.

peu

Le Docteur Thefaurus ouvre la Sce

ne par un Prologue entrelardé de paffages latins, & vient captiver la bienveillance des Spectateurs (a) qu'il

(a) L'ufage des Prologues a été introduit fur le Théatre François à l'imitation des Anciens ; on les employoit comme des Argumens, afin de mettre les SpeЯateurs au fait. Dans la fuite çes Prologues ne fervirent Tome IV

qu'à amufer le peuple
en attendant que la Pie-
ce commençât, & em-
pêcher qu'il ne s'impa-
tientât, ce qui n'arri-
voit que trop ordinaire-
ment avant qu'on eût
fongé à remédier aux dé-
fordres qui y font fur-
K

1616.

1616.

رو

cc

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quitte, après avoir ajouté « Je vous
» dirai en deux mots, à coupe-cul,
» pour m'expliquer plus clairement
» c'eft que nous vous prions inftam-
»ment de donner un filence, en ré-
compenfe,& contr'échange de quoy,
"troc pour troc, à petits frais, fans
»bourfe délier, je vais querir mes
» compagnons, qui diront, & feront
» comme Robin fit à la danfe, du
» mieux qu'ils pourront; Qui dit ce
qu'il fçait, & donne ce qu'il a, n'eft
» pas tenu à davantage. Si vous ne le
» voulez pas croire, charbonnez-le, &
» pour conclufion donc, je vous dis que
» l'expérience eft maîtreffe de toutes
»les fciences, & experto crede Roberto:
Mais comme il n'y a fi bonne com-
pagnie qu'enfin ne se sépare, Adieu,
» fans adieu, amour fans regret, Vale-
»te, valete, atque iterùm valete.

رو

ACTE PREMIER.

L

Idias, Gentilhomme plus noble que riche, aime & eft aimé de Florinde, fille du Docteur Thefaurus,

venus depuis, & qui ont -occafionné les reglemens qu'on a été obligé de

faire. On peut voir à ce fujet les Prologues de des Lauriers.

vieillard avaricieux, qui préfere un certain Capitan appellé Fierabras. Pour vaincre cet obftacle, Lidias ne trouvé pas de plus fûr moyen, que d'enlever fa Belle de fon confentement, l'emmener quelques mois à la campagne, & profiter de ce tems-là pour faire fa paix avec le Pere. C'eft en cet état qué la Piece commence. Cet Amant fuivi d'Alaigre fon valet, & de quelques affiftans, vient fe préfenter la nuit à la porte de Florinde; qui descend avec Philippin, valet du Docteur; pour donner le change, Alaigre feignant de fraper ce dernier, perce une veffie pleine de fang.

PHILIP PIN.

cc Au meurtre, au fecours, on m'affaffine » comme dans un bois. >>

FLORINDE.

ee Aux voleurs, à l'aide, fecourez-moy, on m'enleve comme un corps faint.

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Marin, Bertrand, & Clabaut voffins du Docteur, accourent au bruit, mais ils rentrent bien vite, & ne jugent pas à propos de fe mêler dans la querelle.

and mold BERTRAN D.

- Pour trop gratter, il en cuit aux ongles; Qui garde fa femme & fa maison a affez

1616.

1616.

» d'affaires; mais cependant on s'étrangle, »il eft tard Jacquet, retirons-nous tretous >> enfemble, chacun chez foy. Bon jour, bon foir, c'eft pour deux fois, l'on crię > demain des coterets à Paris. »

ככ

Thefaurus revenant fort fatigué de S. Denis, frape à fa porte, & réveille fa femme Macée. Un Voifin entre, & raconte l'enlevement de Florinde.

THESAURUS.

« Helas! mon voifin, j'ay perdu la plus belle rofe de mon chapeau; la fortune m'a » bien tourné le dos, moy qui avois feu & » lieu, pignon fur rue, & une fille belle » comme le jour, que nous gardions à un » homme, qui ne fe mouche pas du pied

» &c.»

MACE'E à Bertrand.

ec Vous êtes auffi un vaillant champion ɔɔ je ne m'en étonne pas: vous êtes un grand » abbatteur de quilles, c'eft dommage que la caillette vous tient. Voilà ce que c'est d'avoir de bons voifins, j'en fommes bien atournez, ils font les bons valets quand on n'en a plus que faire. Mais à qui venṛ dez-vous vos coquilles? à ceux qui viennent de Saint Michel? »

BERTRAN D.

ec Voilà ce que c'eft, faites du bien à un vilain, il vous crachera au poing: peignez» le, il vous oindra: greffez-luy fes bottes » il dira qu'on les brule. »

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MACE'E.

Vous en avez tout plein, mais c'est com>>me les Suiffes portent la hallebarde, par deffus l'épaule. Au befoin on connoît les amis: bien, c'eft la devife de Monfei» gneur de Guife, chacun à son tour. »

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THESAURUS.

......

ec Ma femme il falloit que vous ful> fiez bien endormie, pour ne point entendre le fabat de ces maudites gens-là il y a » là du micmac, on avoit mis fans doute de 5 la poudre à grimper fous le nez, ou bien > vous aviez du coton dans les oreilles ; mais >> patience paffe science, il ne faut point tant chier des yeux.

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MACE'E pleurant.

« Marchand qui perd ne peut rire, qui perd fon bien perd fon fang, qui perd fon » bien & fon fang, perd doublement. &c. »

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THESAURUS.

« Mais, mon voisin, ne vous défiez-vous point qui m'auroit joué ce tour-là. »

BERTRAND.

« Je ressemble à chian-lit, je m'en doute, » Ce pourroit bien être quelqu'amoureux > tranfi, qui vous auroit fait cette échau>> fourée. »

3

MACE'E.

« Je ne fçaurois m'imaginer qui nous a fait cette écorne. Si Lidias étoit en cette » Ville, je croirois bien que ce fut luy qui » auroit mangé le lard.

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1616.

« ÀÌÀü°è¼Ó »