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AMAN.

Oui, mais ne sçais-tu pas ce que le Roi 1617.

commande,

Que le peuple m'adore, autrement qu'on le

pende?

Et encor ofe-tu te montrer devant moi!
Je t'apprendray bientôt à méprifer le Roy.
MARD.OCHÉ B.

O le grand personnage! adorer un tel
homme ?

J'adorerois plûtôt la plus petite pomme,
Et ne fait-il pas beau, qu'un petit raboteur,
Qu'un homme roturier reçoive un tel hon-

neur t!

Tu te devrois cacher, &c.

ACTE III.

EN

N quittant la table d'Esther, Affué rus le fait lire les Annales de fon Empire. Il trouve que Mardochée a rendu un service important, fans en avoir été récompenfé. Sur ces entrefaites, Efther vient porter fes plaintes contre Aman, Le Roi, fans vouloir l'é couter, ordonne qu'on le pende. Le Bourreau entre au même inftant, & faifit le criminel par le collet.

1617.

ΑΜΑΝ.

Il me faut donc mourir.

BOURRE A U

C'eft chofe réfolue :

Oui, il te faut mourir : Tiens, le Roi te

falue,

C'est ton dernier carcan. Allons il fe fait tard.
AMAN, •

1.

Je te prie, ô Bourreau, ayés un peu d'é

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gard

A moy qu'à un autre homme. Hélas que d'amertume, &c, 10%

Aman continue à déplorer fon fort: le Bourreau s'impatiente, & veut exécuter les ordres,

BOURRE A U.

C'est par trop caquetté,

Allons, voilà bien dit, pour moi je fuis

hâté !

*

PIRA ME

E T

THIS BÉ,

TRAGEDIE

DE THEOPHILE.

T

Oute foible qu'eft cette Tragédie, elle eût un fuccès inouï. dans fa nouveauté, & fe conferva longtems au Théatre. En effet,elle eft la plus fupportable de toutes celles qui avoient parués jufqu'alors fur la Scene Françoife, & au-deffus des Poëmes de Garnier. On y peut remarquer une forte de conduite, qui ne fe trouve pas même dans fes contemporains. Elle n'eft point enfin fi exceffivement ennuyeufe que les Piéces de Hardy, dont celle-ci fit encore plus fenfiblement appercevoir lés défectuofités. En un mot, on peut regarder la premiere représentation de Pyrame & Thisbe, comme l'époque fatale de la gloire de cet ancien Auteur, & le premier coup porté à fa réputation, que Racan, Mayret, & les autres qui vinrent après, acheverent

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1617.

24.

d'obfcurcir. (a) Si Théophile eût con1617. tinué à travailler en ce genre, il auroit peut-être évité certains défauts, &

Mémoires de (a) « Hardy avoit Marolles, P.» compofé plus de huit »cens Piéces de Théatre, » dont les vers étoient » fi durs, qu'elles les » rendirent

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fondu l'ordre des tems

que ces Poëtes ont part au Théatre, pour la première fois, au lieu que Sorel l'a fuivi plus exacdéfagréatement, comme nous le

» bles, au même-tems » qu'on vit paroître les » Bergeries de Racan, la »Thisbe de Théophile » & la Sylvie de MaySorel, Bi- » ret. » Joignons ici un bliothéque paffage de Sorel, que Françoise, nous avons rapporté Pag. 186. plus au long dans la vie de Hardy. Il s'étoit » paffé un long tems que les Comédiens n'avoient éu autre Poëte » que le

verrons par la fuite. Ce que nous avançons du fuccès de la Piéce, & du long-tems qu'elle refta au Théatre, fe juftifie par le témoignage des Auteurs contemporains. On ne rapportera que ce qu'en a dit Scudery dans fa Comédie des Cómédiens', qui fut représentée au commencement de 1635, dix-huit ans

» Maisieux Hardy...- après la Piece de Théo

que »phile cut fait jouer fa » Thisbé & Mayret fa

e Théophile. C'est beau-foleil qui parle, & qui fait l'énumération des Poëmes qu'ils peuvent jouer. «Nous avons, dit-il,

Silvie, M. de Racan » Les Bergeries, & M. de » Gombaud fon - Ama»ranthe, le Theatre fut » plus célébré,&plufieurs » s'efforcerent d'y don»ner un nouvel entre-

tien. »>> Ce difcours eft au fond le même » que celui de l'Abbé de Marolles, à la référve, que foit négligen ce, foit faute de mémoire, celui-cy a con

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mieux entendu le Théatre. (a) M. Defpréaux, qui relève les deux vers fuivans, que l'Auteur fait dire par Thisbé.

Ah! voici le poignard, qui du fang de fon

maître

S'eft fouillé lâchement. Il en rougit le traître. M. Despréaux, dis-je, n'a pas ignoré qu'une partie de la Piéce eft remplie de ces fauffes penfées. Au cinquiéme Acte, Pyrame croyant qu'un Lion a dévoré Thisbé, apoftrophe ainfi cet

animal.

Toy fon vivant cercueil, reviens me dé-
vorer,

Cruel Lyon, reviens, je te veux adorer.
S'il faut que ma Déeffe en ton fang fe con-
fonde,

Je te tiens pour l'Autel le plus facré du
monde.

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Mais pour juftifier les louanges qu'on a donné à cette Tragédie, ajoutons

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1617.

« ÀÌÀü°è¼Ó »