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1617.

ici quelqu'endroit paffable. C'eft au quatriéme Acte, lorfque Thisbé & fon Amant prennent la réfolution de s'enfuir ensemble.

THIS BÉ.

Je ferai bienheureuse, ayant de la fortune Et difgrace, & faveur avecque toy commune.

Lorfque je n'aurai point d'efpions à flatter,
Que je n'aurai parens, ni mere à redouter :
Et qu'Amour ennuyé de se montrer barbare,
Ne nous donnera plus de mur qui nous fé-

pare.

Lors, je n'aurai perfonne à refpecter que

toy.

PYRAME."

Lors, tu n'auras perfonne à commander

que moy.

Deffus mes volontés la tienne fouveraine
Te donnera toujours la qualité de Reine,
Thisbé, je jure ici la de tes
grace

yeux,

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Ce dernier vers eft heureux ; il est

l'original de ce joli couplet.

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J'en jure par tes yeux (bis)

Serment qui m'eft plus cher que de jurer les

Dieux,

Que fi tu m'aime bien, je t'aime encore mieux.

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Paffons préfentement à la vie de l'Auteur.

THEOPHILE VIAUD, plus connu fous le fimple nom de Théophile, naquir vers l'an 1590. à Boufferes Sainte Radégonde, Bourgade de Guienne dans l'Agénois, fur la rive gauche du Lot, un peu au-deffus d'Aiguillon, dans le voifinage de la Garonne, & à une demie lieué du Port Sainte Marie. Quelques Auteurs mal informés, ont avancé qu'il étoit de Clérac, mais fans fon dement, puifque la preuve du contraire fe trouve dans fon apologie latine, & plus clairement encore dans une lettre écrite de fa prifon à fon frere (a). A l'égard de la naissance, le Pere Garaffe

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1617.

1617.

fe livrant un peu trop à fa paffion, dit, Livre I. Chapitre XIV. de fa Doctrine Curieufe, qu'il étoit fils d'un Cabaretier de Village. Théophile répon dit, par l'apologie latine, dont on vient de parler, que fon extraction n'étoit point fi méprifable, puifque fon ayeul avoit été Secretaire de la Reine de Navarre, que fon pere ayant pris d'abord le parti de la Jurifprudence, avoit quelques années fuivi le Barreau au Parlement de Bourdeaux: mais que forcé par les guerres civiles, à quitter cette Capitale de la Guyenne, il s'étoit retiré au pays de fa naiffance, & avoir confacré le refte de fes jours aux Mufes. Il ajoute, qu'un de fes oncles, frere aîné de fon pere, avoit obtenu du Roi Henri IV. le Gouvernement de Tournon en Agenois, pour récompenfe de fes fervices militaires. Théophile vint à Paris en 1610. fon éducation, fon efprit, & fes talens pour la Poëfie Françoife, lui donnerent entrée dans plufieurs maifons, & l'introduifirent à la Cour. Sa Tragédie de PrRAME & THISBÉ, acheva d'établir fa réputation (a): mais fes mœurs irré

(a) On a placé cette piéce fous la fin de l'an

née 1617. qui eft au plutard le tems, où elle

gulieres, & fes poëfies licencieuses lui fufciterent de fâcheufes affaires. En 1619. le Roy lui fit fignifier par le Chevalier du Guet, un ordre de fortir du Royaume. Il obéit & paffa à Londres: c'eft ce qui a donné lieu de diré, mal-à-propos , que le Roi d'Angleterre l'avoit appellé. (a) Ses amis, & fes protecteurs folliciterent fon rappel. A fon retour, il abjura la Religion Calvinifte, dans laquelle il étoit né, pour embraffer la Catholique. Cette dé

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peut avoir été repréfentée: Voici les raifons qui nous le font conjecturer. Il eft incontestable que Mayret n'a commencé à travailler pour le Théatre, que depuis Théophile. Nous rapporterons ci-deffous la preuve certaine que Chrifeide & Arimant, premiere piéce de Mayret, parut dès 1620 Pyrame & Thisbé eft donc néceffairement antérieure à cette date, & doit mêine avoir précédé, au moins d'un an, le voyage que Théophile fut obligé de faire à Lodres: ce qui revient à notre calcul. Si ces faits n'étoient pas appuyez d'autorités ils pour

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roient paroître extraor
dinaire à ceux qui ne
connoiffent le Théatre,
que par des recherches
fuperficielles, affemblées
à la hâre, fans goût, &
fans difcernement. Mais
nous tâchons avec foin,
& autant qu'il eft poffi-
ble, de trouver la vé-
rité de l'Histoire, fans
nous arrêter au feul
frontifpice d'un Ouvra-
ge, ni à des idées vul-
gaires, & qui n'ont au-
cun fondement.

(a) Ce voyage eft réel.
Théophile le fit en 1619.
11 eft vrai que le Roi
d'Angleterre ne voulut
pas le voir, mais il eft
faux que ce Prince l'ait
jamais maudé.

1617.

1617.

marche ne changea point fon carac tere; fon efprit inquiet & libertin lui attira encore de nouveaux embarras. On le foupçonna d'être Auteur du Parnaffe Satyrique, qui fut imprimé à la fin de l'année 1622. Il fut poursuivi criminellement à cette occafion, & le Parlement commença à lui faire fon procès. Théophile en craignit les fuites, -& s'enfuit. Le Parlement continuant toujours les pourfuites en fon abfence, rendit enfin un Arrêt le 19. Aouft 1623. par lequel il fut déclaré criminel de leze-majefté Divine, pour avoir compofé, & fait imprimer des vers impies, contre l'honneur de Dieu, fon Eglife, & l'honnêteté publique; & comme tel, à faire amende honorable devant Notre-Dame, & enfuite être brûlé en place de Gréve. Cet Arrêt fut exécuté en effigie. Pendant ce temslà, Théophile errant en différens endroits, fe réfugia enfin au Catellet en Picardie. On découvrit fa retraite, il y fut arrêté par un Lieutenant de la Connétablie, qui l'amena à la Conciergerie le 28. Septembre fuivant. On le renferma d'abord dans le cachot où avoit été mis Ravaillac. Son procès fut revû, & examiné avec beaucoup d'at,

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