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tention. Le terme de deux ans, qu'on
mit à l'inftruction, donna au Public 1617.
tout le tems d'hazarder fes conjectures.
On difoit communément dans le mon-

de
, que Théophile étoit un homme
perdu fans reffource. Ses amis, & fes
partifans foutenoient fon innocence,
& quelques perfonnes défintéreffées le
jugeoient plus fou que coupable. (a)
L'évenement juftifia le fentiment des
derniers: car l'Arrêt qui fut prononcé,
condamna feulement notre Poëte à un
banniffement. Lorsqu'il fut en liberté,

(4) Balzac en parle affez défavantageufement

J

dans fa XIV. Lettre du premier Livre; qui eft adreffée à M. de Bouthilier, évêque de Senlis. Elle eft datée du 20. Septembre 1623. La réponse qu'y fit Théophile est imprimée dans les dernieres éditions de fes Oeuvres; elle mérite d'ê tre lue. Je doute qu'il eûr pû auffi facilement répliquer à ce que M. 1herbe en écrivit à M. de Rácan, le 4. Novembre de la même année, & fix femaines après l'emprifonnement de l'Auteur. » Pour Théophile, dit»il, je ne fçaurois que » vous en mander. C'eft

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» une affaire, qui, fe-
»lon la coutume, a fait
» grand bruit à fa nou-
» veauté. Depuis, il ne
» s'en eft prefque point
› parlé. Ce qui m'en
» donne plus mauvaise
» opinion, c'est la con-
»dition des perfonnes à
» qui il a affaire. Pour
» moi je penfe vous
» avoir déja écrit, que
» je ne le tiens coupa
» ble de rien, que de
» n'avoir fait rien qui
» vaille au métier dont
» il fe mêloit. S'il meurt
» pour celà, vous ne de-
» vez point avoir de
>> peur; on ne vous pren-
» dra pas pour un de fes
» complices,» &I.

1617.

cy,

il fe retira chez le Duc de Montmoren fon ancien protecteur. Il y tomba malade quelque tems après. Sa maladie commença par une fiévre tierce, qui fe tourna en quarte: & les fatigues de fa prifon, la rendirent peu à peu mortelle. Il mourut à Paris le 25. Septembre 1626. âgé de trente-fix ans, après avoir reçu tous les Sacremens de l'Eglife, & fut enterré dans le Cimetière de Saint Nicolas des Champs. (a) Saris vouloir examiner les mœurs & la con duite de cet Auteur, qu'il feroit dif ficile de juftifier, ne l'envifageons que du côté de la Poëfie Dramatique. A en. juger par fa Tragédie (6), il eft certain

(a) Chorier rapporte dans la vie de Pierre

Boiffat, page 35. du premier Livre, que la veille de la mort de Théophile, Boiffar, qui étoit fon ami, l'étant allé voir, Théophile lui témoigna une grande envie de manger des anchois, & le pria inftamment de lui en envoyer: mais que Boiffat, perfuadé que ce mêts étoit fort contraire à un malade, refufa de le fatiffaire refus dont il fe repentit depuis, difant que ces anchois auroient

peut être fauvé la vie à fon ami la nature demandant quelquefois des chofes, qui toutes mal faines qu'elles paroiffent, peuvent être falutaires, par la difpofition particuliere où l'on se trouve.

(b) Des Barreaux qui avoit connu Théophile, prétend qu'il eft Auteur de la Sophonisbe que May ret a fait paroître au Théatre. C'est un fair que nous n'ofons affurer, & qui nous paroît fort douteux. On lui attribue encore une Tra

qu'on y reconnoît de l'efprit, des talens, une imagination vive, & quel

gédie intitulé PASIPHAE', qu'il compofa, dit-on, au commencement de fon entrée à la Cour, & qui ne fut imprimée qu'en 1627, fans avoir été repréfentée. Le Libraire, dans fon avis au Lecteur, n'ofe dire trop affirmativement qu'elle foit de ce Poëte : il ajoute feulement qu'un de fes particuliers amis l'avoit affuré, & juré en préfence de gens notables Cet ami paroît bien être ce même Des Barreaux, accoutumé à jurer en faveur de Théophile. Quoi qu'il en soit, la piéce n'eft pas capa ble de relever la réputa

tion de cet Auteur qui, au cas qu'elle foit de lui, a fait fort fagement de n'es pas fouffrit l'impreffion de fon vivant. Elle contient au refte l'hiftoire, & les fuites de l'amour de Pafiphaé : le tribut que Minos éxige des Atheniens pour fervir à la nourriture du Monftre l'arrivée de Théfée; la paffion d'Ariadne pour ce Prince, & leur fuite avec Phédre. Veut-on voir un échantillon de la Poësie. Les filles d'Athénès gémiffent contre le fort qui les deftine à être la proye du Minotaure.

UNE FILLÉ.

De ce monftre bourreau l'imaginé vifage
Se préfente à mes yeux, me tranfit le courage,
Me glace tout le fein de mortelles terreurs,
Et déjà de l'Enfer me fait voir les horreurs.

UNE AUTRE FILLI.

Dieux! on nous fait mourir.

THE'S E' É.

Etes vous ignorantes
Des trois fatales Sœurs qui font tout dévorantes?
L'une tient la quenouille, & l'autre le fuzeau,
Mais la troifiéme porte un funefte cizeau,
Qui, felon que les Dieux ont mefuré notre âge,
Prompte coupe la trame, & finit fon ouvrage,
Croyez-vous toujours vivre au terreftre féjour ?

FILLE.

Mais en notre Printems nous eft ravi le jour.

1617.

quefois des penfées affez heureufes: 1617. mais aucun jugement ni jufteffe. C'estlà ce qui manquoit totalement à Théophile, & ce qui est cause que fa Poëfie eft fi inégale, & qu'elle tombe fi fréquemment dans le puérile & le ridicule.

1618. AL CMÉON,

TRAGEDIE

D'ALEXANDRE HARDY.

C Paufanias, eft

E fujet tiré de Plutarque & de eft propre

THE'S E' B.

à compofer

Et c'eft en quoi les Dieux nous obligent encore,
La vieilleffe, d'ennuis, ainfi ne nous dévore.
Nous ne fçavons que c'eft d'un continu cracher,
Qui nous vient les poulmons en phlegmes arracher:
D'être fourds, chaffieux, & glacez d'un catherre,
Bref de traîner un corps qui n'eft rien que de terre.
Entrer au monument auffi fecs que les os
Qui depuis tant des fiécles y demeurent enclos.

FILLE.

Mais nous mourrons fans mal d'une mort vielente ?

THE'S EE.

C'eft pour vous exempter de quelque fiévre lente,
D'un fyncope fubit, ou d'un ardent poison,
Maux qui font par le corps malade la raison,
Affoibliffent l'efprit, plongent deffous la lame
Avec la cendre morte une grand'part de l'Ame
L'empêchent de voler à l'immortalité,
Etouffant de fes feux la noble qualité, &

une belle Tragédie, & a été traité depuis mais Hardy n'étoit pas affez régulier, & travailloit avec trop peu de foin, pour la rendre paffable. Il a fuivi à fon ordinaire fa narration de point en point. Accoutumé à une certaine maniére d'écrire l'exemple des modernes n'a pû le toucher.

L'AMOUR VICTORIEUX

ου

VANGÉ,

PASTORAL E

D'ALEXANDRE HARDY.
Argument de l'Auteur.

دو

دو

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"LYcyne & Adamante, jeunes Bergeres de plus belles & mieux » apparentées de l'Arcadie, rendent » Philere & Nimée, couple de Bergers, qui répondoit à ces Nymphes rufti» ques de mérite & de fortune, éper» duement amoureux de leurs perfec» tions: mais comme l'orgueil femble inféparable de la beauté, ces fuperbes, pour retrancher toute espérance » de mariage à leurs fidéles Amans,

دو

1618.

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