ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

LE MARTYRE

DE STE CATHERINE,

TRAGE'DIE SACRE'E du même.

[ocr errors]

E fujet, comme l'annonce l'Auteur, eft tiré très-fimplement de la Vie des Saints, & comprend la difpute de Sainte Catherine avec des Docteurs qui ne font que de pitoyables raifonnemens. A la vérité, ceux que le Poëte prête à la Sainte, ne font guéres meilleures elle ne laiffe pas de confondre & de convertir les adverfaires, & en même-tems un nommé Porphyrio, Capitaine des Gardes de l'Impératrice, qui s'avife de vouloir prendre part à la difpute. Elle lui demande d'abord s'il a lû? Il avoue naïvement que non : fur cette réponfe, la Sainte lui cite une foule de paffages de l'Ancien & du Nouveau Teltament. Porphyrio qui n'y comprend rien, ne pouvant répliquer, eft obligé de fe confeffer vaincu, & augmente encore le triomphe de l'Héroïne Chré tienne.

1618.

1618%

LES BERGERIES

O.U

ARTÉNICE, (a)

PASTORALE

DE M. LE MARQUIS DE RACAN.
E tous les Ouvrages de M. de

D Racan, le plus connu, & celui

qui lui donne encore aujourdhui fa plus grande réputation, c'est la Pastorale dont nous allons rendre compte: elle parût dans le tems que celles de Hardy

(a) M. de Racan ne fit imprimer fes Bergeries, qu'en 1625. mais fûrement elles parurent au Théatre en 1618. & précéderent les premiers Ouvrages de Mayret. Ce dernier en convient dans fon Epitre familiere à M. Corneille au fujet du Cid: voici comme il s'exprime: « Pour ma Silvie, » que vous nommez les » faillies d'un jeune Eco »lier qui craint encore le fouet, vous ne fçau »riez Hier qu'elle a bril»lé dans un tems que » celles de M. Hardy » n'étoient pas encore

[ocr errors]

» hors de faifon, & 'que » celles de ces fa» meux Ecrivains Mef» fieurs de Racan & Théo-' »phile confervoient en» core dans les meilleurs » efprits cette puiffante

impreffion qu'elles a→ "voient juftement don»nées de leur beauté > » &c.» Au refte ce Poë, me ne fut point repréfenté fous le titre des 'Bergeries on l'intitula l'Artenice du nom du principal perfonnage de cette Paftorale; & on retrancha beaucoup de vers de la Piece pour la rendre Théatrale.

étoient

étoient fur la Scene Françoife, & elle les en fit defcendre d'une façon à ne plus ofer s'y montrer. En effet, autant les Pastorales de Hardy font mal imaginées, peu conduites, & baffement verfifiées, autant la Paftorale de M. de Racan eft heureuse dans fon plan, fenfée dans fa conduite, & élégante dans fa verfification. Un ftyle naïf, mais noble regne dans fon Poëme. (a) A la vérité, l'unité de lieu, & celui du tems, n'y font point obfervés: il y a même un défaut effentiel dans l'action principale, qui devient double par les épisodes; mais ces fineffes de l'art, n'étoient point encore pratiquées, & de plus, le génie naturel, & peu inftruit de Monfieur de Racan, ne lui permettoit point d'aller jufqu'à ce période. Ainfi tenons lui compte de n'avoir rien emprunté des Italiens, (qui fe difent nos maîtres en ce genre de Poëme ) & de s'être élevé fi fupérieurement audeffus de fes contemporains, par le

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1618.'

feul effort de fon talent. Cette juftice 1618. rendue à M. de Racan, paffons à l'extrait de fa Paftorale.

ACTE PREMIER.

A

Lcidor, jeune Berger inconnu, devance l'aurore, pour s'entretenir feul des charmes de la Bergere Arténice, dont il eft paffionément épris, & qu'il défefpere d'obtenir des parens de cette belle, qui s'opposent à l'amour qu'elle a pour lui. (il fort.)

Licidas , amant rebuté d'Arténice, & jaloux d'Alcidor, implore le fecours du Magicien Poliftene, pour défunir fon rival & fa maîtreffe. Poliftene promet de lui rendre service, s'il trouve quelqu'autre Bergere qui aime Alcidor. Licidas lui nomme Idalie, qui depuis longtems foupire pour ce Berger. Poliftene dit qu'il s'agit encore d'engager Arténice à le venir confulter; Licidas fe charge de ce foin, & il fe retire avec le Magicien. Arténice, dans un monologue, exprime l'amour qu'elle reffent pour Alcidor, & en même-tems la crainte de s'attacher à ce Berger inconnu, Elle ajoute, que dans

un rêve, qui lui a femblé mystérieux, la Nymphe de la Seine l'a menacée du plus grand malheur, fi elle fe lie à d'autre qu'à un Berger de fon païs, & même de fes parens. Survient Silene, pere d'Arténice, qui dit à fa fille, qu'il connoît fa paffion pour Alcidor, mais qu'il lui confeille de s'en guérir, puifque ce Berger ignore fa naiffance, & qu'il n'a pour toute richeffe, que fa bonne mine, il ajoute :

Il eft vrai que fa grace eft fi pleine d'at

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Il arrête fur lui nos yeux & nos oreilles.
Mais ces jeunes Bergers, fi beaux, & fi ché-

ris,

Sont meilleurs pour Amans, qu'ils ne font pour maris.

Ils n'ont aucun arrêt ce font efprits volages,

Qui fouvent font tous gris avant que d'être

fages;

Et doit-on fouhaiter pour leur utilité

De voir finir leur vie avec leur beauté :

1618.

« ÀÌÀü°è¼Ó »