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1618. Un bois au bord de Seine en fon ombre a

caché

De ces jeunes Amans la honte & le péché:
Et jamais on ne vit avec plus de licence
L'amour fouler aux pieds la crainte & l'in

nocence.

CHIN DONNA X.

Nous en fçavons affez, retirez-vous, Ber ger.

On amene Idalie; il faut l'interroger.

Où avez-vous passé toute la matinée ?
IDALIE.

Sur le bord de la Seine, en un bois écarté
Où l'on trouve du frais au plus fort de l'été.
CHIN DONNA X.

Qu'est-ce que vous aviez en votre compagnie?

Alcidor.

ID ALIE.

CHINDON NAX.

C'est tout dire.

IDALIE.

O quelle calomnie!

Me veut-on accufer d'avoir fait dans ces bois
Quelque chofe avec luy contre ce que je

dois?

Que plûtôt je périffe en l'infernale flâme..
Que jamais ce defir me tombe dedans l'âme.

Dans le moment qu'on eft prêt à facrifier Idalie, Tifimandre fe préfente, & demande à remplir fa place.

DARAME T.

Arrêtez-vous Berger?

TISIMANDRE.

Ne m'en empêchez point,

Auffi bien que l'amour,la raifon me l'enjoint.
C'est le meilleur avis qu'à préfent je puis

fuivre ;

Il faut fçavoir mourir, quand on ne doit plus vivre.

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&

Cependant, Tilimandre prie qu'on lui préfente celui qui accufe Idalie. Licidas paroît, qui foûtient tout ce qu'il a avancé au fujet de cette Bergere. Survient Cléante, qui d'un air joyeux annonce le mariage d'Arténice d'Alcidor, qu'on doit célébrer le lendemain. A cette nouvelle, Licidas se trouble, & tient des difcours qui font connoître fon impofture: il en convient, & demande la mort. Chindonnax après avoir fait ôter les chaînes d'Idalie, laiffe cette Bergere maîtresse du fort de Licidas. Idalie donne la vie à ce dernier, & touchée de la générofité & de l'amour de Tifimandre elle lui dit :

1618.

1618.

IDALIE.

Et vous fidele Amant, mon fupport, mon bonheur,

Dont à préfent je tiens ma vie & mon hon

neur >

De quel digne loyer, qui foit en ma puisfance,

Puis-je récompenser votre extrême con

ftance?

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Disposez donc de moy, fidéle Tifimandre,
L'amour & le devoir m'obligent à me rendre.

Les Sacrificateurs terminent cet Acte, par un Chœur, dont voici deux. couplets.

A ce coup nous voyons qu'Aftrée
Veut encore en cette contrée

Faire éclater la fplendeur de fes loix;
Et que fa puiffance divine,

Qui fur toutes chofes domine,
A même foin des Bergers que des Rois.

L'innocence eft victorieufe
De la inalice injurieuse

Qui fuit toujours le plus mauvais confeil.
Et la vérité reconnue

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Témoigne qu'elle eft foûtenue

Du même appui qui foutient le foleil.

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N vieux Berger, qui depuis plu-
Neurs années cherche Alcidor

de contrée en contrée, demande à
Cléante s'il n'en fçait point de nouvel-
les. Cléante lui répond que ce Berger
eft dans le canton, & qu'il va épouser
Artenice, la fille de Silene. Enfuite il
s'offre de conduire le vieux Berger au
lieu où fe doit faire le mariage.

Après cette Scene, tous les parens d'Artenice, cette Bergere & Alcidor paroiffent. Les Amans marquent leur fatisfaction leur futur hyménée. pour

SILENE.

Ne perdons point de tems en difcours
fuperflus:

Allons mes chers enfans, il ne nous refte

,

plus

Que d'accomplir les vœux de votre mariage.

CRISANTE, mere d'Artenice.

Je crains bien qu'il ne foit de finistre préfage.

Elle ajoute, qu'Artenice eft menacée d'un trifte fort, fi elle épouse quel

1618.

1618.

qu'un qui ne foit pas de fa famille.
Čette difficulté fait prendre au pere
d'Artenice la réfolution de marier fa
fille à Tifimandre, qui lui est allié, &
d'unir Alcidor à Idalie, que cette Ber-
gere aime depuis longtems. Cet arran
gement eft un
un coup
de foudre pour Ar-
tenice & pour Alcidor. Ce dernier,après
s'être plaint des hommes & des Dieux,
dit en parlant d'Artenice.

Elle éteindra fa flâme aux bras d'un autre
époux

Plus heureufe qu'Alcidor, mais non pas plus fidelle.

Dans le moment arrivent Idalie & Tifimandre, qui fe flattent d'un bonheur prochain, mais leur espérance fe trouve confondue, lorfque Damoclée leur annonce le parti qu'on vient de prendre à leur fujet : furvient Cléante qui conduit le vieux Berger. A la vuë de ce dernier, Alcidor marque quelque joie, & l'appelle fon pere. Le vieux Alcidor (c'eft le nom de ce Berger) déclare qu'Alcidor n'eft pas fon fils, & que c'étoit un enfant qu'il avoit trouvé il y a environ dix-neuf ans dans un berceau que les ondes de la Seine entraînoient. Ce récit rappelle à Damoclée la perte d'un pareil enfant, qu'il

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