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perdit dans le même-tems. Un bracelet que le vieux Alcidor remet à Damoclée acheve la reconnoiffance du jeune Alcidor, qui fe trouvant être Daphnis, frere d'Idalie, & coufin germain d'Artenice, eft dans le cas de pouvoir époufer cette derniere & Idalie de s'unir à fon cher Tifimandre. Ainfi s'accomplit la volonté des Dieux, & celle des amoureux Bergers, & de leurs tendres Amantes.

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SILENE.

Sus donc, préparez-vous à goûter les dé

lices

Dont l'amour fatisfait vos fidéles fervices
Et nous autres Vieillards amoureux du repos,
Allons vuider en rond les verres & les pots.
Le Ciel de toutes parts nous met en assurance.
A Damoclée.

.

Il faut, mon frere, encore après cette alliance,
Pour joindre de nos cœurs l'étroite liaison,
Faire de nos maifons une feule maison.
Nous y verrons un jour nos gendres, & nos
filles

Dans un même foyer élever nos familles.
Au vieux Alcidor.

Et vous, fage vieillard, y viendrez avec nous
Prendre part au repos que nous tenons de

vous.

1618.

1618.

La Paftorale eft terminée par une Epithalame, dont voici deux ftro

phes.

Voici la nuit fi longtems différée

Qui vient alors qu'elle eft moins efpérée
Accomplir vos defirs.

Témoignez-y que toutes ces tempêtes
En augmentant l'honneur de vos conquêtes.
Augmentent vos plaifirs.

Ne craignez point que pour vous y déplaire
Quelqu'importun vos actions éclaire
D'un foin trop curieux.

Le faint hymen qui vous met dans la lice
Ne laiffera ni témoin ni complice

Qu'un Dieu qui n'a point d'yeux.

A la fin de cet extrait, le Lecteur ne fera pas fâché de lire une Epigramme de Maynard, adreffée à M. de Racan fur fa Paftorale, & qu'on trouve imprimée à la tête de cet Ouvrage.

Ces Bergers ont fi bien parlé,
Que mon efprit les idolatre;
Rome n'a jamais étalé

Tant d'ornemens fur le Théatre:

Miraculeux pere des vers,

Grand Racan, fais que l'Univers,

Puiffe lire une œuvre fi belle :"
Donne-lui ce rare entretien,

Ta gloire ne doit craindre rien,

Malherbe & Balzac font

pour elle.

1618.

HONORAT DE BEUIL, Marquis de RACAN RACAN, naquit en 1589. à la RocheRacan, Château fitué à l'extrémité de la Touraine, fur les confins du Maine & de l'Anjou.

Il n'avoit point étudié (a), mais l'inclination qu'il avoit pour la Poëfie le porta à s'y appliquer. La connoiffance qu'il fit de Malherbe, lui fournit les moyens de le faire avec fuccès, car il reconnoiffoit lui-même qu'il avoit appris de ce grand homme tout ce qu'il avoit jamais fçû de la Poëfie Françoise.

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Pour connoître le mérite Poëtique de M. de Racan, il faut voir ce qu'en

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penfoit Malherbe, fon Maître en Poë1618. fie, & bon juge en cette matiere : il difoit que « Maynard étoit de tous ses Disciples celui qui faifoit les meilleurs » vers, mais qu'il n'avoit point de » force; pour Racan, qu'il avoit de » la force, mais qu'il ne travailloit » pas affez fes vers; que le plus fou» vent, pour s'aider d'une bonne pen» fée, il prenoit de grandes licences » & que de Maynard & de Racan, » on feroit un grand Poëte. » C'eft ce que M. de Racan lui-même nous apprend dans la vie de Malherbe, avec cette fincérité, & ce défintéreffement qui font dignes d'un homme de fa condition.

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M. Defpréaux en parle à peu près. fur le même ton dans une lettre à M. Maucroix, « Racan, dit-il, avoit plus » de génie que Malherbe, mais il est plus négligé, & fonge trop à le copier. Il excelle fur-tout, à mon avis » à dire les petites chofes, & c'eft en quoi il reffemble mieux aux anciens, » que j'admire fur-tout par cet en» droit, &c.

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Le même Defpréaux, dans le premier Chant de l'Art Poetique, dit en parlant de Malherbe & de Racan.

Malherbe d'un Héros peut ploits,

chanter les ex

1618.

Racan chanter Philis, les Bergers, & les bois.

Le talent de M. de Racan pour la Poëfie, lui procura une place dans l'Académie Françoife, dès fes premiers

commencemens.

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رو

Tome II.P.4.

«M. de Racan étoit tout plein de Menagiana, » bons mots, mais il avoit la voix fort » basse, & ne parloit pas diftincte»ment. Un jour qu'il étoit dans une compagnie nombreuse, on vint à » parler de quelque fujet,qui lui donna » occafion de faire un conte fort agréable; après qu'il l'eût achevé, voyant » que la Compagnie n'en rioit point, » parce qu'on ne l'avoit point entendu, il s'adreffa à M. Ménage & lui dit, je vois bien que ces Meffieurs ne m'ont pas entendu; traduifez» moi, s'il vous plaît, en langue vulgaire,»

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M. Racan se maria à l'âge de trentecinq ans, & fa poftérité eft aujourd'hui tout ce qui refte de la maison de Beüil maison des meilleures qu'il y ait en France. Il mourut au mois de Février 1670. dans fa quatre-vingt & uniéme année, & eut pour fucceffeur à l'Aca

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