페이지 이미지
PDF
ePub

1601.

Que ce mot, ma Déeffe, échappe à ton oracle :

Tu vois que nos plaifirs n'ont icy point d'obftacle,

Tu vois la folitude à noftre heur confpirer, Tu me vois, au refus, fur le point d'expirer,

Dreffe cet ail honteux, & me regarde en

face,

Me regarde en pitié, & me figne ma grace.
CARICLÉE.

Je rougis de ta honte, & te deuft contenter
La preuve de ma foy, fans plus outre at-

[blocks in formation]

Craindre le repentir? Hé pourquoy done; mauvaise,

M'eflis-tu pour Efpoux? Que deviendra ma

braife?

CARICLÉE.

Ta contrainre coupable, & ta témérité
Ont la peine & le blafme enfemble mérité,

THE AGENE.

1601.

Octroye au mesme prix ma derniere de

mande.

CARICLÉE.

Voilà que m'a valu l'indulgence trop grande
De t'avoir introduit à telle privauté,
Tournant en tyrannie une principauté :
D'humble, plein de refpect, de modeste
filence,

Tu es l'effronterie, & la mefme infolence.
Gratuite, je t'ay le baifer accordé ;
Ores infatiable, en plaisirs débordé,
Tu brigues, Ixion, une faveur fuprême.
Prens garde à ton devoir, & ne fais pas de
mesme.

THE AGE NE,

Le defir d'un mary ne confifte en froideur:
Je ne fuis de fes droits que fimple demandeur,
Je ne veux que jouir du commun privilege:
Non, comme le Theffale, ufer de facri-
lege.

Que tout ce vain respect, & ce fcrupule ar

riere,

Paffez au dernier point du vray contente

ment ›

Sans lequel on n'aima jamais parfaitement,

1601.

Mais comment me croirai-je, après un tel forfait

En grace retourné? Montrez-le par effet,

Si

i peu qu'il vous plaira, donnez-m'en d'affurance

Trop coupable autrement je n'ay plus d'efpé

rance.

CARICLE'I.

Quelle affurance encor?

THE'A GENE.

Seulement un baifer.

CARICLE'E fouriant.

Voilà, comme tu fçais, enjolleur, m'abuser.
Et d'un crime commis extorquer le falaire.
THE AGENE..

O baifer violent, à mon repos contraire!
Tu livres ma pensée à un cruel affaut ;

Las! & pour l'avenir le

courage me

faut.

prenant le bras de Clariclée.

Allons, ma chere vie, & me prêtez la main,
Pour vous diminuer le travail du chemin.

QUATRIÈME JOURNÉE.

Tfonnier d'une troupe de Pirates,

Hiamis que nous avons vu pri

vient ici à leur tête fous les murs de

Memphis, recouvrer par la force la dignité Pontificale, que Ptofire fon fre- 1601. re a ufurpé. Arface, femme du Satrape Orondate, & Amante rebutée de Thiamis, commande alors dans Memphis, en l'abfence de fon mary, accepte la propofition d'un combat fingulier entre les deux freres. Ptofire cherche inutilement des raifons pour s'en exemter, le Chœur des Memphiens l'y contraint par les reproches les plus vifs.

CHOEUR DES MEMPHIENS.
Ofez-vous un propos fi lâche proférer ?
Thiamis attendant fe pourmene en la lice,
La Princeffe du Chef commande qu'on fi-
niffe

De plus d'attente laffe: allez, avancez donc,
Et vous montrez vaillant, fi vous le futes onc.

Profire fe préfente en tremblant, & fuit lâchement à l'approche de Thia

mis.

ARSACE.

O Coüard, ô coüard, ô lâche qui s'enfuit, Tel qu'un liévre peureux, quand le feuillage bruit.

Repouffez, citoyens, rejettez-le en lice: Qu'avec luy tout difcord du tout s'enseve liffe. 12

By

Calafire arrive, & fe faifant recon1601. noître pour le Grand-Prêtre, pere des deux Combattans, il les fait embraffer, & reprend la Souveraine dignité qui fait le fujet de leur querelle. Cette reconnoiffance eft fuivie de celle de Théagene & de Cariclée, féparez depuis longtems. Comme cette derniere eft traveftie fous les haillons d'une pauvre mendiante, fon Amant, trompé par les apparences, la repousse avec mépris.

THE AGENE.

O Dieux ! quelle impudence ! & que veut
Gette infame ?

CARICLÉ E.

O cruel! ô mauvais ! ô farouche! D'ou vient. .

THÉAGENE, lui donnant un foufflet. Importune, ôte-toy, voilà qui t'appartient.. CARICLÉ E.

Tels coups ne bleffent point qui comme
moi t'adore :

D'en recevoir autant me voilà prête encore,
Pourvû qu'il te fouvienne, & retombe aut

cerveau

Ce nom de Pitithias, & celui de flambeau.

THÉAGEN E.

Sacrez noms revérez, que je donnai pour gage

A la Divinité qui me tient en servage!

« 이전계속 »