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poffeffion de s'y voir l'unique (a). Il égala tout ce qui s'étoit fait de plus »beau jufqu'alors, & me fit connoître à la Cour. Ce fens commun qui étoit » toute ma regle, m'avoit fait trouver » l'unité d'action, pour brouiller qua»tre Amans par une feule intrigue, & » m'avoit donné affez d'averfion pour » cet horrible déreglement qui mettoit »Paris, Rome & Conftantinople fus » le même Théatre, pour réduire le » mien dans une feule Ville ».

Après ce détail de l'occasion, & du fuccès de Mélite. M. Corneille entre ainfi dans l'examen de la Piece.

« La nouveauté de ce genre de Co»médie, dont il n'y a point d'exemple

(a) Cette nouvelle Troupe fut fans doute celle de Mondory qui vint s'établir au Théatre du Marais, &'remplaça celle qui s'y étoit établie en 1620. ainfi que nous l'apprend Chappuzeau, P. 189. de fon Théatre François. Les Auteurs de l'Hiftoire de la Ville de Paris, confirment cette circonstance. « Cette Piece » difent-ils, en parlant de Melite « fut »repréfentée avec un » fuccès fi prodigieux, » que dès ce coup d'eflai,

» l'on reconnut l'excel-
» lent génie de ce nou
» vel Auteur, & l'on
» jugea qu'il alloit re-
« mettre la Comédie en
» crédit. Le concours

fut en effet fi grand
» que les Comédiens qui
"avoient été réduits
» encore une fois, fau-
»te de Spectateurs, au

1629.

feul Théatre de l'Hô»tel de Bourgogne, » fe feparerent de nou» veau, & établirent la » Troupe du Marais du la Ville de » Temple ».

Hiftoire de

Paris, Livre

XIX.

» en aucune langue, & le style naïf, 1629. » qui faisoit une peinture de la con» verfation des honnêtes gens, furent » fans doute caufe de ce bonheur fur» prenant, qui fit alors tant de bruit. » On n'avoit jamais vu jufques-là que » la Comédie fit rire fans perfonnages » ridicules, tels que les Valets boufons, » les Parafites, les Capitans, les Doc»teurs, (a) &c. Celle-cy faifoit fon

(a) » Mélite eft divine» (dit M. de Fontenelle) Si vous la li

fez après les pieces » de Hardy.Le Théatre y » eft fans comparaison » mieux entendu, le dia»logue mieux tourné, » les mouvemens mieux » conduits, les Scenes » plus agréables, & fur

tout ( & c'est ce que » Hardy n'avoit jamais » attrapé) il y regne un » certain air affez noble, » & la conversation des » honnêtes gens n'y eft " pas mal repréfentée. "Jufques là on n'avoit » guerres connu que le » Comique le plus bas, » ou un Tragique affez » plat on fut étonné » d'entendre une nou» velle langue; mais Hardy qui avoit fes raifons pour vouloir » confondre cette nou

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» velle efpece de Comi» que, avec l'ancienne, » difoit que Mélite étoit >> une affez jolie Farce ».

Pour comprendre toute la malignité de ce difcours de Hardy, il faut fe rappeller Pétat des Farces peu différentes des Comédies du même tems. Nous avons donné des Extraits de celles qui font venues à notre connoiffance, en choififlant les endroits qui peuvent mieux les caractérifer, en obfervant néanmoins les regles de la bienséance. Hardy renfermé dans fes Tragédies, fes Tragi-Comédies, & fes Paftorales, fe croyoit feul en poffeffion du Cothurne & traitoit avec mépris les autres Poèmes Dramatiques, voulant les ranger dans une même claf

» effet par l'humeur enjouée de gens » d'une condition au- deffus de ceux 1629.

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qu'on voit dans les Comédies de » Plaute & de Terence...... avec tout » cela, j'avouë que l'auditeur fut bien » facile à donner fon approbation à » une Piéce, dont le noeud n'avoit au"cune juftefte, &c."

M. Corneille fait enfuite la Critique de fon Ouvrage, avec cette bonnefoi, (a) & cette candeur dont lui feul

fe. Le paflage fuivant va mettre au fait des caufes qui ont amené ce libertinage qui regnoit dans le bas Comique.

«Les Pieces de Théa

>>>tre de nos premiers

» Poëtes, commencerent
» à vieillir, & leurs re-
» préfentations froides &
» languiffantes n'aya it
» plus cet air de nou-
» veauté, qui ne charme,
» qu'autant qu'il fur-
»prend, ne donnoit
» plus aucun plaifir. Les
» Comédiens voulurent
» fuppléer à ce défaut
par
de mauvaises Far-
»ces, le plus fouvent
"infipides, ou remplies
» d'obfcénités. Mais il
"n'y eut que le bas peu-

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ple, ou tout au plus quelques libertins, qui "accommoderent de "ce fpectacle ridicule,

» si indigne du Théatre
» François. Cette licen-
»ce étoit parvenue à un
»tel point, que le Ma-
» giftrat fut obligé d'y
» mettre la main, ainfi Hiftoire de
» la Comédie romba dans la Ville de
>> un fort grand mépris. Paris, Livre
» Les chofes étoient dans XIX.
» cet état, & le Théa-
»tre prefqu'abandonné,
»lorfque Pierre Cor-
»neille fit paroître fur la
» Scene fa Mélite ».

(a) M. Corneille a
voulu nous donner non-
feulement l'exemple &
le modele des plus belles
Tragédies, mais encore
celui de reconnoitre fes
propres défauts, & de les
avouer fans honte. Il re-
cherche avec févérité
dans l'examen de cette
Piece, tout ce qu'on y
pourroit cenfurer. « La Mélanges
» Critique que cet exiel- de Littératu

در

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» étoit capable, & la termine en di 1629. fant: « Que tout le cinquième Acte pouvoit paffer pour inutile..... & ne regardoit plus qu'une action épifodi"que, qui ne doit pas amufer le Théa» tre, quand la principale eft finie : & fur-tout, ce mariage a fi peu d'ap"parence, qu'il eft aisé de voir qu'on » ne le propofe, que pour fatisfaire à » la coutume de ce tems-là, qui étoit » de marier tout ce qu'on introduifoit fur la Scene. »

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PHILINE

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L'AMOUR CONTRAIRE,

PASTORALE

PAR LE SIEUR DE LA Morelle.

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Avis du Libraire au Lecteur.

A

Mi-Lecteur, voici une Paftorale de l'Amour contraire, qui a tant » de fois paru fur le Théatre de l'Hôtel » de Bourgogne, dont la gentilleffe, la » mignardife des vers, & les rares in»ventions de l'Auteur, ont contenté l'efprit des plus judicieux cenfeurs » du monde : je crois que tu ne rece→ "vras pas moins de contentement à » la lecture, qu'à la représentation.... C'eft ce qui en partie a forcé l'Au "teur de la mettre au jour, après l'affurance que lui en ont donné beau» coup de fes amis, (& notamment M. » de Malherbe) qu'elle fera bien reçue..... On ne fait point d'argu »ment, car il faudroit une main de papier joint que la principale raison,

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16.30.

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