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L'A MINTE

DUTASSE,

TRAGI-COME' DIE

PASTORALE

Accommodée au Théatre François

PAR LE SIEUR RAYSSIGUIER.

E Lecteur fuffifamment inftruit

Ld'un fujet auffi connu, & présenté

tant de fois fur la Scene, n'a befoin ici que d'être au fait de la verfification. Le morceau fuivant eft ce qu'il y a de plus paffable. C'eft Daphné, compagne de Silvie, qui veut lui perfuader qu'elle ne peut fe dispenser d'aimer.

DAPHNE'.

Hélas ! que ton efprit a de faux fentimens. Crois-tu que le Printems qui pare

la nature

D'un habit enrichi de diverfe peinture,
Qui fait l'efmail des fleurs qui couvre nos
guérets,

Qui reverdit nos prez, ombrage nos forêts,
Qui réjouit les monts, qui fait rire la plaine,
faifon propre à nous porter la haine ?

Soit une

1631.

ACTE 1.

SCENE I.

1631.

Non, je ne le crois pas : Oy-près de ce ruisseau
La geniffe appellant fon amoureux taureau.
Voy comme le pigeon avec plaifir carreffe
Et de l'aîle, & du Bec fa mignarde maîtresse
Qui dans mille baifers redonne à son amant
Des fignes affûrez de fon contentement.
Oy de ce Roffignol les plaintes amoureuses,
Parmi l'obfcurité des forêts ombrageufes ;
Voy que de branche en branche, il pourfuit
fa moitié,

Et de mille chansons conjure fa pitié,
Regarde le ferpent,qui fe traînant fur l'herbe,
Fait reluire au foleil fon écaille fuperbe,
Tu lui verras changer fon mortel fifflement
En ces ardens foupirs que produit un amant.
Sa langue qu'on voyoit auparavant aiguë,
Qui jettoit un poison, plus froid que la ciguë,
Ne jette maintenant que des traits de cha-
leur,

Qu'il tire en foupirant, pour montrer sa
douleur.

La mer même, la mer cet élément sauvage,
Qui du bruit de fes flots étonnoit le rivage,
Calme en cette faifon, dans fes gouffres
reçoit

Le germe précieux de l'ambre qu'il conçoit,

Les monftreux poiffons qui nagent dans fes

ondes

Sentent du Dieu d'Amour les bleffures pro-
fondes,

Et malgré la froideur de ce traitre élément,
Souffrent la douce ardeur de fon embrafe-

ment.

Les tigres maintenant n'ont point de rage en l'ame

Que la rage qui vient de l'amoureuse flâme. Tout aime, ma Silvie, & l'eau de nos ruiffeaux

En parle avec le vent qui meut les arbriffeaux.

Regarde les cailloux, dont ce rivage abonde Ils font beaux des baifers qu'ils ont reçû de l'onde.

Le Zéphire amoureux à travers ces ra

meaux,

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Fait plaindre doucement les feuilles des or

meaux.

Ecoute les accens que ce chêne foupire,

Qui difent aux forêts fon amoureux mar◄ tyre, &c.

1631.

1631.

LA CLORISE,

PASTORALE

DE M. BARO.

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Biece tendu ajoute-t-il dans Aro fupprime l'argument de cette fa Préface) « Qu'il n'eft pas feulement inutile, mais même qu'on le devroit » absolument condamner. Ma raison 55 eft (continue Baro) qu'on ne doit » pas traiter d'autre forte celuy qui lit, » que celuy qui écoute. Et jamais on

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n'a vu qu'au récit d'un Poëme, on » ait préoccupé les Spectateurs par la » connoiffance du fujet: autrement il »feroit impoffible qu'ils reffentiffent » les paffions qu'on leur veut inspirer: » & leur efprit éloigné de cette agréa»ble fufpenfion où il doit être entrete» nu jufqu'à la catastrophe, ne demeu"reroit pas même dans la liberté de » juger du mérite d'un ouvrage, & fi » l'Auteur fe feroit bien ou mal expliqué. Je ne prétens pas toutefois que »mon fentiment paffe pour une loy: »je Tçais trop bien qu'il y a de la diffi»culté à étouffer une mauvaise habi

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tude; je fuis fâché feulement, de quoy ceux qui ont eu la même pen"fée que j'ay, n'ont pas eu affez de » réfolution pour la fuivre, & ont » mieux aimé fe laiffer emporter à la » coutume, qu'à la raison ».

Dans la même Préface, Baro indique la fource où il a puisé fon fujet. "Mon premier deffein étoit de prendre » dans l'Aftrée (a) de M. d'Urfé l'His»toire de Célion & de Bellinde; mais » la voulant accommoder au Théatre, » je me fuis vu comme forcé d'y join»dre tant de chofes, qu'enfin j'en ai » voulu changer les noms, aimant

دو

mieux qu'on m'accufe de lui avoir » dérobé quelqu'accident, que d'avoir » eu la vanité d'ajouter quelque grace » à fes riches inventions".

Phédon, pere de Clorife, promet cette derniere à Erafte, fils de Nicandre,

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1631.

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