L'A MINTE DUTASSE, TRAGI-COME' DIE PASTORALE Accommodée au Théatre François PAR LE SIEUR RAYSSIGUIER. E Lecteur fuffifamment inftruit Ld'un fujet auffi connu, & présenté tant de fois fur la Scene, n'a befoin ici que d'être au fait de la verfification. Le morceau fuivant eft ce qu'il y a de plus paffable. C'eft Daphné, compagne de Silvie, qui veut lui perfuader qu'elle ne peut fe dispenser d'aimer. DAPHNE'. Hélas ! que ton efprit a de faux fentimens. Crois-tu que le Printems qui pare la nature D'un habit enrichi de diverfe peinture, Qui reverdit nos prez, ombrage nos forêts, Soit une 1631. ACTE 1. SCENE I. 1631. Non, je ne le crois pas : Oy-près de ce ruisseau Et de mille chansons conjure fa pitié, Qu'il tire en foupirant, pour montrer sa La mer même, la mer cet élément sauvage, Le germe précieux de l'ambre qu'il conçoit, Les monftreux poiffons qui nagent dans fes ondes Sentent du Dieu d'Amour les bleffures pro- Et malgré la froideur de ce traitre élément, ment. Les tigres maintenant n'ont point de rage en l'ame Que la rage qui vient de l'amoureuse flâme. Tout aime, ma Silvie, & l'eau de nos ruiffeaux En parle avec le vent qui meut les arbriffeaux. Regarde les cailloux, dont ce rivage abonde Ils font beaux des baifers qu'ils ont reçû de l'onde. Le Zéphire amoureux à travers ces ra meaux, Fait plaindre doucement les feuilles des or meaux. Ecoute les accens que ce chêne foupire, Qui difent aux forêts fon amoureux mar◄ tyre, &c. 1631. 1631. LA CLORISE, PASTORALE DE M. BARO. Biece tendu ajoute-t-il dans Aro fupprime l'argument de cette fa Préface) « Qu'il n'eft pas feulement inutile, mais même qu'on le devroit » absolument condamner. Ma raison 55 eft (continue Baro) qu'on ne doit » pas traiter d'autre forte celuy qui lit, » que celuy qui écoute. Et jamais on ככ n'a vu qu'au récit d'un Poëme, on » ait préoccupé les Spectateurs par la » connoiffance du fujet: autrement il »feroit impoffible qu'ils reffentiffent » les paffions qu'on leur veut inspirer: » & leur efprit éloigné de cette agréa»ble fufpenfion où il doit être entrete» nu jufqu'à la catastrophe, ne demeu"reroit pas même dans la liberté de » juger du mérite d'un ouvrage, & fi » l'Auteur fe feroit bien ou mal expliqué. Je ne prétens pas toutefois que »mon fentiment paffe pour une loy: »je Tçais trop bien qu'il y a de la diffi»culté à étouffer une mauvaise habi دو دو tude; je fuis fâché feulement, de quoy ceux qui ont eu la même pen"fée que j'ay, n'ont pas eu affez de » réfolution pour la fuivre, & ont » mieux aimé fe laiffer emporter à la » coutume, qu'à la raison ». Dans la même Préface, Baro indique la fource où il a puisé fon fujet. "Mon premier deffein étoit de prendre » dans l'Aftrée (a) de M. d'Urfé l'His»toire de Célion & de Bellinde; mais » la voulant accommoder au Théatre, » je me fuis vu comme forcé d'y join»dre tant de chofes, qu'enfin j'en ai » voulu changer les noms, aimant دو mieux qu'on m'accufe de lui avoir » dérobé quelqu'accident, que d'avoir » eu la vanité d'ajouter quelque grace » à fes riches inventions". Phédon, pere de Clorife, promet cette derniere à Erafte, fils de Nicandre, 1631. |