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mençoit alors à étudier le Théatre des anciens, & à foupçonner qu'il 1632. pouvoit y avoir des régles. Celle » des vingt-quatre heures fut une des »premieres dont on s'avifa: mais on » n'en faifoit pas encore trop grand cas, témoin la maniere dont M. » Corneille lui-même en parle dans fa Préface de Clitandre, imprimée en » 1632. » Que fi j'ai renfermé cette Piéce dans la régle d'un jour, ce n'eft pas que je me repente de n'y avoir point mis Mélite, ou que je me fois réfolu à m'y attacher dorénavant. Aujourd'hui quelques uns adorent cette régle, beaucoup la méprifent. Pour moi j'ai voulu feulement montrer, que fi je m'en éloigne, ce n'eft pas faute de la connoître. Ne croyons pas ajoute M. de Fontenelle« que le vrai foit victo» rieux dès qu'il fe montre; il l'eft à la » fin, mais il lui faut du tems pour fou» mettre les efprits. Les régles du Poë» me Dramatique inconnues d'abord » ou méprifées, quelque tems après » combattues, enfuite reçues à demi, & fous des conditions, demeurent enfin » maîtreffes du Théatre; mais l'épo~ que de l'entier établiffement de leur

1632.

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empire, n'eft proprement qu'au tems » de Cinna. »

L'extrait du jugement que M. Corneille a porté fur cet Ouvrage, tiendra lieu de celui de la Piéce. Servonsnous de fes propres paroles.

دو

«Le ftyle, dit-il, eft véritablement plus fort que celui de (Mélite), mais » c'est tout ce qu'on y peut trouver » de fupportable. Il eft mêlé de poin»tes comme dans cette premiere » mais ce n'étoit pas alors un fi grand » vice dans le choix des pensées, que » la Scene en dût être entierement »purgée. Pour la conftitution, elle " eft fi défordonnée, que vous avez » de la peine à deviner qui font les premiers Acteurs. . . . . . Clitandre, "autour de qui femble tourner le » nœud de la Piéce, puifque les premieres actions vont à le faire coupable, & les dernieres à le justifier, » n'en peut-être qu'un Héros bien » ennuyeux, qui n'eft introduit que » pour déclamer en prifon, & ne parle pas même à cette maîtreffe

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» dont les dédains fervent de couleur » à le faire paffer pour criminel. Tout » le cinquiéme Acte languit comme » celui de Mélite, après la conclufion

des épifodes, & n'a rien de furpre1632. »nant, puisque dès le quatrième, on » devine tout ce qui doit arriver

,

hormis le mariage de Clitandre avec » Dorife, qui eft encore plus étrange » que celui d'Erafte, & dont on n'a garde de fe défier.

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« Le Roy & le Prince fon fils y paroiffent dans un emploi fort au» deffous de leur dignité. L'un n'y est » que comme juge, & l'autre comme » confidente de fon favori.

« Les monologues font trop longs, » & trop fréquens en cette Pièce. Cé»toit une beauté en ce tems-là. Les → Comédiens fouhaitoient,& croyoient » y paroître avec plus d'avantage.

Pour le lieu, il a encore plus d'é» tendue, ou fi vous voulez fouffrir ce » mot, plus de libertinage ici que dans » Mélite. Il comprend un château d'un » Roy, avec une forêt voifine, com»me pourroit être celui de Saint Ger» main, & eft bien éloigné de l'exac» titude les féveres Critiques y

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que

» demandent.

Suivant l'exemple de M. Corneille, nous examinons fes Piéces plus fcrupuleusement que celles des autres Poëtes, avec d'autant plus de raifon, qu'elles

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M. de Fon

conftituent la Poetique du Théatre,

1632. Une défectuofité très-marquée qu'on trouvoit dans les deux premieres Piéces de notre Auteur, & qu'il a réparé de tout fon poffible dans les fecondes éditions, eft l'indécence que le mauvais goût avoit introduit. fur la Scene. Elles fe reffentoient trop du ton que les premiers Poëtes, & Hardy avoient donné à la Comédie. Quelques penfées libres, & de fréquens baifers y faifoient la plus grande partie du comique. On n'en connoiffoit guéres d'autres. « Le Théatre étoit encore tenelle, ibid. » affez licencieux: grande familiarité » entre les perfonnes qui s'aimoient. » Dans le Clitandre de M. Corneille Califte vient trouver Rofidor au lit: il est vrai qu'ils doivent être bientôt » mariés, mais un honnête spectateur » n'a que faire des préludes de fon mariage. Auffi cette Scene ne fe » trouve que dans les premieres édi» tions de la Piéce..... Une des plus grandes obligations que l'on » ait à M. Corneille, eft d'avoir puri» fié le Théatre. Il fut d'abord entraîné par l'ufage établi, mais il » y réfifta auffitôt après : & depuis » Clitandre fa feconde Piéce, on ne

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trouve plus rien de licencieux dans »fes Ouvrages. Tout ce qui y refte » de l'ancien excès de familiarité > » dont les Amans étoient ensemble » fur le Théatre, c'eft le tutaye» ment. " (a)

(a) » Le tutayement ne choque pas les bon»nes mœurs, & il ne » choque que la poli»teffe, & la vraie ga»lanterie ; il faut que la » familiarité qu'on a » avec ce qu'on aime, » foit toujours refpec» tueufe, mais auffi il » eft quelquefois permis » au refpect d'être un » peu familier. On fe » tutayoit dans le tragi» que même, auffi bien

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» que dans le comique :
» & cet ufage ne finir
» que dans l'Horace de
» M. Corneille, où Cu-
» riace, & Camille le
» pratique encore. Na-
» turellement le comi-
» que a dû pouffer cela
» un peu plus loin,
& à
» fon égard le tutaye-
» ment n'expire que
» dans le Menteur. »
M. de Fontenelle, vie de
P. Corneille.

1632

*

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