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Françoise, une longue fuite d'années.

Pour connoître l'étendue des fervices 1601. que ce Poëte a rendu au Public,il faut se transporter au tems où il a travaillé, & fe rappeller l'état où le Théatre étoit alors.

Les Comédiens, comme on l'a vû cidevant, troublés par les Confreres de la Paffion, ne purent obtenir d'établissement folide dans cetteCapitale,que vers 1600. Pour foutenir cet établiffement ils avoient befoin de Piéces; mais lesPoëmes Dramatiques de ce tems étoient fi foibles, qu'il arrivoit très-fouvent, qu'en une même semaine on en voyoit la premiere & la derniere représentation.Cel les que Hardy compofoit à la hâte, n'étoient, à la vérité, gueres plus fupportables, mais il avoit le talent d'y fuppléer par la fécondité de fa veine, & de fournir ainfi toujours le Spectacle de nouveautés. C'est par-là que cet infatigable Auteur, leur étoit abfolument néceffaire, & qu'on peut dire, avec Scudery, (1) Scudety, (1) « qu'à lui feul appartient la gloire Comédie des » d'avoir le premier relevé le Théatre

دو

Comédiens,

François, tombé depuis tant d'années, (2) Sarrazín, & que, « véritablement il a tiré la Tra- Difcours fur gédie du milieu des rues & des ,

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» échaffauts des carrefours, »>
» (2)

P'Amour tyrannique de Scudery.

1601.

On ignore abfolument les faits de la vie de Hardy. On pourroit préfumer qu'il avoit quelque teinture des Lettres, par la lecture de fes Ouvrages. Il étoit fort pauvre, & fut obligé pour avoir de quoi vivre, & faire fubfifter fa famille, de contracter une fociété avec les Comédiens, & il s'engagea de leur fournir autant de Piéces qu'ils en auroient befoin. Il remplit fes engagemens jufqu'à fa mort. On en ignore la date. Nous conjecturons qu'elle peut être arrivée vers l'année 1630. car en 1628. il étoit encore vivant, & fit paroître le dernier Tome de fes Tragédies; & il n'étoit plus en 1632. puisqu'on trouve un plaidoyé compofé cette année pour fa Veuve, au fujet du procès qu'elle avoit intenté contre les Comédiens, pour raifon de cette Société, dont on vient de parler.

Toutes foibles que font les Piéces de Hardy, elles on eu un certain fuccès dans la nouveauté, & même ont été reprises depuis fa mort. Elles étoient encore au Théatre en 1635. (a) Sorel

(a) La preuve s'en trouve dans la Comédie des Comédiens de Scuderi, où il fait demander par Blandimare

à fes camarades. Quelles Piéces avez-vous ? Toutes

celles de feu Hardy, répond Bellefleur.

va nous rendre compte de la caufe de leur décadence & du mépris dans lequel elles font enfin tombées.

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1601.

185. de fa

Lorfque le divertiffement de la Sorel, pag. » Comédie commença de plaire ex- Bibliothéque »traordinairement, on fouhaita que que Françoife. pour le rendre plus agréable, les Co»médiens euffent de belles Piéces à représenter. Il s'étoit paffé un long» tems qu'ils n'avoient eu autre Poëte » que le vieux Hardy, qui, à ce que l'on dit, avoit fait cinq ou fix cens » Piéces : mais depuis que Théophile » eut fait jouer fa Thisbe, & Mairet fa » Silvie, M. de Racan fes Bergeries, & » M. de Gombaud fon Amarante, le » Théatre fut plus célébre, & plufieurs » s'efforcerent d'y donner un nouvel > entretien. Les Poëtes ne firent plus » de difficulté de laiffer mettre leur » nom aux affiches des Comédiens : » car auparavant on n'y en avoit ja» mais vû aucun : on y mettoit feule» ment, que leur Auteur leur donnoit », une Comédie d'un tel nom. »

دو

Après avoir rapporté ce que l'on fçait de Hardy, paffons à l'examen de fes talens. Aucun ancien, ou moderne n'a tant travaillé pour le Théatre. Scudery lui attribue huit cens Piéces :

1601.

Guerre des

Auteurs, pag.

d'autres ne lui en accordent que fix. cens.C'eft auffi à ce nombre que Hardy dy veut bien fe reftraindre. A la vérité, une fi prodigieufe quantité pourra furprendre,mais on convient généralement que Hardy avoit un talent inoui pour la verfification. « Il avoit, » dit Guerret, Guerret, « une trop grande facilité à » faire des vers. » L'on fçait, » ajou161. & 162. te-t-il, « que bien fouvent deux mille » vers ne lui coutoient que vingt-qua» tre heures. En trois jours il faifoit "une Comédie, les Comédiens l'apprenoient, & le public la voyoit. Il » ne faifoit point languir, comme l'on » fait maintenant; & la différence que je trouve entre nos Poëtes modernes »& lui; c'est qu'on repréfentoit d'a»bord fes Piéces fans les promettre, & l'on promet quelquefois les leurs

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❤que

» fans les jouer. »

Théophile fait ainfi parler Hardy.
Coutumier de courre une plaine
Qui s'étend part-tout l'Univers
J'entens à composer des vers

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Quatre milliers tout d'une haleine. («)

(a) Théophile dit encore dans un autre endroit.
Hardy, dont le plus grand Volume,
N'a jamais fçû tarir la plume,
Pouffe un torrent de tant de vers,
Qu'on diroit que l'eau d'Hippocrene
Ne tient tous fes vaiffeaux ouverts
Que lorfqu'il y remplitfa veine.

Ces

pour preuves peuvent fuffire établir un fait auffi certain. Il n'eft pas fi facile de juftifier notre Auteur fur la foibleffe de fes Ouvrages.Nous ne nous arrêterons point à examiner l'abfurde apologie que Claveret en a voulu entreprendre, non plus que la critique mal entendue de l'Abbé d'Aubignac, (a) pour rapporter le fentiment de M. de Fontenelle. Voici fes propres mots.

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»ment. ...

>> vers,

En un

1601.

» mot, j'aime fon gé-
» nie, & non pas fes
& quoiqu'on en
» die, je ne puis fouffrir
» que de foibles potirons
» m'empêchent de voir
» une fi grande lumic-
"re. » Y eut-il jamais
entêtement plus ridicu-
le, & plus extravagant.
Ecoutons préfentement
la Critique de l'Abbé
d'Aubignac, qui n'eft
gueres plus fenfée, puif-
qu'elle porte à faux.
Au fiécle de Ronfard,
» dit-il, le Théatre com- Théatre
Pratique du
de
>>>mençà fe mettre en l'Abbé d'Au-
>> fa premiere vigueur. bignac, édi-
» Jodelle & Garnier 'tion d'Hol-
» qui s'en rendirent les lande, page
»premiers reftaurateurs,
105.
» obferverent affez rai-
» fonnablement cette ré-
»gle du tems. Mais auf-
» fitôt le déréglement fe
» remit fur le Théatre,

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