Ne craint-il point marchant fans clarté, ne 1604 fçais ou, Comme un aveugle-né, trébucher en un trou. Lucelle témoigne quelque furprife à l'arrivée d'Afcagne: cet Amant la raffure, & lui protefte que fon deffein eft de l'époufer; ce qu'il promet autentiquement, & fort après être convenu de l'heure de fe revoir. Philippin qui a entendu toute leur converfation court chercher Carpony, & trouvant en chemin le Baron, qui vient avec un Luth pour divertir fa Maîtreffe, il lui fait part de ce qu'il vient d'entendre. Saint Amour fort en jurant qu'il se vengera de fon Rival. A CTE IV. Arpony n'eft pas moins irrité con- Care Afcagne. CARPONY à Philippin. Çà, çà, mon coutelas? morbleu nous les aurons, 1604. C'eft fait d'eux autrefois, ès-guerres d'I talie : Au jeune Rodomont j'ay bien ofté la vie. N'eut gagé l'Espagnol de la rançon des Ne faifons point de bruit dit Philippin. Alcagne cependant fe gliffe dans la chambre de Lucelle. LUCELLE à Afcagne. Afcagne, approchez-vous, mettez-vous dans Mais tandis de rechef, je t'adjure d'un point, Sois loyal & difcret. ASCAGNE. Ne vous fouciez point. A ce mot Philippin enfonce la por te, furprend Afcagne, & avertit Carpony, qui l'envoye auffitôt prendre du 1604. fublimé chez un Apotiquaire. Philippin revient, & préfente à Afcagne le poifon & un piftolet, dont il lui laiffe le choix. ASCAGNE. Voilà de mon fervice un falaire farouche. Avalez-en la moitié, répond Philippin, qui refte exprès pour le voir expirer. Ce jeune homme déplore fon fort, ajoutant qu'il eft Prince Polonois, & fils du Palatin de Pofnanie. Loin d'être touché de ce discours, le malin Valet le raille encore fur fa nobleffe: On dira, ajoute-t-il, PHILIPPIN. Il mourut en contant, En contant il mourut; bref finissant sa vie, Je me représentois le trifte Jérémie. A peine Afcagne a perdu connoiffance, que le barbare Banquier fait porter fon corps à Lucelle, avec le refte du poison, qu'elle prend d'autant plus volontiers, qu'elle veut aller rejoindre fon Amant. Le Baron entre & trouvant Marguerite en pleurs, lui demande où eft Afcagne? Je n'en fçais rien, répond la désolée servante. 1604. SAINT-AMOUR. Ne me le celez point, ma belle, je vous prie, Auffi-bien eft-il mort, où je perdrai la vie. MARGUERITE. Las! quel bruit langager vous a jà adverty? Quoy! Afcagne eft-il mort? MARGUERITE. Ouy. SAINT-AMOUR. Et j'eftoy party A deffein de venir chastier fa cautelle. B ACTE V. Auftrald envoyé par le Palatin de Pofnanie, pere d'Ascagne, vient annoncer à ce jeune Seigneur que fes affaires font accommodées, & qu'il revenir peut, quittant fon faux nom, en fureté au Païs de fa naiffance. Il apprend du Baron fon accident, & après avoir vomi mille imprécations contre l'auteur de cette cruauté, il va chercher la juftice. Carpony intimidé par fes menaces, ordonne à Philippin de feller fon cheval, & prêt à s'enfuir il eft arrêté par Claude l'Apotiquaire, qui vient affurer que le prétendu poifon, n'eft qu'une potion fomnifere: il 1604. en donne enfuite la preuve, en faisant revenir ces deux Amans. Bauftrald à fon retour fait difficulté de croire cet heureux changement, jufqu'à ce qu'il l'entende certifier de la propre bouche d'Afcagne, qui prie Lucelle de vouloir bien l'accompagner en Pologne; Ouidà, répond cette fille, en faisant une profonde révérence. LUCELLE. Je vous affifteray pour honorer toufiours LUCELLE aux Spectateurs. Apprenez comme moy d'aimer un eftranger, Puifque le plus grand heur eft au plus grand danger. Si je n'euffe perdu ce titre de pucelle, Je n'aurois d'autre nom, que le nom de Lu celle. Mais heureuse perdant cette virginité, |