1604. MÉLÉ AGRE TRAGEDIE D'ALEXANDRE HARDY. M Éléagre ouvre la Scene & déplo re le fort des Rois, qui doivent inceffamment veiller à la fûreté, & la tranquillité de leurs Sujets ; les Héros de la Gréce viennent lui offrir leurs fecours, pour exterminer le monftrueux Sanglier qui défole le Païs. Atalante, Princeffe d'Arcadie, vient en augmenter le nombre, & reçoit des complimens, la plupart ironiques. Un Mellager vient rendre compte du fuccès de la chaffe ; Méléagre ordonne qu'on porte à la Princeffe la hure de l'animal: cette préférence marquée offenfe les oncles du Roy, & les porte à des desseins violens. PLEXIPpe. L'affection du Roy qui ne vit plus qu'en elle. TOXÉE. TOXE'E. L'affection du Roy ne ranimera pas Une ombre féminine envoyée au trépas. 1604 Le fupplice en cela excéderoit l'offenfe, TOXE'E. L'Afpic, ne la Vipere éteins ne font pas peur. PLEXIPPE.. L'injure ne provient que de qui la guerdonne. Elle n'a point failly prenant ce qu'on luy donne. TOXE'E. Mais ce traître animal une fois irrité, Ne fe r'appaife plus ? PLEXIPPE. Tu dis la vérité : Toutesfois n'éprouvons que tard la violence. Dans cette intention ils abordent Atalante; & voyans que les difcours font inutiles, ils ont recours à la force, & lui arrachent des mains la fameufe hure qui caufe leur jaloufie. Tome IV. D 1604. PLEXIPPE. Malgré toy nous l'aurons, & lache foudain prise. ATALANTE. Au fecours, citoyens, on me force furprise. Accourez vîte, amis, des voleurs inhumains mains. TOX E' E tenant la hure, & bravant Implore déformais qui tu voudras, paillarde, ATALAN T E au Chœur des Filles. Sur ces plaintes, Méléagre mande les deux Princes, & leur ôte la vie fur le Théatre lorfqu'il leur a donné le dernier coup, Atalante s'avife de vouloir l'empêcher. ATALANTE. Hé! Sire, refrenez....... (à part.) la colere l'emporte, Et pour le retenir je ne fuis affez forte. Althée apprend avec un chagrin ex trême ce qui vient d'arriver, & malgré les confeils de fa Nourrice, elle 1604 prend la réfolution de faire périr Méléagre. Idmon vient enfuite pour faire le récit de la mort de ce Prince, mais la furieuse Althée, par une adreffe du Poëte, l'interrompt, & évite ainfi l'ennuy d'un récit. DE CHARLES BAUTER, Cachée fous le faux nom de Meligloffe. L'A 'Auteur qui avoit envie de prendre un nom fuppofé, n'en pouvoit choifir un qui convienne plus mal à fa verfification, qui eft fort au-deffous de la médiocre. L'Analyfe fuivant fera juger du Plan & de la conduite de fon Poëme. Au premier Acte le Duc Aymon, autorifé par l'Empereur Charles, veut marier Bradamante à Léon Prince de 1605. Grece. Roland, Marphife, & Olivier 1605. repréfentent inutilemeut que cette Princeffe eft promise à Roger, qui l'aime, & en eft aimé. Les oppofitions de Renaud n'ont pas plus d'effet. Le Duc perdant patience, menace de prendre un bâton pour ranger à fon devoir ce fils infolent. Enfin, après bien des conteftations, & des difcours peu féants dans la bouche des uns & des autres, arrivent Roger & le Prince de Grece. Ce dernier finit la difpute, & protefte hautement qu'il cede Bradamante à fon Rival. L'Empereur & le Duc Aymon y donnent leur confentement. On célébre au fecond Acte ce mariage par un magnifique Tournois: Rodomont s'y préfente pour combattre Roger, & perd la vie. Le refte de la Piece se paffe aux Enfers. L'Ombre de Rodomont répand une terreur univerfelle dans le fombre Empire. Caron craint de le recevoir dans fa Barque. La feule Ombre de Mandricard ofe lui faire tête. Leur duel finit par la chute des deux Ombres dans le fleuve Lethé, dont la Vertu rend la tranquillité à celle de Rodo mont. |