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uoi en partie je fuis parvenu dans les fuites.

Le plaifir avec lequel j'avois pris cet argent, ne fit qu'enhardir Genevieve à pouffer fes deffeins; elle ne douta point que je ne facrifiaffe tout à l'envie d'en avoir beaucoup; & dans cette perfuafion, elle perdit la tête & ne se menagea plus.

Suis moi, me dit-elle un matin, je veux te montrer quelque chose.

Jela fuivis donc, elle me mena dans fa Chambre ; & là, m'ouvrir un petit coffre tout plein des profits de fa complaisance : à la lettre il étoit rempli d'or, & affurément la fomme étoit confidérable; il n'y avoit qu'unPartisan qui eût le moyen de fe damner si cherement, & bien des femmes plus hupées l'en auroient pour cela quitté à meilleur marché que la foubrettte.

Je cachai avec peine l'étou

nement où je fus de cet honteufe richeffe ; & gardant toûjours l'air gaillard que j'avois jufques-là foutenu là-deffus : Eft-ce encore là pour moi, lui dis-je? Ma chambre n'eft pas fi bien meublée que la votte, & ce petit coffre là y tiendra à merveilles.

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Oh! pour cet argent-ci, me répondit-elle, tu veux bien que je n'en difpofe qu'en faveur du mari que j'aurai. Avise-toi là-deffus.

Ma foi, lui dis-je, je ne fçais où vous en prendre un, je ne connois perfonne qui cherche femme. Qu'est-ce que c'eft que cette réponse là? me répliquaelle: Où eft donc ton efprit? Eftce que tu ne m'entens pas?Tu n'as que faire de me chercher un ma ri; tu peus en devenir un, n'estu pas du bois dont on les fait ? Laiffons-là le bois, lui dis- je, c'est un mot de mauvaise augure. Quant au refte, continuai-je, ne

voulant pas la brufquer, s'il ne tenoit qu'à être votre mari, je le ferois tout-à-l'heure, & je n'aurois peur que de mourir de trop d'aife: Eft-ce que vous en doutez ? N'y-a-t'il pas un miroir ici ?Regardez vous, & puis vous m'en direz votre avis. Tenez, ne faut-il pas bien du tems pour s'aviser fi on dira oui avec Mademoiselle ; vous n'y fongez pas vous-même avec votre avisement. Ce n'eft pas là la difficulté.

Eh! Où eft-elle donc ? Repritelle d'un air avide & content. Oh! ce n'eft qu'une petite bagatelle, lui dis-je; c'est que l'amitié de Monfieur pourroit bien me procurer des coups de bâton, si j'allois lui foufler fon amie. J'ai déja veu de fes amitiés-là, elle n'entendent pas raillerie ; & puis, que feriez-vous d'un mari fi maltraité. Qu'elle imagination vas-tu te mettre dans l'efprit? me dit-elle, je gage que fi Monsieur fçait que

je t'aime, il fera charmé que je t'époufe, & qu'il voudra lui-même faire les frais de notre mariage. Ce ne feroit pas la peine, lui dis-je, je les ferois bien moi-même; mais, par ma foi, je n'ofe aller en avant, votre bon ami me fait peur en un mot; fa bonne affection n'eft peut-être qu'une fimagrée je me doute qu'il y a fous cette peau d'ami, un renard qui ne demande qu'à croquer la poule; & quand il verra un petit roquet comme moi la pourfuivre, je vous laiffe à penfer ce qui en adviendra, & fi cet hypocrite de renard me laiffera faire.

N'eft-ce que cela qui t'arrête ? Me dis-tu vrai? Me repartit-elle. Affurément lui-dis-je ! Eh bien, je vais travailler à te mettre en repos là-deffus, me répondit-elle, & à te prouver qu'on n'a pas envie de te difputer ta poule. Je ferois fâché qu'on te furprît dans ma chambre, feparons nous; mais je

te garantis notre affaire faite. Là-deffus je la quitai un peu inquiet des fuites de cette avanture, & avec quelque repentir d'avoir accepté de fon argent; car je devinai le biais qu'elle prendroit pour venir à bout de moi : je m'attendis que Monfieur s'en mêleroit, & je ne me trompai pas.

Le lendemain un laquais vint me dire de la part de notre maître d'aller lui parler, & je m'y rendis fort embaraffé de ma figure. Eh bien, me dit-il, Mons Jacob, comment fe comporte votre jeune maître? Etudie-t-il affidument? Pas mal, Monfieur, repris-je. Et toi, te trouve-tu bien du féjour de Paris?

Ma foi, Monsieur, lui répondis-je, j'y bois & j'y mange d'auffi bon apetit qu'ailleurs.

Je fçais me dit-il, que Madame t'a pris fous fa protection, & j'en fuis bien aife: mais tu ne me dis pas tout; j'ai déja appris de tes

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