கம் OPERATIONS DE CHIRURGIE Des Opérations qui fe pratiquent fur le ventre inférieur. SECONDE DEMONSTRATION. L 'HOMME n'eft pas plutôt né, Meffieurs, qu'il doit un tribut à la Chirurgie. Il faut qu'il fouffre d'abord une de les opérations, fans quoi il feroit en danger de périr peu de tems après fa naiffance. A peine voit-il le jour, qu'il implore le fecours d'un Chirurgien qui lui faffe la ligature & l'incifion du cordon ombilical. Le befoin que nous avons d'une telle opération en venant au monde, prouve la néceffité de l'Art qui nous enfeigne à la pratiquer, puifque fans elle, auffi-tôt que nous commencerions à refpirer, nous ferions obligés de rendre incontinent les derniers foupirs. Qu'on ne nous dife pas que ce qui fe pratique pour lors à l'ombilic n'eft point du domaine de la Chirurgie, à caufe que les Sages-femmes font De la lig employées à cette opération; car quoique par un ture du sormotif de pudeur mal fondé les Chirurgiens ayent don ombili anciennement instruit des matrones dans l'art d'ac coucher, toutefois il eft vrai de dire que les accouchemens ne dépendent pas moins de la Chirurgie , que la maladie des yeux, des dents, de la pierre, les fractures & les luxations, lefquelles font pourtant traitées par des perfonnes qu'on défigne fous le nom d'Oculiftes, d'Arracheurs de dents, de Lithotomiftes, de Renoueurs, puifque tous ces différens Opérateurs n'ont de fuccès dans la cure de ces infirmités qu'autant qu'ils fe conforment aux préceptes que leur prefcrit notre Profeffion. La science Chirurgicale eft d'une fi grande étendue, qu'on a été obligé de la féparer en divers emplois, aufquels plufieurs gens fuivant leur genie fe font uniquement attachés. En effet les parties de la Chirurgie font en fi grand nombre, qu'il eft très-difficile qu'un Chirurgien puiffe exceller également en toutes; mais il ne lui eft pas permis de les ignorer, il ne doit point donner de bornes à fes lumieres, & c'eft ce qui le diftingue de ces fortes d'Opérateurs particuliers. Les Chirurgiens qui ne font pas leur principal des accouchemens, ou qui même font dans le deffein de ne s'en pas mêler du tout, doivent fçavoir comment il faut lier le cordon de l'ombilic, parce que s'ils étoient appellés au moment qu'une femme viendroit d'accoucher, ou qu'ils fe trouvaffent feuls avec elle, ils verroient expirer l'enfant entre leurs bras, s'ils ignoroient les moyens de faire la ligature à ce cordon. Il ne faut pas differer long-tems à faire cette ligature, par la raison que je vais vous en dire : vous avez pû apprendre dans mon Anatomie que le fang étoit porté de la mere à l'enfant le long du cordon par la veine ombilicale, & qu'il retournoit de l'enfant à la mere par les arteres du même nom, ce qui eft manifefte par le battement qu'on fent à ces arteres tout le long de ce cordon, & qui répond au mouvement du cœur de l'enfant; ainfi vous jugez bien que par le retardement de la ligature l'enfant pourroit perdre tout fon fang, parce que les arteres le portant fans ceffe vers le placenta d'où il fe peut échapper par les mêmes embouchures, par où il repaffoit à la mere, & n'en revenant plus de nouveau par la veine ombilicale pour remplacer celui qui fe vuideroit, il ne faudroit pas que cette iffue reftât ouverte beaucoup de tems pour le faire mourir. Cette opération qu'on nomme embruotomie, dérive de embruon, qui fignifie enfant, & de temnein. qui veut dire couper, parce qu'elle confifte à faire la fection du nombril d'un enfant qui ne vient que de naître. Cette opération, dis-je, quoique des plus fimples de la Chirurgie, demande néanmoins toute l'application de celui qui la fait, parce qu'elle eft accompagnée de circonftances effentielles qui font très-délicates, puifqu'on a vû mourir plufieurs enfans, faute de l'avoir bien faite. Voici la maniere de s'en acquitter parfaite ment. On prend du fil qu'on ploye en cinq ou fix doubles, & de la longueur d'environ un pied, on fait un nœud à chaque bout de ces fils pour les tenir enfemble & empêcher qu'ils ne s'entremêlent en faifant la ligature. De ce fil A. ainfi apprêté, on lie Fil A. pro le cordon à deux travers de doigts près du nompre à lier le cordon de bril de l'enfant, & on fait un double nœud dabord; puis retournant le fil de l'autre côté, on y fait encore un femblable nœud qu'on recommence une troifiéme fois pour plus grande fûreté; enCifeaux B. fuite on coupe avec de bons cifeaux B. ce cordon à un doigt au-de-là de la ligature, enforte qu'il Pombilic. |