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Levit. 2.

» me la plus grande de toutes les faveurs qu'il
» vous a déja faites, & que vous ne fçauriez
» jamais recevoir de lui. Que fi un Législateur
» quoiqu'il ne foit qu'un homme, ne içauroir
» fouffrir que l'on néglige les loix qu'il a éta-
» blies, mais venge ce mépris de tout fon pou-
» voir, jugez quel fera le courroux & l'indig-
» nation de Dieu fi vous manquez d'observer
» les fiennes. Mais je le prie de tout mon cœur
» de ne pas permettre que vous foyez affez mal-
» heureux pour l'éprouver.

ver,

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Après que Moife leur eut ainfi parlé, il prédit à chacune des Tribus ce qui devoit lui arri & leur fouhaita mille bénédictions. Toute cette grande multitude ne put plus long-temps retenir fes larmes: hommes & femmes, grands & petits témoignerent également leur douleur de perdre un chef fi admirable; & il n'y eut pas jufques aux enfans qui ne fondiffent en pleurs fon éminente vertu ne pouvant être ignorée par ceux même de cet âge. Quant aux perfonnes raifonnables, les uns déploroient la grandeur de leur perte pour l'avenir, les autres fe plai gnoient de n'avoir pas affez compris quel bonheur ce leur étoit d'avoir un tel conducteur, & d'en être privés lorfqu'ils commençoient à le connoître. Mais rien ne fit fi bien voir jusques à quel point alloit leur affliction, que ce qui arriva à ce grand Legislateur. Car encore qu'il fût perfuadé qu'il ne falloit point pleurer à l'heure de la mort, puifqu'elle n'arrive que par la volonté de Dieu & par une loi indispensable de la nature, il fut néanmoins fi touché des larmes de tout ce peuple, que lui-même ne pur s'empêcher d'en répandre. Il marcha enfuite vers le lieu où il devoit finir fa vie ; & tous le fuivirent en gémiffant. Il fit figne de la main aux

Deus. 34

plus éloignés de s'arrêter, & pria les plus proches de ne s'affliger pas davantage en le fuivant avec tant de temoignages d'afle Ɛtion. Ainfi pour lui obéir, ils demeurerent, & tous enfemble plaignoient leur malheur dans une perte fi grande & ii generale. Les Sénateurs, Eleazar, Grand Sacrificateur, & Jolué, General de l'armée, furent les feuls qui l'accompagnerent. Lorfqu'il fut arrivé tur la mont.gne d'Abar", qui eft vis à-vis de Jericho, & hi haute qu'on voit de-là tout le pays de honom, il donna congé aux Sénateurs, embr.fia Eléczer & Jofué, & leur dit le dernier adieu. Comme il parloit encore, une nuée l'environna, & il fut transporté dans ne vallée. Les Livres faints qu'il nous a la fiés, difent qu'il eft mort, parce qu'il a appréhendé qu'on ne crûr qu'il eui éré encore vivant ravi dans le ciel, à caufe de l'éminence de la vertu il n'y a eu qu'un mois à dire que de six vingt ans qu'il a vêcu il n'en ait paffé quarante dans le gouvernement de tout ce grand peuple dont Dieu lui avoit donné la conduite. Il mourut le premier jour du dernier mois de l'année que les Macédoniens nomment Dyf tros, & les Hebreux Adar.

Jamais homine n'a égalé en fageffe cet illuftre Législateur: jamais nul n'a içu con me lui prendre toujours les meilleures refolutions & fi bien les exécuter ; & j mais nul autre que lui n'a été comparable dans la maniere de traiter avec un peuple, de le gouverner, & de le perfuader par la force de fes difcours. Il a toujours été tellement maître de fes paffions, qu'il fembloit en être exempt, & ne les connoî ie que par les ef fets qu'il en voyoit dans les autres. Sa fcience dans la guerre lui peut donner rang entre les plus grands capitaines; & nul autre n'a eu le

don de prophétie à un fi haut point: car fes ; & il paroles étoient comme autant d'oracles fembloit que Dieu lui même parloit par fa bouche. Le peuple le pleura durant trente jours, & nulle autre perte ne lui a jamais été fi fenfible. Mais il n'a pas feulement été regretté de ceux qui avoient eu le bonheur de le connoître; il l'a auffi été de ceux qui ont vu les loix admirabies qu'il nous a laiffées, parce que la fainteté qui s'y remarque ne peut permettre de douter de l'éminente vertu du Législateur.

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Jofué paff le Jourdain avec fon armée par un miracle. & par un autre miracle prend Jéricho, ou Rahab feule eft auvée avec le fiens, les traèlites font défaits par ceur d'Aïn à cauf du péché a'Achar, & le rendent maîtres de cette ville après qu'il en eut été puni Artifices des Gabanaites pour contracter alliance avec les Hébreux, qui les fecouerent contre le Roi de Jerufalem & quatre autres Rois qui font tous tués. Jofué défait enfuite plufieurs autres Rois, établit le Tabernacle en Silo; par tage le pays de Chanam entre les Tribus, & renvoie celle de Ruben & de Gad & la moitié de celle te Manaffé. Ces Tribus, après avoir poffè le Jourdain élevent un autel, ce qui penfa caufer une grande guerre Mort de Jofué & l'Eleazar Grand Sacrificateur.

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Ous avons vu dans le livre précé- 180.
dent de quelle forte Moïle tut ente. Jofué si
vé de la fociété des hommes. Après
qu'on lui eut rendu les derniers de-
voirs & que le temps du deuil fut

pallé, Jufué commanda à toutes les troupes dé

fe tenir prêtes, envoya reconnoître Jericho & la difpofition des habitans, & marcha avec l'armée dans le deffein de paffer le Jourdain. Comme on avoit donné aux Tribus de Ruben, de Gad, & à la moitié de celle de Manaffé le pays des Amorrhéens, qui eft une feptieme partie de celui de Chanaam, il repréfenta à leurs chefs le foin que Moïfe avoit pris d'eux jufques à fa mort, & les exhorta d'accomplir avec joie ce qu'ils lui avoient promis, ainfi qu'ils y étoient obligés, tant pour reconnoître l'affection qu'il leur avoit témoignée, que pour l'utilité commune; & il les y trouva fi difpofés qu'ils fournirent cinquante mille hommes. Il partit enfuite d'Abila & s'avança foixante ftades vers le Jourdain. Ceux qu'il avoit envoyés reconnoître lui rapporterent que les Chananéens ne fe défioient de rien, qu'ils les avoient pris pour des étrangers que la feule curiofité amenoit en leur pays; qu'ils avoient confideré la ville tout à loifir fans Jofué 2. que perfonne les en empêchât, & remarqué en quels endroits les murailles étoient plus fortes ou plus foibles, & les portes plus faciles à furprendre Que fur le foir ils s'étoient retirés dans une hôtellerie proche les remparts où ils avoient été d'abord, & que lorfqu'après avoir foupé ils fe préparoient à s'en revenir, on avoit rapporté au Roi que des gens envoyés par les Hébreux étoient venus pour reconnoître la ville, & qu'ils étoient logés chez Rahab dans le deffein de fe retirer fécrettement: Que ce Frince avoit aufli-tôr envoyé pour les prendre & les faire appliquer à la question afin de les obliger à tout confeffer mais que Rahab les avoit couverts avec des bottes de lin qu'elle faifoit fécher le long des murs, & avoit dit à ces perfonnes envoyées par le Roi qu'il étoit vrai que des étran.

gers

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