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202.

Juges 4.

CHAPITRE VI.

Jabin, Roi des Chananéens, affervit les Ifraëlites;
Débora & Barach les délivrent.

L

Es maux foufferts par les Ifraëlites ne les ayant pas rendus meilleurs, ils tomberent dans leur impiété envers Dieu, & dans le mépris de fes loix. Ainfi après avoir fecoué le joug des Moabites, ils furent vaincus & affujettis par JABIN, Roi des Chananéens. Il tenoit fa cour dans la ville d'Azot, affife fur le lac de Samachon, entretenoit d'ordinaire trois cens mille hommes de pied, dix mille chevaux, & mille chariots; & SYSARA, Général de fon armée, étoit en très-grande faveur auprès de lui, parce qu'il avoit vaincu les Ifraëlites en plufieurs combats, & qu'il devoit principalement à fa conduite & à fa valeur de les avoir pour tributaires. Ils pafferent vingt ans dans une fi dure fervitude, qu'il n'y eut point de maux qu'ils ne fouffriffent; & Dieu le permit pour les punir de leur orgueil & de leur ingratitude. Mais au bout de ce temps ils reconnurent que le mépris qu'ils avoient fait de fes faintes loix étoit la caufe de tous leurs malheurs. Ils s'adrefferent à une Propheteffe nommée DEBORA, qui fignifie en hébreu abeille, & la prierent de demander à Dieu d'avoir compaffion de leurs fouffrances. Elle le pria en leur faveur, & il fut touché de fa priere. Il lui promit de les délivrer par la conduite de BARACH, c'est-à-dire éclair en notre langue, qui étoit de la Tribu de Nephthali. Debora enfuite de cet oracle commanda à Ba

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rach d'affembler dix mille hommes & d'attaquer les ennemis, ce petit nombre étant fuffifant puifque Dieu lui promettoit la victoire. Barach lui ayant répondu qu'il ne pouvoit accepter cette charge fi elle ne prenoit avec lui la conduite de cette armée, elle lui répartit avec colere: » N'avez-vous point de honte de céder à » une femme l'honneur que Dieu daigne vous » faire ? Mais je ne refufe point de le recevoir. Ainfi ils affemblerent dix mille hommes & s'allerent camper fur la montagne de Thabor. Syfara par le commandement du Roi fon maître marcha pour les combattre, & fe campa proche d'eux. Barach & le refte des Ifraëlites épouvantés de la multitude de leurs ennemis, vouloient fe retirer & s'éloigner autant qu'ils pour roient. Mais Débora les arrêta & leur commanda de combattre ce jour-là même fans appréhender cette grande armée puitque la victoire dépendoit de Dieu, & qu'ils devoient s'affurer de fon fecours. La bataille fe donna : & dans ce moment on vit tomber une groffe pluie mêlée de grêle, que le vent pouffoit avec tant de violence contre le vifage des Chananéens, que leurs archers & leurs, frondeurs ne purent fe fervir de leurs arcs & de leurs frondes, ni ceux qui étoient armés plus péfamment fe fervir de leurs épées, tant ils avoient les mains tranfies de froid. Les Ifraëlites au contraire n'ayant cette tempête qu'au dos, non-feulement elle ne les incommodoit gueres, mais elle redoubloit leur courage par cette marque fi vifible de l'afliftance de Dieu. Ainfi ils enfoncerent les ennemis, & en tuerent un grand nombre; & de ce qui resta, une partie périt fous les pieds des chevaux & fous les roues des chariots de leur propre armée qui s'enfuioir en défordre. Syrfa voyant tout

défefpéré, defcendit de fon chariot & fe retira chez une femme Cinienne nommée JAEL, qu'il pria de le cacher, & lui demanda à boire. Elle lui donna du lait aigre, dont il but beaucoup parce qu'il avoit une extrême foif, & s'endor. mit. Cette femme le voyant en cet état, lui enfonça avec un marteau un grand clou dans la temple; & les gens de Barach étant furvenus elle leur montra fon corps mort. Tellement que fuivant la prédiction de Debora, l'honneur de cette grande victoire fut dû à une femme. Barach marcha enfuite vers la ville d'Azot, défit & tua le Roi Jabin qui venoit avec une armée à fa rencontre, rafa la ville, & gouverna le peuple de Dieu durant quarante ans.

203.

Juges 6.

CHAPITRE VII.

Les Madianites, affiftés des Amalécites & des
Arabes, affervissent les Ifraëlites.

Après la mort de Barach & celle de Debora,

qui arriverent prefqu'en même temps, les Madianites, affiftés des Amalécites & des Arabes, firent la guerre aux Ifraëlites, les vainquirent dans un grand combat , ravagerent leur pays, & en remporterent beaucoup de butin. Ils continuerent durant fept ans à les preffer de la forte, & les contraignirent enfin d'abandonner toute la campagne pour fe fauver dans les mon. tagnes. Ils y creuferent fous la terre de quoi fe loger, & y retiroient ce qu'ils pouvoient prendre dans le plat pays car les Madianites après avoir fait la moiffon leur permettoient de cultiver les terres durant l'hyver, afin de profi

ter de leur travail dans le temps de la récolte. Ainfi leur mifere étoit extrême: & dans un état fi deplorable, ils eurent recours à Dieu pour le prier de les affifter.

CHAPITRE VII I.

Gédéon délivre le peuple d'Ifraël de la fervitude des Madianites.

UN jour que 'GÉDÉON, fils de Joas, qui-204.

étoit un des principaux de la Tribu de Manaffé, battoit en fecret des gerbes de blé dans fon preffoir, parce qu'il n'ofoit les battre publiquement dans l'aire de fa grange à caufe de la crainte qu'il avoit des ennemis, un Ange lui apparut fous la forme d'un jeune homme, & lui dit qu'il étoit heureux parce qu'il étoit chéri de Dieu. C'en eft, répondit Gédéon, une belle marque, de me voir contraint de me fervir d'un preffoir au lieu de grange. L'Ange l'exhorta de ne pas perdre ainfi courage, mais d'en avoir même affez pour ofer entreprendre de délivrer le peuple. Il lui répartit que c'étoit lui propofer une chofe impoffible, tant à caufe que fa Tribu étoit la moins forte de toutes en nombre d'hommes, que parce qu'il étoit encore jeune & incapable d'exécuter un fi grand deffein. Dieu fuppléera à tout, lui répliqua l'Ange ; & donnera la victoire aux Ifraëlites lorfqu'ils vous auront pour Général. Gédéon rapporta cette vifion à quelques perfonnes de fon âge, qui ne mirent point en doute qu'il ne fallût y ajouter foi. Ils affemblerent auffi-tôt dix mille hommes réfolus de tout entreprendre pour se déli

Juges 6.

Juges 7. vrer de fervitude. Dieu apparut en fonge à Gẻ

déon, & lui dit, que les hommes étant fi vains qu'ils ne veulent rien devoir qu'à eux-mêmes, & attribuent leurs victoires à leurs propres forces, au lieu de les attribuer à fon fecours, il vouloit leur faire connoître que c'étoit à lui feul qu'ils en étoient redevables. Qu'aifi il lui commandoit de mener fon armée fur le bord du Jourdain lors de la plus grande chaleur du jour, de ne tenir pour vaillans que ceux qui fe baifferoient pour boire à leur aife, & de confiderer au contraire comme des lâches ceux qui prendroient de l'eau tumultuairement & avec hâte, puifque ce feroit une marque de l'appréhension qu'ils auroient des ennemis. Gédéon obéit, & il ne s'en trouva que trois cens qui prirent de l'eau dans leurs mains & la porterent de leurs mains à leur bouche fans aucun empreffément. Dieu lui commanda enfuite d'attaquer de nuit les ennemis avec ce petit nombre; & remar quant de l'agitation dans fon efprit, il ajouta pour le raffurer, qu'il prît feulement un des fiens avec lui, & s'approchât doucement du camp des Madianites pour voir ce qui s'y paffoit. Il exéc ta cet ordre ; & lorfqu'il fut proche de leurs tentes, il entendit un foldat qui ra. contoit à fon compagnon un fonge qu'il avoit fair. J'ai fongé, lui difoit-il, que je voyois >> un morceau de pâte de farine d'orge qui ne » valoit pas la peine de le ramaffer, & que cette » pâte fe roulant par tout le camp, elle avoit » commencé par renverfer la tente du Roi, & » enfuite toutes les autres. Ce fonge, lui rẻ>>pondit fon compagnon, préfage la ruine en»tiere de notre armée : & en voici la raison. » L'orge eft le moindre de tous les grains & » ainfi comme il n'y a point maintenant de na.

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