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tourterelle & une colombe qu'il offrit entieres fans les divifer. Auparavant qu'il eut dreffé l'autel, lorsque les oifeaux tournoient alentour des victimes pour le repaître de leur fang, il entendit une voix du ciel qui lui prédit que fes defcendans fouffriroient durant quatre cens ans une grande perfecution dans l'Egypte, mais qu'ils Triompheroient enfin de leurs ennemis, vaincroient les Chananéens & fe réndroient maîtres de leur pays.

Abraham demeuroit en ce temps-là en un lieu Genef. nommé le Chefne d'Ogis, affez proche de la ville d'Hebron. Comme il étoit toujours dans l'affliction de voir que fa femme étoit ftérile, il ne ceffoit point de prier Dieu de lui vouloir donner un fils, & Dieu ne lui confirma pas feulement la promeffe qu'il lui en avoit faite mais l'affura encore de tous les autres biens qu'il lai avoit promis lorfqu'il l'avoit obligé à quitter la Mefopotamie.

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Sara par le commandement de Dieu donna alors à Abraham une de fes fervantes nommée AGAR, qui étoit Egyptienne, afin qu'il en eût des enfans; mais lorfque cette fervante fe fentit groffe, elle méprifa fa maître f fe, & fe flatta de la créance que fes enfans feroient un jour les héritiers d'Abraham. Cet homme jufte eut horreur de fon ingratitude, & remit à la volonté de Sara de la punir comme il lui plairoit. Agar, comblée de douleur s'enfuit dans le défert, & pria Dieu d'avoir compaffion de fa mifere. Lorfqu'elle étoit en cet état, une Ange lui commanda de retourner vers fa maîtreffe, fur l'affurance qu'il lui donna qu'elle lui pardonneroit, pourvu qu'elle reconnût fa faute, le châtiment qu'elle avoit reçu, étant une jufte punition de fa mécon

noiffance & de fon orgueil. Il ajouta que fi au lieu d'obéir à Dieu, elle s'éloignoit davanta ge, elle périroit miférablement : mais que fi elle fe foumettoit à sa volonté, elle feroit mere d'un fils qui régneroit un jour en cette provin ce. Elle obéit, demanda pardon à sa maîtresse, l'obtiat, & peu de temps après accoucha d'un fils qui fut nommé ISMAEL, c'est-à-dire exaucé, pour montrer que Dieu avoit exaucé les prieres de fa mere.

Abraham avoit quatre vingt-fix ans lors de 31. la naiffance d'Ifmaël, & quatre vingt-dix-neuf Gen. 17. ans lorfque Dieu lui apparut & lui dit que Sara auroit un fils que l'on nommeroit Ifaac, dont la postérité feroit très-grande, & de qui il naîtroit des Rois qui s'affujettiroient par les armes tout le pays de hanaam depuis Sydon jufques à l'Egypte. Et afin de diftinguer fa race d'avec les autres nations, il lui commanda de circoncire tous les enfans mâles huit jours après leur naiffance, dont je, rapporterai ailleurs encore une autre raifon. Et fur ce qu'Abraham demanda à Dieu fi Ifmaël vivroit, il lui répondit qu'il vivroit fort long-temps, & que fa poftérité feroit très-grande. Abraham rendit des actions de graces à Dieu de ces faveurs, & auffi-tôt fe fit circoncire avec toute fa famille, Ifmaël étant déja âgé de ↑ treize ans.

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Gen. 18.

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CHAPITRE X I.

Un Ange prédit à Sara qu'elle auroit un fils. Deux autres Anges vont à Sodome. Dieu extermine cette ville. Loth feul s'en fauve avec fes deux filles & fa femme, qui eft changée en une colomne de fel. Naiffance de Moab d'Amon. Dieu empêche le Roi Abimeleck d'exécuter fon mauvais dessein touchant Sara. Naiffance d'Ifaac.

Es peuples de Sodome, enflés d'orgueil par

fes oublierent les bienfaits qu'ils avoient reçus de Dieu, & n'étoient pas moins impies envers lui 9 qu'outrageux envers les hommes. Ils haïffoient les étrangers, & fe plongeoient dans des voluptés abominables. Dieu, irrité de leurs crimes, réfolut de les punir, de détruire. leur ville de telle forte qu'il n'en reftât pas la moindre marque, & de rendre leur pays fi ftérile, qu'il fût à jamais incapable de produire aucun fruit ni aucune plante.

Un jour qu'Abraham étoit affis à la porte de fon logis auprès du chêne de Mambré trois Anges fe préfenterent à lui; il les prit pour des étrangers, & s'étant levé pour les faluer, leur offrit fa maifon. Ces Anges accepterent fa civilité, & Abraham fit tuer un veau qui leur fut fervi rôti avec des gâteaux de fleur de farine. Ils fe mirent à table fous lè chêne, & il parut à Abraham qu'ils mangeoier ils lui demanderent où étoit fa femme. Il leur répondit qu'elle étoit à la maifon

& l'envoya querir auffi-tôt. Quand elle fut arrivée, ils lui dirent qu'ils reviendroient dans quelque temps, & qu'ils la trouveroient groffe. A ces paroles elle fourit, parce qu'étant âgée de quatre vingt-dix ans, & fon mari de cent, elle croyoit la chofe impoffible. Alors ces Anges, fans fe cacher davantage, leur déclarerent qu'ils étoient des Anges de Dieu envoyés de fa part, l'un pour leur annoncer qu'ils auroient un fils, & les deux autres pour exterminer Sodome. Abraham touché de douleur de la ruine de ce peuple malheureux, fe leva & pria Dieu de ne pas faire périr les innocens avec les coupables. Dieu lui répondit que nul d'eux n'étoit innocent, & que s'il s'en trouvoit fealement dix, il pardonneroit à tous les autres. Après cette réponte, Abraham n'ofa plus parler en leur faveur.

Les Anges étant arrivés à Sodome, Loth, que l'exemple d'Abraham avoit rendu fort cha ritable envers les étrangers, les pria de loger chez lui. Les habitans de cette déteftable ville les voyant fi beaux & fi bien faits, prefferent Loth, chez qui ils étoient entrés, de les leur mettre entre les mains pour en abufer. Cet homme jufte les conjura d'avoir plus de retenue, de ne lui pas faire l'affront d'outrager des étrangers qui étoient fes hôtes, & de ne pas violer en leur perfonne le droit d'hofpitalité. Il ajouta que fi ces raifons ne les tou. choient point, il aimoit mieux leur abandonner les propres filles. Mais cela même ne fut pas capable de les arrêter. Dieu regarda d'un eil de fureur l'audace de ces fcelerats, les frappa d'un tel aveuglement qu'ils ne purent trouver l'entrée de la maifon de Loth, & ré. folut d'exterminer tout ce peuple abominable.

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Il commanda à Loth de fe retirer avec fa femme & fes deux filles qui étoient encore vierges, & d'avertir ceux à qui elles avoient été promises en mariage de fe retirer avec eux. Mais ils fe mocquerent de cet avis, & dirent que c'étoit-là une des rêveries' ordinaires de Loth. Alors Dieu lança du ciel les traits de fa colere & de fa vengeance contre cette ville criminelle. Elle fut auffi-tôt réduite en cendres avec tous fes habitans ; & ce même embrafement détruifit tout le pays d'alentour, ainfi que je l'ai rapporté dans mon hiftoire de la guerre des Juifs.

La femme de Loth qui fe retiroit avec lui, & qui contre la défenfe que Dieu lui en avoir faite fe retournoit fouvent vers la ville pour confidérer ce terrible embrafement, fut chan gée en une colomne de fel, & punie en cette forte de fa curiofité. J'ai parlé dans un autre lieu de cette colomne que l'on voit encore aujourd'hui.

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Ainfi Loth fe retira avec fes deux filles dans un coin de terre qui étoit le feul de tout le pays que le feu avoit épargné, & qui porte jufques à cette heure le nom de Zoor, c'est-àdire étroit. Il y paffa quelque temps avec beau coup d'incommodité tant à cause qu'ils y étoient feuls, que par le peu de nourriture qu'ils y trouvoient. Ses deux filles s'imaginant que toute la race des hommes étoit périe, crurent qu'il leur étoit permis pour la conferver de tromper leur pere. Ainfi l'aînée eut de lui un fils nommé M O AB, qui fignifie de mon pere, & la plus jeune en eut un nommé AMMON, c'est-à-dire, fils de ma race. Du premier font venus les Moabites, qui font encore aujourd'hui un puiffant peuple. Les

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