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» confidérer le fujet que vous aurez de rendre » grace à Dieu de celle qu'il vous fera de n'a>> voir point trempé vos mains dans le fang,' » puifqu'en les confervant pures vous l'engage» rez à vous vanger de vos ennemis, & à faire » tomber fur leur tête le malheur qui étoit prêt >> de tomber fur celle de Nabal. J'avoue que » votre colere contre lui eft juite: mais modé»rez-la s'il vous plaît pour l'amour de moi qui » n'ai point de part à fa faute, puifque la bon»té & la clémence font des vertus dignes d'un » homme que Dieu deftine à régner un jour ; & » ayez la bonté d'agréer ces petits préfens que » je vous offre. David reçut fes préiens, & lui » répondit: C'eft Dieu qui vous a emenée ici, » & vous n'auriez pas autrement vu la journée » de demain; car j'avois juré d'exterminer cette » nuit Nabal & toute fa famille, pour le punir » de fon ingratitude & de l'outrage qu'il m'a » fait. Il faut néanmoins que je lui pardonne » en votre confidération, puifque Dieu vous a » infpirée de vous oppofer à ma colere par vos » prieres mais il n'évitera pas le châtiment » qu'il a mérité, & périra par quelqu'autre » voie.Abigail s'en retourna très-confolée d'une réponte fi favorable, & trouva fon mari fi yvre qu'elle ne put alors lui rien dire. Mais le lendemain elle lui raconta tout ce qui s'étoit paffé. La grandeur du péril qu'il avoit couru l'effraya & le troubla de telle forte qu'il devint perclus de tout fon corps, & mourut dix jours après. David dit quand il le tçut, qu'il avoit reçu la récompenfe qu'il méritoit ; loua Dieu de n'avoir pas permis qui eût fouillé fes mains de fon fang, & apprit par cet exemple, qu'ayant les yeux ouverts fur toutes les actions des hommes, il châtie les méchans, & récompenfe les gens

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de bien. La vertu & la fageffe d'Abigaïl, jointes à la grande beauté, avoient donné à David tant d'eftime & d'inclination pour elle, que la voyant veuve, il lui manda qu'il la vouloit époufer. Elle répondit qu'elle n'étoit pas digne de baifer fes pieds, vint le trouver en bon équipage, & il l'époufa. Il avoit déja un autre femme nommée A CHINOAN, qui étoit de la ville d'Abitar. Et quant à Michol, Saül l'avoit donnée en mariage à PHALTIEL, fils de Laïs, qui étoit de la ville de Jefraël.

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1. Rois

Peu de temps après quelques Zipheniens donnerent avis à Saul que David étoit revenu en 26. leur pays, & que s'il vouloit les affifter ils le pourroient prendre. Il fe mit auffi-tôt en campagne avec trois mille hommes de guerre, & Campa ce même jour à Sicelle. David, averti de fa marche, envoya des efpions pour le reconnoître ; & ils lui firent ce rapport. Il partit la nuit, accompagné feulement d'Abifaï & d'Abi. melech Cheléen, & entra dans le camp de Saül: il y trouva tous les foldats endormis, & Abner même leur Général. Il paffa jufques dans la tente du Roi qui dormoit auffi, & prit au chevet de fon lit fon javelot. Abifaï vouloit le tuer; mais il lui retint le bras & l'en empêcha, difant que quelque méchant que fût Saül, on ne pouvoit fans crime entreprendre fur la vie d'un Roi établi de Dieu, & que c'étoit à Dieu même à le punir lorfqu'il connoftroit qu'il en feroit temps. Ainfi il fe contenta d'emporter fon javelot & un vafe qui étoit auprès de lui, afin qu'il ne pût douter qu'il n'avoit tenu qu'à lui qu'il ne l'eût tué; & fe confiant en l'obfcurité de la nuit & en fon courage, il fortit du camp comme il y étoit entré, fans que perfonne s'en apperçuts Après avoir repaffé le torrent, il monta fur la

montagne d'où tout le camp de Saül le pouvoit
entendre, & cria fi haut en appellant Abner,
que ce bruit l'éveilla & tous les foldats. Abner
demanda qui étoit celui qui l'appelloit. C'eft,
répondit David, le fils de Jeffé que vous avez
chaffé. Mais comment eft-ce donc que vous
» qui êtes fi brave & en plus grand honneur
» que nul autre auprès du Roi, avez fi peu de
» foin de le garder, "que vous dormez au lieu de
» veiller à la confervation de fa perfonne ? Et
>> pouvez-vous défavouer d'être coupable d'un
>> crime capital pour avoir été si négligent de
>> ne vous être point apperçu que quelques-uns
» des miens font entrés dans votre camp, &
» jusques dans la propre tente du Roi ? Voyez
» ce que fon javelot & fon vafe font devenus,
» & jugez par-là fi vous avez fait bonne garde.
Saül reconnut la voix de David, & voyant que
par la négligence des fiens il lui auroit été fa-
cile de le tuer, fans que l'on eût pu le trouver
étrange après le fujet qu'il lui en avoit donné
il confeffa lui être redevable de la vie, & lui
dit » qu'il lui permettoit de retoutner chez lui

en toute affurance, puifqu'il ne pouvoit plus » douter de fon affection & de fa fidélité, après » qu'il lui avoit diverfes fois fauvé la vie lorfqu'il » auroit pu la lui faire perdre pour se vanger » de ce qu'au lieu de reconnoître tant de fervi» ces qu'il lui avoit rendus, il l'avoit exilé, » privé de la confolation d'être avec fes proches, » & perfécuté jufqu'à le reduire aux dernieres » extrêmités. David manda ensuite qu'on vint reprendre le javelot & le vafe du Roi, & protefta que Dieu qui fçavoit qu'il auroit pu le 251. tuer s'il l'avoit voulu, feroit le juge de leurs 1. Rois. actions.

27.

Voilà de quelle forte David fauva une fecon

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de fois la vie à Saül: & ne voulant pas demeurer davantage en ce pays de crainte de tomber enfin entre fes mains, il réfolut, du confentement de tous ceux qui étoient avec lui, de paffer dans les terres des Philiftins. Achis, Roi de Geth, qui étoit l'une de cinq villes de cette nation, le reçut favorablement, & Saül ne penfa plus à rien entreprendre contre lui voyant combien il lui avoit mal réuffi, & qu'il avoit couru lui même un très-grand danger. David ne voulut point s'enfermer dans une ville de peur d'être à charge aux habitans, & pria le Roi Achis de lui donner quelque lieu à la campagne. Il lui donna une bourgade nommée Ziceleg, qu'il prit en telle affection que depuis être parvenu à la couronne il l'acheta pour l'avoir en propre. Il y demeura alors pendant quatre mois vingt jours, & pendant tout ce temps il faifoit fecrettement de continuelles courfes fur les terres des Gerufiens, des Gerfiens, & des Amalecites, qui étoient des peuples voifins des Philiftins, & en amenoit quantité de chevaux, de chameaux, & de bétail, mais il ne prenoit point de prifonniers, de peur que le Roi ne découvrit fur qui il Caifoit ces prifes dont il lui envoyoit une parcie. Et lorfq'il demandoit d'où elles procédoient, il répondoit, que c'étoit des plaines de la Judée du côté du midi: ce que ce Prince croyoit d'autant plus facilement, qu'il defiroit qu'il fût véritable, parce que David en traitant comme ennemis ceux de fon propre pays, fe mettoit hors d'état d'ofer jmais y retourner, & qu'ainfi il efpéroit' de pouvoir toujours le retenir auprès de lui & de s'en fervir inutilement.

En ce même temps les Philiftins réfolurent de faire la guerre aux Ifraëlites: & le Roi Achis

252.

1. Rois

18.

donna rendez-vous à toutes les troupes dans la ville de Rengam, où il demanda à David de se trouver avec les fix cens hommes qu'il avoit. Il répondit qu'il lui obéiroit avec joie pour lui témoigner fa reconnoiffance des obligations dont il lui étoit redevable, & le Roi lui promit que s'il demeuroit victorieux, il récompenferoit fes fervices par de grands honneurs, & le feroit capitaine de fes gardes.

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CHAPITRE XV.

Saül fe voyant abandonné de Dieu dans la guerre contre les Philiftins, consulte par une magicienne l'ombre de Samuel, qui lui prédit qu'il perdroit la bataille, & qu'il y feroit tué avec fes fils. Achis, l'un des Rois des Philiftins, mene David avec lui pour se trouver au combat: mais les autres Princes l'obligent de le renvoyer à Ziceleg. Il trouve que les Amalecites l'avoient pillé & brûlé. Il les poursuit & les taille en pieces. Saül perd la bataille. Jonathas & deux autres de fes fils y font tués, & lui fort blessé. Il oblige un Amalecite à le tuer. Belle action de ceux de Jabez de Galaad pour ravoir les corps de ces Princes.

SA

Aül ayant appris que les Philiftins s'étoient avancés jufqu'à Sunam, marcha contr'eux avec fon armée, & fe campa vis-à-vis de la leur auprès de la montagne de Gelboé mais lorf. qu'il vit qu'ils étoient incomparablement plus forts que lui, il fentit fon cœur s'étonner, & it pria les Prophetes de confulter Dieu pour fçavoir quel feroit l'événement de cette guerre.

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