페이지 이미지
PDF
ePub

288.

femme vit qu'il n'y avoit plus rien à appréhender, elle tira du puits ces jeunes hommes: ainfi ils continuerent leur voyage avec une extrême diligence, fe rendirent auprès de David, & lui expoferent leur commiffion. Ce fage Prince ne manqua pas à profiter d'un avis fi important: car bien que la nuit fût déja venue, il paffa le Jourdain à l'heure même, & le fit paffer à tout ce qu'il avoit de gens avec lui.

Achitophel voyant que le confeil de Chufaï avoit été préféré au sien, monta à cheval & s'en alla à Gelmon, qui étoit le lieu de fa naissance, y affembla tous fes proches & tous fes amis, leur dit le confeil qu'il avoit donné à Abfalom; mais qu'il ne l'avoit pas voulu croire : qu'ainfi c'étoit un homme perdu: que David demeureroit victorieux, & remonteroit fur le trône. A quoi il ajouta que pour lui, il aimoit mieux mourir en homme de cœur que par les mains d'un bourreau pour avoir abandonné David & s'être joint à Abfalon. Après avoir parlé de la forte, il s'alla pendre dans le lieu le plus reculé de fa maifon, & finit ainsi sa vie en la maniere qu'il avoit jugé lui-même l'avoir mérité. Ses parens le firent enterrer.

David après avoir paffé le Jourdain s'en alla à Mahanaïm, , qui eft la plus belle & la plus forte ville de cette province. Tous les Grands du pays le reçurent avec une extrême affection; les uns par la compaflion qu'ils avoient de fon malheur, & les autres par le refpect qu'avoit imprimé dans leur efprit ce comble d'honneur & de gloire où ils l'avoient vu. Les principaux étoient SIPHAR, Prince d'Amnon, & BERSELAÏ, & MACHIR, de la province de Galaad. Ils lui don. nerent abondamment & aux fiens tout ce dont ils avoient befoin pour leur subsistance.

Abfalom après avoir affemblé une grande armée, & établi Général, au lieu de Joab, AMASA fon parent, (car il étoit fils de Jothar & d'Abigaï, fœur de Sarvia, mere de Joab, toutes deux fœurs de David, ) paffa le Jourdain & le campa affez près de Mahanaïm. Quoique Da vid n'eut que quatre mille hommes de guerre, il ne voulut pas attendre qu'Abfalon vint l'attaquer, mais réfolut de le prévenir. Il divifa fes troupes en trois corps, donna le premier à commander à Joab, le fecond à Abifaï, & le troisieme à ETHAÏ qu'il aimoit fort, & en qui il avoit une entiere confiance, bien qu'il fût originaire de Geth. Pour lui quelque defir qu'il eût de fe trouver au combat, les chefs de fes troupes & fes plus affectionnés ferviteurs l'en empêcherent, & lui repréfenterent avec beaucoup de prudence qu'il ne lui refteroit aucune reffource s'il perdoit la bataille y étant lui-même en perfonne, au lieu que n'y étant pas, ceux qui en échapperoient pourroient fe retirer auprès de lui & lui donner le temps de raffembler de nouvelles forces: outre que fon abfence feroit croire aux ennemis qu'il fe feroit réfervé une partie de fes troupes. David fe rendit à leurs raifons, les exhorta de lui témoigner dans cette journée leur fidélité & leur reconnoiffance de fes bienfaits : A quoi il ajouta que fi Dieu leur donnoit la victoire, il leur recommandoit de n'avoir pas moins de foin de la confervation de la vie d'Abfalom qu'ils en auroient de la fienne & il finit en priant Dieu de leur vouloir être favorable.

Les armées fe mirent en bataille dans une grande plaine, & Joab avoit derriere la fienne une forêt. Le combat fut fort fanglant, & il fe fit de part & d'autre des actions incroyables

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

de valeur. Car il n'y avoit point de périls que ceux qui étoient demeurés fideles à David ne méprilaffent pour lui faire recouvrer fon royau me, ni d'efforts que ceux qui avoient embraffé le parti d'Abfalom ne fiffent pour lui affurer la couronne, & le garantir du châtiment qu'il méritoit pour avoir ofé l'ôter à fon pere : Joint qu'étant incomparablement plus forts que leurs ennemis, il leur auroit été honteux de fe laiffer vaincre. Et d'un autre côté cette même dilpro. portion de forces redoubloit le courage des fol dats de David, parce qu'elle rendoit leur victoire plus glorieufe. Ainfi comme c'étoient tous vieux fofdats, & les plus braves du monde, ils enfoncerent les bataillons ennemis, les rompirent, les mirent en fuite, les pourfuivirent dans les bois & dans les lieux forts où ils pen. foient fe fauver, prirent les uns prifonniers, tuerent les autres, & il en mourut davantage de la forte que dans le combat. Comme la grandeur de la taille d'Abfalom le rendoit très-remarquable, plufieurs l'entreprirent pour le pren. dre prifonier: & l'appréhenfion qu'il eut de tomber vivant entre leurs mains, l'obligea de s'en uir à toute bride fur une mule extrêmement vite; mais le vent agitant fes cheveux qui étoient fort grands & extrêmement épais, ils s'entrelafferent dans les branches d'un arbre fort touffu qui fe rencontra fur fon chemin : & la mule continuant de courir, il demeura pendu à cet arbre. Un foldat en avertit auffi-tôt Joab, qui lui dit de l'aller tuer, & lui promit cinquante ficles. Quoi lui répondit ce foldat, tuer le » fils de mon Roi, & que le Roi lui-même nous » a tant recommandé de conferver? Je ne le fe» rois pas quand vous me donneriez deux mille ficles. Alors Joab lui commanda de le mener où

[ocr errors]

il étoit, & quand il y fut il tua Absalom d'un coup de lance qu'il lui donna dans le cœur. Les Ecuyers de Joab détacherent le corps, le jetterent dans une foffe profonde & obfcure, & le couvrirent d'un fi grand nombre de pierres que cela avoit quelque forme de tombeau. Joab fir enfuite fonner la retraite, difant qu'il falloit épargner le fang de leurs freres.

Abfalom avoit fait élever dans la vallée nommée la Royale, diftante de deux ftades de Jerufalem, une colomne de marbre avec une infcription, afin qu'encore que fa race fût éteinte, fon nom ne laiffât pas de fe conferver dans la mémoire des hommes. Il eut trois fils & une fille parfaitement belle nommée THAMAR, qui époufa le Roi Roboam, petit-fils de David dont elle eut Abia qui fuccéda à fon pere, & de qui nous parlerons plus amplement en fon lieu.

290.

CHAPITRE X.

David témoignant une excessive douleur de la mort d'Abfulom, Joab lui parle si fortement qu'il le confole. David pardonne à Seméi, & rend à Mifibofeth la moitié de son bien. Toutes les Tri. bus rentrent dans son obéissance, celle de Juda ayant été au-devant de lui, les autres en conçoivent de la jalousie & se révoltent à la perfuafion de Seba. David ordonne à Amaza, Général de fon armée, de rassembler des forces pour marcher contre lui. Comme il tardoit à venir il envoye Joab avec ce qu'il avoit auprès de lui. Joab rencontre Amaza, & le tue en tra. hifon, pourfuit Seba, & porte fa tête à David. Grande famine envoyée de Dieu à caufe du mauvais traitement fait par Saül aax Gabaoni. tes. David les fatisfait, & elle cesse. Il s'enga. ge fi avant dans un combat, qu'un Géant l'eûs tué fi Abifaï ne l'eût fecouru. Après avoir di. verfes fois vaincu les Philiftins, il jouit d'une grande paix. Compose divers ouvrages à la louange de Dieu. Actions incroyables de valeur des Braves de David. Dieu envoie une grande pefte pour le punir d'avoir fait faire le dénombre. ment des hommes capables de porter les armes. David pour l'appaiser bâtit un Autel. Dieu lui promet que Salomon fon fils bâtiroit le Temple. Il affemble les chofes nécessaires pour ce sujet.

A

Près la mort d'Abfalom fon parti fe diffipa entiérement. Achimas, fils de Sadoc Grand Sacrificateur, pria Joab de l'envoyer porter à David la nouvelle du gain de la bataille,

[ocr errors]
[ocr errors]
« 이전계속 »