Ft, de grâce, empêchez surtout qu'elles ne sortent : LE VIEIL HORACE. J'en aurai soin. Allez vos frères vous attendent; CURIACE. Quel adieu vous dirai-je? et par quels compliments... LE VIEIL HORACE. Ah! n'attendrissez point ici mes sentiments; ACTE TROISIÈME. SCÈNE PREMIÈRE 4. SABINE. Prenons parti, mon âme, en de telles disgrâces; Des pays ne demandent point des devoirs; la patrie impose des devoirs; elle en demande l'accomplissement. (V.) 2 Cette larme paternelle qui tombe des yeux de l'inflexible vieillard touche cent fois plus que les plaintes superflues des deux femmes. On reconnaît ici la vérité de ce qu'a dit Voltaire, que l'amour n'est point fait pour la seconde place. (LA H.) 3 J'ai cherché dans tous les anciens et dans tous les théâtres étrangers une situation pareille, un pareil mélange de grandeur d'âme, de douleur, de bienséance, et je ne l'ai point trouvé je remarquerai surtout que chez les Grecs il n'y a rien dans ce goût. (V.) 4 Ce monologue de Sabine est absolument inutile, et fait languir la pièce. Les comédiens voulaient alors des monologues. La déclamation approchait du chant, surtout celle des femmes; les auteurs avaient cette Souhaitons quelque chose, et craignons un peu moins. Et puis voir aujourd'hui le combat sans terreur, Pareille à ces éclairs qui, dans le fort des ombres, complaisance pour elles. Sabine s'adresse sa pensée, la retourne, répète ce qu'elle a dit, oppose parole à parole. En l'une je suis femme, en l'autre je suis fille. Songeons pour quelle cause, et non par quelles mains. Les quatre derniers vers sont plus dans la passion. (V.) Il ne s'agit point ici de rang: l'auteur a voulu rimer à sang. La plus grande difficulté de la poésie française et son plus grand mérite est que la rime ne doit jamais empêcher d'employer le mot propre. (V.) Poussent un jour qui fuit, et rend les nuits plus sombres, Tu charmais trop ma peine; et le ciel, qui s'en fâche, Je sens mon triste cœur percé de tous les coups SCÈNE II. SABINE, JULIE. SABINE. En est-ce fait, Julie? et que m'apportez-vous ?? De tous les combattants a-t-il fait des hosties 3? 1 La tragédie admet les métaphores, mais non pas les comparaisons. pourquoi? parce que la métaphore, quand elle est naturelle, appartient à la passion; les comparaisons n'appartiennent qu'à l'esprit. (V.) 2 Autant la première scène a refroidi les esprits, autant cette seconde les échauffe; pourquoi? c'est qu'on y apprend quelque chose de nouveau et d'intéressant: il n'y a point de vaine déclamation, et c'est là le grand art de la tragédie, fondé sur la connaissance du cœur humain, qui veut toujours être remué. (V.) 3 Hostie ne se dit plus, et c'est dommage; il ne reste plus que le mot de victime. Plus on a de termes pour exprimer la même chose, plus la poésie est variée. (V.) Pour tous tant qu'ils étaient demande-t-il mes pleurs? JULIE. Quoi! ce qui s'est passé, vous l'ignorez encore? SABINE. Vous faut-il étonner de ce que je l'ignore? 1 JULIE. Il n'était pas besoin d'un si tendre spectacle; SABINE. Que je vous dois d'encens, grands dieux, qui m'exaucez! JULIE. Vous n'êtes pas, Sabine, encore où vous pensez : 1 On n'emploie plus aujourd'hui désespoir au pluriel; il fait pourtant un très-bel effet. Mes déplaisirs, mes craintes, mes douleurs, mes ennuis, disent plus que mon déplaisir, ma crainte, etc. Pourquoi ne pourrait-on pas dire mes désespoirs, comme on dit mes espérances? Ne peut-on pas désespérer de plusieurs choses, comme on peut en espérer plusieurs ? (V.) Et charme tellement leur âme ambitieuse, SABINE. Quoi! dans leur dureté ces cœurs d'acier s'obstinent! JULIE. Oui; mais d'autre côté les deux camps se mutinent, Puisque chacun, dit-il, s'échauffe en ce discord', « Consultons des grands dieux la majesté sacrée, << Et voyons si ce change à leurs bontés agrée. « Quel impie osera se prendre à leur vouloir, " Lorsqu'en un sacrifice ils nous l'auront fait voir? »> Il se tait, et ces mots semblent être des charmes; Même aux six combattants ils arrachent les armes; Et ce désir d'honneur qui leur ferme les yeux, Tout aveugle qu'il est, respecte encor les dieux. Leur plus bouillante ardeur cède à l'avis de Tulle; Et, soit par déférencé, ou par un prompt scrupule, Dans l'une et l'autre armée on s'en fait une loi, Comme si toutes deux le connaissaient pour roi 2. Le reste s'apprendra par la mort des victimes. SABINE. Les dieux n'avoueront point un combat plein de crimes; Et je commence à voir ce que j'ai désiré. En ce discord ne se dit plus, mais il est à regretter. (V.) 2 C'est une petite faute: le sens est, comme si toutes deux voyaient en lui leur roi. Connaître un homme pour roi ne signifie pas le reconnaître pour son souverain. On peut connaître un homme pour roi d'un autre pays ; connaître ne veut pas dire reconnaître. (V.) |