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fubir la Chymie aux Métaux parfaits, fans jamais venir à bout de les dénaturer! Donc il eft très-vraifemblable que les élémens des Métaux parfaits, ceux du moins qui forment leurs Terres métalliques, doivent être naturellement infécables & indeftructibles.

Avec quel épouvantable choc, les vagues de la Mer, acoumulées en montagnes, vont-elles, pendant les tempêtes qui les tourmentent depuis le commencement des tems, fe brifer contre les rochers écumans qui les captivent! Avec quelles horribles fecouffes, la maffe de l'Air, fi fouvent convertie en ouragans furieux, va-t-elle heurter & les forêts qu'elle déracine, & les maisons qu'elle renverfe, & les plaines qu'elle ravage, & les montagnes qu'elle femble devoir ébranler ! Avec quelle inconcevable impétuofité les balons de Lumiere, animés d'un mouvement environ quinze cens mille fois plus rapide que celui d'un Boulet de canon qui bat en breche, vont - ils frapper les divers corps qui les abforbent ou qui les réfléchiffent!

Or, l'expérience nous fait voir que ces affreufes fecouffes qu'effuient, depuis le commencement des tems, les élémens de l'Eau, les élémens de l'Air, les élémens de la Lumiere, n'alterent point ces trois efpeces de fubftances; qui reftent toujours les mêmes, fans changer de nature, fans devenir de jour en jour plus atténuées & plus fubtiles: donc les élémens primitifs de l'Eau, de l'Air, de la Lumiere, doivent être naturellement infécables & indeftructibles.

III°. L'expérience nous autorise à juger qu'il y a des corps, tels que les Métaux parfaits, l'Eau, l'Air, la Lumiere, dont les élémens primitifs ne peuvent être naturellement entamés & divifés: aucune expérience ne nous autorise à juger qu'il y ait des corps dont les élémens primitifs, qui forment leurs parties conflituantes, puiffent être naturellement entamés & divifé.

Donc, en jugeant par analogie, des élémens qui fe refusent à nos expériences & à nos obfervations, par ceux qui font foumis à nos expériences ou expofés à nos obfervations; on eft bien fondé à penser que les élémens primitifs des divers Corps, font naturellement infécables & indeftructibles.

IV. Si les élémens quelconques de la Matiere, n'étoient pas naturellement infécables & indeftructibles: ces élémens qui, par la diverfité de leurs maffes & de leurs figures, forment la diverfité des Corps, devroient, par le frottement continuel qu'occafionne l'action permanante de la Nature, ronger & entamer fans ceffe leurs angles, leurs éminences, leurs furə faces; devroient, par la perte de ces angles & de ces points éminens, fe convertir tous en élémens plus ou moins parfaitement fphériques: ce qui n'iroit à rien moins qu'à détruire dans fa fource & dans fon principe, & l'harmonie & la variété & la ftabilité de la Nature.

Donc l'expérience, qui nous montre comme conftante & comme indeftructible cette harmonie de la

Nature, nous fonde à conclure que les divers élémens des Corps quelconques, doivent être naturellement infécables & indestructibles; & par-là même, incapables d'être entamés & divifés par aucun Agent créé. C. Q. F. D

146. COROLLAIRE I. Des Principes que nous venons d'expofer & d'établir, il s'enfuit que tous nos efforts, dans la divifion des Corps, ne peuvent aboutir qu'à écarter & à Séparer des élémens contigus: fans parvenir jamais à entamer les angles & les maffes mêmes de ces Elémens primitifs, dont les parties qui les compofent, ont entre elles une adhérence comme infinie; adhérence librement décernée & établie par F'Auteur même de la Nature, pour rendre indeftruc

tibles & permanans les divers Principes des Corps.

La Combustion, la Putréfaction, la Diffolution, divifent & décompofent les parties intégrantes des Corps: fans en altérer les parties conftituantes primitives, qui reftent toujours les mêmes après la décompofition. (7 & 12),

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147. COROLLAIRE II. Il fuit encore des mêmes Principes, qu'il y a peu de lumiere & de raifon, dans ces prétendus Chymiftes par excellence, qui s'occupent du grand Euvre ou qui facrifient & leur tems & leur fortune, à la recherche de la Pierre philofophale.

EXPLICATION. S'occuper du grand Œuvre de l'Alchymie, ou chercher la Pierre philofophale; c'est chercher l'art de convertir les divers élémens qui conftituent ou le cuivre ou l'étain ou le plomb ou le mercure ou les différens Mixtes quelconques, en élémens de l'Or ou de l'Argent: art très-vraifemblablement abfurde & chimérique dans fon objet; foit que l'on s'en rapporte à l'expérience, soit que l'on confulte la fpéculation.

1o. Si on s'en rapporte à l'expérience; il paroît que l'on a fait affez de tentatives ruineufes en ce genre, pour être plus que fuffifamment fondé à défefpérer de tout fuccès à cet égard, & à définir purement & fimplement l'Alchymie: Ars caca & improba, cujus principium, vefana cupiditas; medium, labor fætidus ; finis, ridenda egeftas.

La Chymie n'a pu encore parvenir à dénaturer effentiellement & irréverfiblement l'Or & l'Argent: combien moins pourra-t-elle parvenir à les compofer & à les former!

II°. Si on confulte la fpéculation: il paroît que dans tout fyftême vraiment philofophique, où l'on part du Point fixe de la Stabilité de la Nature, foit que l'on fuive le fentiment de Zénon, foit que l'on adop

te l'opinion de Gaffendi, foit que l'on fe décide pour le fentiment beaucoup plus vraisemblable que nous venons d'expofer & d'établir; il faut toujours néceffairement admettre une vraie indeftructibilité dans les Élémens primitifs de la matiere. (145).

an

S'il étoit poffible de faire prendre aux élémens des différens Corps, & la même maffe & la même configuration qu'ont les élémens de l'or & de l'argent : ces divers corps pourroient être transformés & convertis en Or & en Argent. Mais l'expériencede tant de fiecles, après tant d'efforts vainement réitérés nonce fuffifamment qu'il n'eft point donné aux hommes, d'opérer une telle métamorphofe; & la fiabilité de la Nature, ftabilité décernée par l'Etre créateur, exige néceffairement qu'une telle métamorphofe foit abfolument impoffible à tous les efforts des Agens créés fans quoi les Agens créés, en altérant les élémens primitifs des Corps, pourroient détruire l'harmonie de la Nature, & renverfer l'ordre établi par l'Être créateur,

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OBJECTIONS A REFUTER.

148. OBJECTION I, La principale Preuve fur la quelle on fonde l'homogénéité de la Matiere; c'eft la riche & féconde fimplicité que l'on fuppofe à l'Auteur de la Nature, dans l'exécution de fes deffeins. Mais eft-il bien décidé que l'Auteur de la Nature agiffe, comme on le prétend, par les voies les plus fimples & les plus générales ? L'Auteur de la Nature fe montreroit-il & moins riche & moins grand dans fes oeuvres, en prodiguant les Principes; qu'en épargnant les Principes, pour multiplier & varier les effets?

D'ailleurs, il étoitplus fimple de produire le Monde en un feul inftant, que de le produire en fix jours; & cependant l'Être créateur fe décida à employer fix

jours, au lieu d'un inftant, pour le grand œuvre de ía Création : c'eft donc fans aucun fondement folide, que l'on fuppofe que l'Auteur de la Nature, agit par les voies les plus fimples & les plus générales,

RÉPONSE. 1o. Il nous confte par la Raifon, que l'Auteur de la Nature, effentiellement libre dans fes œuvres, n'eft point néceffité à agir toujours felon les voies que nous jugeons les plus fimples. Nous reconnoiffons donc qu'il peut abfolument s'en écar ter, quand il lui plaît, pour des motifs dignes de fa fageffe,

II°. Il nous confte par une autorité infaillible, par la Révélation, qu'il a plu à l'Être créateur, d'employer fix jours, au lieu d'un feul inftant, au grand ouvrage de la Création; foit pour donner plus de majesté & de fenfibilité à cet événement, en lui donnant une durée & une étendue, qui le met plus en prise à notre imagination & à notre intelligence; qui nous met plus à portée de le fuivre & de l'admirer; foit pour quelqu'autre motif plus fublime & plus profond, que fa fageffe avoue, en même tems qu'elle nous le cache.

III. Il nous confte par l'Expérience, que l'Auteur de la Nature, effentiellement libre dans fes œuvres, a choifi de préférence les voies les plus fimples & les plus fécondes, pour conferver & pour perpétuer la Nature: puifqu'une même Gravitation attire tous les Corps vers leurs centres, & opere tous les phé nomenes qui peuvent en réfulter; puifqu'une même Elafticité met en jeu toute la maffe de l'Air, & produit tous les effets qui peuvent en émaner; puifqu'un même Feu élémentaire affecte tous les Êtres fenfibles, qu'il meut, qu'il écarte ou qu'il rapproche, qu'il réunit ou qu'il divife, qu'il entretient ou qu'il détruit, felon la différente quantité de fon action,

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