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De même je puis penfer à la Matiere en général, fans. la concevoir comme eau, comme feu, comme air, comme terre, & ainfi du refte; mais il n'y a aucune matiere, qui ne foit quelque chofe de cela, Une Matiere générique & indéterminée, une Matiere premiere, qui ait befoin d'une forme quelconque pour être matiere feconde, eft une rêverie & une abfurdité,

TROISIEME SENTIMENT.

LES ATOMES ÉTENDUS OU INÉTENDUS,

159. EXPLICATION. Les Principes primitifs des différens Corps, ne font autre chofe que des Atomes étendus & indivifibles, felon Démocrite, Epicure, & Gaffendi; que des Atomes inétendus, ou des points phyfiques, felon Zénon; que des Monades fimples, inétendues, diffemblables & actives par leur nature, felon Leibnitz.

Comme nous avons déjà expófé & renversé tous ces divers fyftêmes, en traitant de la divifibilité de la Matiere: nous nous abftiendrons d'en donner ici une nouvelle & inutile réfutation. (55, 46, 53).

QUATRIEME SENTIMENT.

LES PARTICULES SIMILAIRES D'ANAXAGORE®

160. EXPLICATION. Anaxagore, natif de Clafomene, dédaignant les abfurdes fyftêmes des anciens Philofophes, qui n'admettoient pour la formation de l'Univers, qu'une aveugle Matiere & un aveugle Hafard, imagina fon Homéomérie, ou son systême des Particules fimilaires,

I. La Matiere, dit Anaxagore, n'étoit d'abord qu'une maffe brute, qu'un informe cahos. La fuprême Intelligence, qui aime effentiellement l'ordre & la perfection, travailla fur cette matiere brute & informe, & en fit une foule d'efpeces différentes d'élé

mens; en telle forte que les élémens de chaque efpece, différens des élémens de toute autre espece, furent tous parfaitement femblables entre eux.

Tels font, felon cet illuftre Philofophe, les Principes des Corps. Ces Elémens femblables, taillés. avec un art infini dans leur inconcevable ténuité, ont entre eux une Attraction mutuelle; ou une tendance naturelle qui les emporte les uns vers les autres avec des forces parfaitement égales; & en vertu de laquelle ils femblent empreffés de s'unir ensemble, de s'éloigner des élémens diffemblables, & de former par leur concours, des Touts de leur efpece.

II°, C'est d'après cette hypothefe, qu'Anaxagore entreprend d'expliquer le grand myftere de la formation & de la reproduction des Corps. L'Univers, d'abord formé fous la direction de cette fuprême Intelligence qui en tailla & en prépara les principes, fe conferve & fe perpétue par l'Attraction permanante de ces Principes indestructibles,

Un Corps animal, le Corps humain, par exemple, fe forme ou s'entretient; parce que les alimens dont il fe nourrit, renferment des particules parfaitement femblables aux parties intégrantes de fon fang, de fes veines, de fes os, de fes nerfs, de fes mufcles, de fa peau, de fes efprits vitaux, de fes cartillages, de fes ongles, de fes cheveux; & ainfi du refte. Ces Particules fimilaires, mélangées & confondues dans la maffe des alimens, vont naturellement s'unir aux parties du Corps humain avec lefquelles elles ont de la reffemblance.

III. Ce Corps humain vient-il à fe décompofer par la mort & par la putréfaction? Les Elémens qui le compofent, après s'être répandus dans la Terre ou dans l'Atmosphere, toujours indeftructibles & inaltérables, s'assemblent dans les parties des animaux & des végétaux avec lefquelles ils ont de l'analogie; &

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par le moyen defquelles ils iront de nouveau nourrir & former de la même maniere & par le même mécanifme, les Générations fuivantes.

L'Enfant qui vient d'être conçu, leur devra fon développement & fon accroiffement: l'Homme mûr leur devra la réparation permanente de fes pertes, & l'entretien conftant de fa vigueur.

IV. Il en eft de même des autres Corps. Un Germe de chêne, par exemple, placé dans le fein d'une terre favorable, fe convertit peu à peu en arbre : parce que la terre où il fe développe, lui fournit fucceffivement des particules analogues & à fon tronc & à fon écorce & à fes feuilles & à fes fruits; & que ces particules, en vertu de leur attraction, s'uniffent & s'attachent fans ceffe aux parties fimilaires de ce germe plus ou moins développé, & le portent à la fin à fon entier accroiffement. (*).

L'Esprit humain pouvoit-il, au tems d'Anaxagore, imaginer rien de plus beau qu'une telle Hy

(*) NOTE. Voici comment cette Hypothefe eft rendue par Lucrece, dans le premier Livre du Poëme de la Nature. Nunc & Anaxagora fcrutemur Homeomeriam,

Quam Graci memorant, nec noftrâ dicere linguâ
Concedit nobis patrii fermonis egeftas:

Sed tamen ipfam rem facile eft exponere verbis,
Principium rerum quam dicit, Homeomeriam.
Offa videlicet è pauxillis atque minutis
Offibu, fic & de pauxillis atque minutis
Vifceribus vifcus gigni, fanguenque creari
Sanguinis inter fe multis coeuntibu' guttis:
Ex aurique putat micis confiftere poffe
'Aurum; & de terris terram concrefcere parvis:
Ignibus ex ignem, humorem ex humoribus effe:
Cætera confimili fingit ratione, putatque.

pothese? Si l'on n'y voit pas encore la vraie Phyfique débrouillée & fimplifiée : on y voit déjà, ou tre l'action d'un Dieu Auteur de la Nature, le germe de l'Attraction du grand Newton, le germe des Affinités des Chymiftes, le germe des Molécules organiques du célebre de Buffon.

CINQUIEME

SENTIMENT,

L'EAU, PRINCIPE DE TOUT SELON THALÈS.

161, EXPLICATION. Thalès, natif de Milet, le premier des fept Sages de la Grece, & le chef de l'Ecole Ionienne, prétendit que l'Eau eft le principe de tous les Corps. Il fondoit fon Opinion, fur ce que les corps, en fe décompofant, fe réduisent en vapeurs, les vapeurs en pluie, la pluie en plantes & en fruits.

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Cette Opinion étoit tombée depuis long-tems, dans le difcrédit & dans l'oubli : la fameuse expérience de Vanhelmont faillit la remettre en vogue. Ce célebre Phyficien prit une certaine quantité de terre, la fit fécher dans un four bien chaud, la pefa, la plaça dans un vafe ifolé, & y planta un rameau de faule; qui, expofé à l'air & arrofé à propos, devint un arbre. L'Arbre fut enfuite arraché; & la terre, féchée & pefée comme auparavant, se trouva n'avoir rien perdu de fon poids.

De-là, Vanhelmont conclut que l'eau feule avoit formé ce Saule. Mauvaise conféquence! Il s'enfuit fimplement de cette expérience, qui a été répétée depuis avec plus d'exactitude par d'autres Phyficiens, mais qui eft toujours à peu près la même relativement à l'induction qu'en tiroit Vanhelmont, que l'Eau & l'Air font le véhicule commun des diverfes fubftances, qui entrent dans la compofition des Corps.

1o. L'Eau, que l'on peut regarder comme le plus

a

fimple & le plus inaltérable de tous les corps, une affinité marquée avec une foule de fubftances étrangeres à fa nature: elle s'en faifit, elle les tient en diffolution, elle les entraîne avec elle à travers les canaux des Végétaux; & les y dépofe, en s'évaporant infenfiblement dans l'air, avec lequel elle a auffi une affinité fimple ou complexe. (94 & 108).

II°. l'Air a auffi à fon tour une grande affinité avec une foule d'exhalaifons terreufes & falines, qu'il enleve à la terre, qu'il unit à fes molécules, & qu'il éleve à une plus ou moins grande hauteur.

La partie aqueufe qui occupe les pores extérieurs des Végétaux, attire ces exhalaifons répandues dans l'air, & les entraîne dans l'intérieur des Plantes; ou circulant en feve afcendante & en feve defcendante, elle les laiffe unies aux parties analogues de la Plante, à mesure qu'elle fe diffipe infenfiblement par l'éva poration.

IV. Il résulte de-là, que l'Arbre de Vanhelmont, a pu fe former & fe convertir en une affez grande maffe, par le moyen de l'eau dont on l'arrofa, & qui lui voitura une foule de fubftances étrangeres à fa nature fans que l'eau fe foit convertie ellemême en toute la fubftance de cet arbre.

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Cet Arbre, quand on le pefa, étoit en partie compofé d'eau: puifque l'eau eft un des principes de tous les Végétaux. Mais il n'étoit pas uniquement compofé d'eau: parce que les Végétaux ont toujours d'autres principes, qui font l'air, le feu, & la

terre.

V. Boyle dans le dernier fiecle, & Eller vers le milieu du fiecle préfent, ont infructueusement tenté de renouveller l'Opinion de Thalès & de Vanhel

mont.

Une graine de Citrouille, convertie en deux groffes citrouilles dans une terre préparée & arrofée comme

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