페이지 이미지
PDF
ePub

vable & toujours permanante, capable de s'infinuer avec une étonnante facilité à travers les corps les plus denfes & les plus durs.

Un tel Fluide, loin de produire la dureté & la fodité dans les Corps, paroît au contraire devoir lutter par fon impulfion, contre l'adhérence des corps qu'elle penetre; & qu'elle ne peut pénétrer, fans tendre à en écarter les parties.

Ainfi, c'est l'Attraction ou l'Affinité des élémens, qui produit l'adhérence de ces élémens dans les corps folides; & c'eft la Matiere fubtile, qui tempere & qui diminue l'effet de cette Force attractive, laquelle auroit un effet plus grand, fans l'action oppofée de la Matiere fubtile.

224. OBJECTION II. Dans l'hypothese que nous adoptons, les Corps les plus denfes & les plus compac tes devroient être les plus durs : puifque ces corps ont plus d'élémens, moins de vides, plus de contiguité.

Or, l'expérience démontre le contraire: puifque l'or, qui eft le plus denfe de tous les corps, eft beaucoup plus denfe & beaucoup moins dur que le diamant; & que ces deux Corps paroiffent d'ailleurs formés d'élémens très-homogenes, très-analogues, très-propres à s'attirer.

REPONSE. Dans les Corps compofés d'élémens analogues, la plus grande dureté réfulte du contact le plus grand & le plus immédiat. Or il peut fe faire aifément qu'un Corps très-poreux ait dans fes élémens, un contact plus grand & plus immédiat, qu'un autre corps moins poreux. La chofe dépend, comme nous allons l'expliquer, de l'arrangement des élémens, & de la difpofition des pores.

1o. Soient plufieurs Plaques de marbre ou de métal, parfaitement polies dans leurs furfaces, mais percées d'un nombre confidérable de grands trous, comme

des Cribles: en telle forte qu'il y ait dans ces plaques, beaucoup plus de vide que de plein.

Que l'on uniffe enfemble ces Plaques, de telle façon que toutes les ouvertures fe répondent, & que les parties folides fe touchent dans tous les points de leur furface. (Fig. 82).

Voilà un Corps qui fera très-poreux, à caufe du nombre & de la grandeur de fes vides; qui fera en même tems très-dur, à caufe de l'union intime & parfaite qu'auront fes parties folides.

II. Soit maintenant un autre Corps, compofé de plaques qui aient deux ou trois fois moins de vides, mais dont les parties folides foient moins analogues, plus raboteufes, moins propres à s'unir intimement dans leurs furfaces.

Ce Corps, quoique plus denfe & plus compacte, fera moins folide & moins dur que le précédent : parce que fes élémens fe touchant moins intimement & dans beaucoup moins de parties, font moins en prise à la Loi d'affinité.

Il eft donc faux que, dans l'hypothefe que nous adoptons, les Corps les plus denses doivent être toujours les corps les plus durs.

III. Dans l'hypothefe que nous adoptons, le Diamant peut donc avoir une plus grande fomme de pores que l'Or, & être cependant beaucoup plus dur que l'or.

Que les élémens ou les parties folides du Diamant, aient & une très-grande affininité, & une contiguité parfaite dans leurs points de contact. Les pores répandus de toutes parts à côté de ces parties folides, n'empêcheront pas la folidité de ce corps.

Que les élémens ou les parties folides de l'Or, aient au contraire ou une affinité moins grande, ou une contiguité moins intime & moins étendue dans leurs points de contact. Les élémens de l'Or, quoique

plus condenfés, feront moins adhérens entre eux: parce qu'ils feront moins en prise à la Loi d'attraction fpéciale, dont l'effet dépend néceffairement & de l'affinité & de la contiguité des parties fur lesquelles s'exerce fon action. (91).

225. OBJECTION III. Il s'enfuivroit de notre hypothese , que quand un corps dur, par exemple un Diamant, eft divifé en deux morceaux; il ne faudroit qu'appliquer l'une contre l'autre les deux portions divifées, pour leur rendre toute leur adhérence primitive: ce qui ne s'accorde point avec l'expérience.

RÉPONSE.I°. Il confte par l'expérience, que fi on a deux Plans de marbre ou de verre, parfaitement polis, & qu'on les applique intimement l'un contre l'autre en les faifant gliffer parallelement fur leurs furfaces huilées ; ces Plans s'attachent & adherent fortement l'un à l'autre de forte qu'il faudra une force confidérable pour les féparer, dans une direction perpendiculaire à leurs furfaces contigues. (Fig. 82).

Or, il eft vifible qu'on ne peut attribuer ici cette adhérence des deux Plans entre eux, qu'à leur Attraction réciproque: puifque cette adhésion a lieu encore très-fenfiblement dans le Vide fous la Machine pneumatique, où la preffion de l'air ceffe d'agir; & où il feroit abfurde d'imaginer une preffion occafionnée par une matiere fubtile quelconque. (219 & 223).

II°. Si on pouvoit divifer en deux fimples portions, un diamant ou un morceau de marbre; & donner enfuite aux deux portions divifées, la même union qu'elles avoient avant la divifion: ces deux Portions reprendroient en plein leur adhérence primitive.

Mais quand on divife un Corps folide, l'effort de la divifion fait jaillir en éclats, une infinité de petites particules qui fe diffipent; & quand on en réunit enfuite les portions principales, les concavités fans nom

bre dont fe trouvent hériffées les furfaces qu'on rapproche, les molécules de l'air & de la matiere fubtile qui reftent interpofées entre les parties mêmes qui s'uniffent, empêchent ces fragmens de reprendre la même étendue & la même intimité de contact, qu'ils avoient avant la divifion. Ces parties divifées ne doivent donc pas avoir la même adhérence qu'auparavant. (Fig. 82).

III°. Quand on polit deux Surfaces de marbre ou de verre ou d'acier, pour les appliquer le plus immédiatement qu'il eft poffible l'une contre l'autre : les inftrumens groffiers dont ont eft obligé de fe fervir, laiffent toujours dans les furfaces les plus unies, des concavités, des élévations, des rainures, des inégalités de toute efpece, que l'oeil apperçoit à l'aide d'un Microscope; & qui empêchent l'union intime que prennent naturellement ces Corps, dans leur Cryftallifation naturelle ou artificielle. Delà, l'adhérence incomparablement moindre de ces furfaces appliquées l'une à l'autre.

PARAGRAPHE

TROISIEME.

L'ÉLASTICITÉ DES CORPS.

226. OBSERVATION. Il y a dans la Nature, &

des Corps élastiques, & des Corps non élastiques.

Les premiers ont dans eux-mêmes, comme un reffort; qui tend, quand on les infléchit ou qu'on les comprime, à les remettre dans leur état naturel.

Les derniers manquent d'un femblable reffort; & quand on les infléchit ou qu'on les comprime, ils confervent le dernier état qu'on leur a donné: fans faire aucun effort pour reprendre l'état primitif qu'on leur a fait perdre.

I. Si on laiffe tomber fur un Plan de marbre,

2

une Boule d'argile humide, elle fe comprime & refte comprimée. Si on laiffe tomber fur le même Plan une Boule d'ivoire, elle fe comprime; & elle reprend à l'instant fa rondeur précédente. (205).

La premiere eft un corps non élastique, ou fans reffort: la feconde eft un corps élastique, ou à reffort.

II°. Si on donne à une Baguette d'ofier ACB, une inflexion forcée TCX: auffi-tôt que l'on coupera en V, la ficelle qui la retient dans cette inflexion elle reprendra d'elle-même, fa primitive direction ABC, en vertu de fon élafticité. (Fig. 75).

Si on infléchiffoit de même, une Baguette de plomb ACB cette Baguette infléchie en TCX, ne reprendroit pas par elle-même fa précédente direction ACB; parce qu'elle eft fenfiblement fans aucune élafticité.

227. DÉFINITION. On nomme donc Elafticité des Corps, cette vertu ou cette propriété qu'ont certains Corps, de tendre à fe remettre d'eux-mêmes dans leur état naturel : quand une force extérieure & étrangere cause quelque changement à cet état naturel.

Le grand phénomene de l'Elafticité des Corps, eft fûrement une dépendance des Loix générales d'Impulfion & d'Attraction. Mais il n'eft pas facile d'expliquer le mécanisme & de faire fentir l'influence de ces Loix générales, dans ce phénomene. En attendant que la Phyfique puiffe nous donner de plus grandes lumieres en ce genre, ce qui n'arrivera peutêtre jamais voici notre idée & notre opinion fur la Caufe phyfique de l'Elafticité.

PROPOSITION.

228. L'Elafticité des Corps paroît avoir pour caufe, & l'adhérence affez grande de leurs Elémens entre eux, & l'action de certains Fluides interceptés dans leurs pores.

« 이전계속 »