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HORTENSE.

Je me tiens dans ma chambre, où je me tran-

quillife.

J'aime mieux être feule, & dans l'inaction,
Que de méfallier ma conversation.

Un difcours fans figure eft un mets que j'abhorre,
Je veux de l'antithéfe ou de la métaphore ;
Des mots pleins d'énergie & d'érudition,
Comme inintelligible, inaffectation:

J'y trouve une beauté prefque inimaginable.
ESOPE.

Voudriez-vous bien entendre une petite Fable,

Madame ?

HORTENSE.

Volontiers. L'Apologue me plaît,

Quand l'application en eft juste.

ESOPE.

Elle l'eft.

LE ROSSIGNOL.

U

N Roffignol inquiet & volage,

Dont le gazouillement étoit touchant & beau
Ennuyé du même ramage,

Voulut en apprendre un nouveau.

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Il avoit pour voifine une jeune Linote
Qui d'un Flûteur expert recevoit des leçons;
Et qui du flageolet imitant tous les fons,
Sembloit avoir appris jufqu'à la moindre note..
Le Roffignol perfuadé

Qu'à fes vaftes clartés rien n'étoit difficile,
Apprit groffiérement un ramage guindé;
Et de tous les oiseaux fe crut le plus habile.
Mais fon fort fut fi cruel

Par fon imprudence extrême,

Que dans fes plus beaux airs rien n'étant naturel,
Dès qu'il vouloit fifler, on le fifloit lui-même,
Rs 22

Pour peu qu'à cette Fable on ait d'attention,
On ne peut fe méprendre à l'application.
Et comme j'apperçois de la méfalliance
Entre votre mérite & mon infuffifance,

Pour me faire un devoir de n'en pas

abufer,

Je vous laiffe un champ libre à vous tranquillifer,

En s'en allant.

Chaque mot qu'elle dit m'étourdit & m3affomme.

HORTENSE.

Hé quoi, ce Mirmidon paffe pour un grand

Homme !

Je ne puis revenir de ma perplexité :
Je l'aurois méconnu fans fa difformité.

Je ne fçai quelle étoile à mon heure premiére
Sur le cours de ma vie influa fa lumiére ;

Mais je vois peu d'Efprits, à les parcourir bien, Qui foient de l'étendue & de l'ordre du mien.

Fin du premier Alte.

ACTE II

SCENE PREMIERE.
EUPHROSINE, DORIS.

EH

DORIS.

H, bons Dieux ! qu'avez-vous, qui vous rend éperdue?

EUPHROSINE.

Je n'en puis plus.

DORIS.

D'où vient......

EUPHROSINE.

Doris, je fuis perdue.

DORIS.

Qu'est-ce qu'on vous a fait, & que dois-je

penfer ?

EUPHROSINE.

Il faudroit, que je crois; un peu me délacer.

J'étouffe.

DORIS..

Hé bien, venez : çà que je vous délace,

EUPHROSINE.

Arrête. Je fuis mieux; & voilà qui fe paffe.

DORIS.

Courage, efforcez-vous; reprenez vos efprits.

Qu'avez-vous ?

EUPHROSINE.

Ce que j'ai ? Je ne puis avoir pis.

DORIS.

Depuis fi peu de temps que je ne vous ai vue,
Vous eft-il arrivé quelque affaire imprévue ?
EUPHROSINE.

Juges-en par mon trouble & par mon défefpoir;
Ou préte-moi l'oreille, & tu vas tout fçavoir.
Apprens, Doris, apprens que le fourbe d'E-
fope....

DORIS.

Achevez; qu'a-t-il fait le malheureux Cyclope? EUPHROSINE,

Loin de tenir parole, & d'être mon appui Il n'a pas dit un mot qui n'ait été pour lui. Il m'époufe demain par l'ordre de mon Pere.

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