HORTENSE. Je me tiens dans ma chambre, où je me tran- quillife. J'aime mieux être feule, & dans l'inaction, Un difcours fans figure eft un mets que j'abhorre, J'y trouve une beauté prefque inimaginable. Voudriez-vous bien entendre une petite Fable, Madame ? HORTENSE. Volontiers. L'Apologue me plaît, Quand l'application en eft juste. ESOPE. Elle l'eft. LE ROSSIGNOL. U N Roffignol inquiet & volage, Dont le gazouillement étoit touchant & beau Voulut en apprendre un nouveau. Il avoit pour voifine une jeune Linote Qu'à fes vaftes clartés rien n'étoit difficile, Par fon imprudence extrême, Que dans fes plus beaux airs rien n'étant naturel, Pour peu qu'à cette Fable on ait d'attention, Pour me faire un devoir de n'en pas abufer, Je vous laiffe un champ libre à vous tranquillifer, En s'en allant. Chaque mot qu'elle dit m'étourdit & m3affomme. HORTENSE. Hé quoi, ce Mirmidon paffe pour un grand Homme ! Je ne puis revenir de ma perplexité : Je ne fçai quelle étoile à mon heure premiére Mais je vois peu d'Efprits, à les parcourir bien, Qui foient de l'étendue & de l'ordre du mien. Fin du premier Alte. ACTE II SCENE PREMIERE. EH DORIS. H, bons Dieux ! qu'avez-vous, qui vous rend éperdue? EUPHROSINE. Je n'en puis plus. DORIS. D'où vient...... EUPHROSINE. Doris, je fuis perdue. DORIS. Qu'est-ce qu'on vous a fait, & que dois-je penfer ? EUPHROSINE. Il faudroit, que je crois; un peu me délacer. J'étouffe. DORIS.. Hé bien, venez : çà que je vous délace, EUPHROSINE. Arrête. Je fuis mieux; & voilà qui fe paffe. DORIS. Courage, efforcez-vous; reprenez vos efprits. Qu'avez-vous ? EUPHROSINE. Ce que j'ai ? Je ne puis avoir pis. DORIS. Depuis fi peu de temps que je ne vous ai vue, Juges-en par mon trouble & par mon défefpoir; DORIS. Achevez; qu'a-t-il fait le malheureux Cyclope? EUPHROSINE, Loin de tenir parole, & d'être mon appui Il n'a pas dit un mot qui n'ait été pour lui. Il m'époufe demain par l'ordre de mon Pere. |