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vous, Comte, me dit-elle; je vous jure, par ma tendreffe & par la vôtre, de ne jamais être qu'à vous. Ma mere voudra en vain me contraindre ; je lui opposerai une ferme résistance: voilà l'inftant feul où ma foumiffion & mon respect oferont se révolter. Sur cette parole, foïez tranquile, & attendons du tems, ce que j'ofe en espérer. Après avoir emploïé trois heu res pour vaincre les fcrupules, la délicateffe, & la timidité de Mademoiselle de Rofoi, il me fallut la quitter avec moins d'efpérance que jamais; il ne me fut même plus poffible de la voir. Madame de Rofoi toujours inquiéte, malgré la confiance qu'elle avoit en Mademoiselle de Rocheville, redoubloit d'attention: il ne s'en fallut même que d'un inftant, qu'elle ne me furprît en fortant

de l'appartement de fa fille.

La veille de notre départ, mon pere me dit: Paffons chez Madame de Rofoi; je veux l'embarraffer; je veux, fi je le puis, confondre fon artifice : mais laiffez-moi parler. Contentez-vous de paroître froid & fombre : craignez de donner à fon cœur, des armes contre vous & contre Alix, en paroiffant trop paffionné. C'eft toujours fe montrer aimable à qui nous aime, que de paroître délicat & tendre: ainfi, mon fils, quoi qu'il arrive, confervez un air de tranquilité.

Madame de Rofoi, en nous voïant, prit le ton féducteur de l'amitié elle dit à mon pere, qu'il falloit pardonner fa complaifance pour fa fille, à la tendréffe extrême qu'elle avoit pour elle. Puis s'adreffant à moi, elle pourfuivit: Comte, vos interêts

ne peuvent être en de meilleures mains, je vais emploïer tour à tour, auprès de ma fille, & ma douceur & mon empire, pour la ramener à vous, & la déterminer enfin à consentir à votre bonheur. Croïez, ajouta-t'elle d'un air affectueux, que j'achetterois de mon fang, la douce fatisfa&tion de jouir du bonheur de pouvoir contribuer au vôtre. Que j'aurois de plaifir à vivre avec vous! A vous voir à tous... Mon pere l'interrompit pour lui demander fi elle vouloit nous laiffer partir, fans nous permettre de prendre congé de Mademoifelle de Rofoi : il ajouta qu'il auroit fujet de fe plaindre, fi le caprice de la fille & la condefcendance de la mere, nous privoient de cet honneur. Madame de Rofoi parut embarraffée à ce difcours; mais fe voïant preffée par

mon pere, elle dit à Mademoifelle de Rocheville: Allez, ma chere Rocheville, allez chercher ma fille; furtout infpirez - lui d'apporter ici les fentimens qui peuvent feuls me plaire : qu'elle fe fouvienne de fon devoir. Que je ferai contente, fi elle fi elle peut l'écouter! Mais que je crains Il ne s'en fallut de rien que mon pere, le plus prudent des hommes, ne s'échappât à ce difcours. Mademoiselle de Rofoi arriva : elle étoit fi tremblante, qu'à peine pouvoit-elle fe foutenir. Voilà, lui dit cette mere artificieuse, le Comte de Rethel & fon fils, qui veulent prendre congé de vous. Mon pere fut à elle: Oferois-je, Mademoiselle, lui dit-il, vous demander en quoi mon fils a pû vous déplaire; les raifons qui vous forcent à défobéir aux volontez d'un pere, en

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vous faifant exiger d'une mere, de manquer à des engagemens folemnels; pourquoi enfin vous Vous manquez à vous-même ? Ce n'eft point à moi à parler où ma mere eft préfente, repliqua Mlle de Rofoi d'une voix mal affurée c'eft à elle à répondre. Non, non, non, reprit mon pere; c'eft à vous, Mademoiselle, à qui je m'adreffe: c'eft à vous à me rendre la liberté de difpofer de mon fils prononcez feulement qu'il doit renoncer à vous pour jamais, & que vous y confentez. Il échap pa dans ce moment quelques pleurs à Alix, qui ne répondoit rien. Madame de Rofor lui dit alors: Hé bien ! ma fille, allezvous vous rendre? Vous laifferezvous attendrir? Parlez répondez au Comte de Rethel. Pardonnez à ma défobéïffance, répondit Mademoiselle de Rofoi

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